Au lendemain de ce “joli mois de mai” rempli de délicieux jours fériés pour bouquiner, je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau bilan du Club de Lecture, dont le thème était le suivant :
En mai… Fais preuve d’originalité et lis un bouquin de ton coin !
Une idée un peu retorse, je l’admets, qui a tout de même réuni 14 aventuriers pour autant de romans que je vous laisse découvrir et apprécier : Belle exploration et bonne lecture !

L’idée lecture de Geneviève : Madelaine avant l’aube – Sandrine Collette (JC Lattès)
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Quelle belle occasion nous offre le thème du Club de lecture du mois de rendre hommage à notre région de cœur (ma Saône-et-Loire natale), et faire d’une pierre deux coups en lisant ENFIN mon premier Sandrine Collette (qui vit dans ce beau département) et ainsi découvrir son univers !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Dès le prologue, l’autrice nous annonce une catastrophe que l’on devine sans savoir de quoi il s’agit.
Le récit se passe dans la France rurale d’une époque lointaine où les paysans étaient assujettis à un maître. Les Montées, petit hameau de trois maisons. Y vivent chichement, ou plutôt survivent, la vieille Rose, Eugène et Aelis, ainsi que Léon et Ambre. Aelis et Ambre sont des jumelles fusionnelles. Aelis et Eugène ont trois fils. Léon et Ambre, quant à eux, n’ont pas d’enfant.
Au fil des pages, l’autrice nous décrit la rudesse de la vie des personnages pour affronter les aléas de la nature, la misère et la famine, ainsi que leur lien avec le maître.
Madelaine viendra rejoindre ces protagonistes, et plus particulièrement le foyer de Léon et Ambre. Elle apportera son aide dans les travaux des champs avec les enfants d’Aelis, Germain, Artaud et Mayeul. On s’attache très vite à Madelaine malgré sa sauvagerie et sa volonté féroce de lutter contre l’injustice.
C’est un roman sombre au rythme lent, dans lequel l’ambiance est pesante. Bien qu’il ne corresponde pas tout à fait à mes lectures habituelles, j’ai tout de même assez aimé ce livre.
L’idée lecture de Camille : Daemonium Circus – Caroline Carton (Autoédition)
Il faut que je vous présente la troupe qui m’a accueilli en ce début des années 1900… Ne jugez pas trop vite ces artistes à leurs aspects : en ces temps, les cirques exposaient fièrement les gens particuliers.
C’était habituel à cette époque. Et cette communauté, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, aurait fait n’importe quoi pour survivre. N’importe quoi.
Vous aussi, non ?
On est tous un peu comme ça, finalement, vous ne trouvez pas ? Ils menaient une existence plutôt paisible sur les routes, et je suis arrivé. Voilà tout. Presque.
Gagnant du Prix Masterton 2025
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Le thème de ce mois-ci m’inspirait plutôt. Il se trouve qu’en lisant ce livre, non seulement je cochais la case pour ce club mais je cochais aussi la case d’un autre défi de lecture. Je faisais donc d’une pierre deux coups, et ça, c’est top. Ce mois-ci, nous avions pour ambition de parler de notre région. Je l’ai fait avec Caroline Carton qui n’habite pas très loin de chez moi.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Ce livre est « divisé » en deux parties et je dois avouer que j’ai été terriblement emballée par la première partie. Je me suis sentie totalement immergée dans l’atmosphère d’un freak show avec ses codes, ses us et coutumes. Avec juste ce qu’il faut de sensationnalisme, Caroline Carton nous emmène dans l’envers du décor, sans trop nous en dire. Ainsi le lecteur se fait sa propre idée de ce qu’il a envie de croire !
Quant à la seconde partie, j’ai été un peu déstabilisée et un peu plus nuancée. J’ai le sentiment qu’elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, ça a du mal à prendre puis à décoller. Le lecteur peut être en droit de se demander ce que l’avocat fait là, comme ça.
Il n’en reste pas moins que, pour une première lecture de l’auteure, cela reste réussi et donne envie de continuer à la découvrir.


L’idée lecture de Margaux : Fermer les yeux – Antoine Renand (Robert Laffont–La Bête Noire/Pocket)
Un enquêteur à la retraite, hanté par une erreur qu’il estime avoir commise quinze ans plus tôt. Un jeune auteur, considéré comme le plus grand spécialiste français des tueurs en série. Une brillante avocate, dévouée à la défense d’un homme victime, selon elle, d’une effroyable injustice. Ensemble, ils devront débusquer le plus insaisissable des prédateurs.
2005. Dans un village perché d’Ardèche, la petite Justine, sept ans, disparaît. Rapidement, les habitants s’organisent et lancent des battues dans la nature environnante. Les recherches se prolongent jusque tard dans la nuit mais ce n’est qu’au petit matin que le gendarme Tassi découvre quelque chose…
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Pour ce Bookclub, j’ai longuement cherché un auteur qui venait de ma région. J’avais forcément Antoine de Saint Exupéry en tête mais, bien qu’ayant un respect plus qu’immense pour cet auteur bien lyonnais, j’avais plutôt envie de parler de quelqu’un de plus contemporain. Je souhaitais également trouver un auteur qui écrivait des polars. Et c’est avec toutes ces conditions qu’un nom m’est naturellement venu en tête : Antoine Renand. Il ne s’agit pas d’un auteur lyonnais, mais ce dernier a grandi à quelques kilomètres de ma ville natale, dans l’Ain, et je n’ai pour l’instant jamais été déçue par un de ses romans.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Pour parler d’Antoine Renand, j’ai décidé de relire un roman en particulier : « Fermer les yeux ». Il s’agit du deuxième roman que j’ai découvert de l’auteur, et c’est à travers celui-ci que je me suis décidée à suivre de très près chacune de ses futures publications. « Fermer les yeux » parle d’une disparition d’enfant dans l’Ardèche (donc pas bien loin de là où je réside actuellement). J’ai adoré cette lecture, autant la première que la seconde. C’est un roman ultra bien rythmé, avec des images fortes et un retournement de situation à la fin logique mais que l’on ne voit pas venir. La recette d’un super polar donc !
L’idée lecture d’Ingrid : Les Bouchères – Sophie Demange (Iconoclaste)
À Rouen, dans ce quartier bourgeois, impossible de manquer la devanture rose des Bouchères. Depuis la rue, on peut entendre l’aiguisage des couteaux, les masses qui cognent la viande et les rires des trois femmes qui tiennent la boutique. Derrière le billot, elles arborent fièrement leurs ongles pailletés et leurs avant-bras musclés. Mais elles seules savent ce qui les lie : une enfance estropiée, une adolescence rageuse et un secret.
Lorsque plusieurs notables du quartier s’évaporent sans laisser de traces, les habitants s’affolent et la police enquête. En quelques semaines, les bouchères deviennent la cible des ragots et des menaces…
Un roman féministe explosif et jubilatoire où chaque page se dévore jusqu’au rebondissement final !
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Pour ce thème, à savoir lire un bouquin de mon coin – Etretat, en l’occurrence -, je ne voulais pas relire le classique Arsène Lupin. J’ai élargi mes recherches géographiques et je suis partie à Rouen, ville de ma jeunesse : on reste en Normandie avec le premier roman de cette autrice rouennaise.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Une nouvelle boucherie atypique, à la devanture rose et tenue par un trio de jeunes femmes, ouvre dans un quartier bourgeois de Rouen. Les morceaux de viande sont préparés comme des œuvres d’art et présentés de façon « girly ».
Des hommes disparaissent et les rumeurs commencent… Que se passe-t-il vraiment derrière le billot ?
Les chapitres alternent entre les trois histoires de ces femmes aux forts caractères, et y sont dénoncées les violences qu’elles ont subies. C’est un roman noir, engagé et qui marque les esprits.


L’idée lecture de Nathalie : Emprises – Salvatore Minni (Presses de la Cité)
Après seulement quelques semaines de relation, Catherine épouse Frédéric malgré les réserves de son entourage. Mais très vite, l’idylle tourne au vinaigre et une facette beaucoup plus sombre émerge derrière le sourire séducteur et les belles paroles. De tortures morales en maltraitances physiques, Frédéric n’a de cesse d’isoler et de détruire à petit feu celle qu’il dit aimer par-dessus tout.
Une fois le confinement déclaré, Catherine, piégée, n’a d’autre choix que de se libérer de ses propres démons pour échapper aux griffes de cet homme.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? « En mai… Fais preuve d’originalité et lis un bouquin de ton coin ! », voilà bien un thème taillé pour me plaire ! Vu la taille de la Belgique, on peut sans problème dire que tous les auteurs belges sont à peu de choses près de mon coin ! 😉 Salvatore Minni étant de Bruxelles (20 minutes à vol d’oiseau de ma petite campagne), nul doute que le thème est respecté avec mon choix de lire « Emprises », le nouveau-né de mon souriant compatriote.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Avec la force qu’on lui connaît pour pénétrer dans les profondeurs de la psyché humaine, Salvatore Minni nous ouvre les portes du foyer de Catherine et Frédéric, un couple qui, d’idyllique, est rapidement passé à toxique. L’auteur nous parle d’emprise de différentes manières, car il étend son exploration psychologique aux liens familiaux, à l’amitié. Il parle de mensonges : les petits, par honte ; les gros, par peur ; les énormes, par besoin de sauver sa peau. Et il rappelle à tout un chacun qu’être « un gentil » ne suffit pas à vous préserver du dérapage, et qu’être une victime ne vous définit pas. Personne n’est à l’abri. Surtout pas le lecteur qui, tout du long, devra faire face à ses interrogations et à ses absolues certitudes morales qui, bien qu’elles soient en béton, ne seront jamais épargnées par cette petite voix qui murmure insidieusement à leur conscience : « en es-tu vraiment sûr ? ». Pour le coup, et en toute amitié, bien sûr, j’userais bien de toute la manipulation mentale dont je suis capable pour vous convaincre qu’il FAUT lire « Emprises » !
L’idée lecture de Callie : Mensonges sur Lascaux – Philippe Hasard (Athépaj)
Montpellier, 1983. Camille, étudiante en psychologie, rencontre un vieil artiste lors d’un stage en clinique psychiatrique. Une forte relation se noue entre eux.
Hippolyte a vécu la découverte des grottes préhistoriques de Dordogne, l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier, le Paris des années 1920 avec les artistes de Montparnasse. Sa vie bascule à la suite d’un trafic d’œuvres d’art.
Jour après jour, Hippolyte raconte son histoire, une histoire de faussaire. Mais comment démêler le vrai du faux, passer de l’ombre de la lumière ?
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Dans la famille Occitanie, je demande l’Hérault… Bonne pioche : Carte Montpellier avec « Mensonges sur Lascaux » de Philippe Hasard. Avec, en prime, un petit bout de Dordogne.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? J’ai choisi de présenter ce roman car c’est une belle histoire mettant à l’honneur l’art, le souvenir, le voyage et les relations intergénérationnelles. Les protagonistes sont attachants et leurs fêlures laissent passer la lumière de leur humanité. Présent et passé s’entremêlent pour livrer les secrets d’un vieil homme qui pourraient faire trembler l’Histoire avec un grand H. Déconnexion assurée avec un récit au cœur des années 1980. Du musée Fabre au cœur de Montpellier aux célèbres grottes de Montignac (Dordogne) en passant par Paris, l’Afrique et la Grèce, ce roman fera fondre votre cœur de lecteur.rice.


L’idée lecture de Mathilde : Marilyne de Boulogne – Michel Vigneron (Ravet Anceau)
Marilyne Beauvois traîne une réputation sulfureuse sur Boulogne sur Mer. Fichée des services de Police pour exhibitionnisme, ivresse sur la voie publique et ses disparitions fréquentes que vient déclarer sa mère à chaque nouvelle escapade de sa fille pourtant majeure. Mais aujourd’hui, son instinct de mère lui dit que c’est différent. Sa fille Marilyne est réellement en danger. Son appel au secours trouve écho auprès de Sylvie Havrin. Ce lieutenant de police célibataire, à bout de nerfs, élève seule sa fille handicapée et trouve refuge dans l’alcool. Elle va alors se jeter dans cette enquête de disparition que personne ne croit et ne prend au sérieux, jusqu’à s’y brûler corps et âme.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? J’ai choisi ce livre parce qu’il rentre parfaitement dans le thème de ce mois-ci. C’est un livre de la collection « Polar en nord », dont l’action se déroule dans le boulonnais, et bingo : c’est pile ma région d’origine.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Lecture sympathique, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire mais l’écriture est agréable et on se laisse prendre par l’intrigue. J’ai aimé reconnaître les lieux décrits et pouvoir clairement visualiser les scènes un peu comme dans un film.
J’ai été totalement surprise par l’épilogue, le livre commence par la scène finale et on remonte ensuite au début de l’affaire. Je me suis fait cueillir comme une débutante en polar et c’est ce que je trouve génial avec les livres, il y a toujours des surprises !
L’idée lecture de Maud : Le Temps des Murmures – Augustine Vivant (Hurlevent)
1950, Saint-Claude. Reine mène une vie paisible dans la campagne jurassienne aux côtés d’Achille et d’Émile, ses meilleurs amis d’enfance, quand la guerre vient bouleverser la sérénité de leur existence. 2024, Dijon. Marguerite, étudiante en Histoire, prépare son doctorat sur la vie des soldats français durant la guerre d’Indochine. Ses recherches la plongent au cœur de son histoire familiale. Pour obtenir des réponses, elle se tourne vers la seule personne qui peut l’aider : sa grand-mère. Entre passé et présent, histoires d’amour et blessures anciennes, Marguerite part à la découverte des secrets de sa famille, tandis que Reine affronte les défis de son époque.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Je ne savais pas quel livre présenter et lire ce mois-ci. Mais j’ai eu la chance de me rendre à un tea time organisé par une librairie près de chez moi afin de rencontrer et d’échanger avec Augustine Vivant sur ce roman. Dès qu’elle a évoqué le fait que ça se passe dans le Jura, dans ma région donc, j’ai tout de suite pensé à notre Club de lecture. Le choix était évident. Et comme elle nous l’a présenté avec beaucoup de passion, le soir même je l’ouvrais et le dévorais.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Il y a des romans qu’on referme à regret, avec ce petit pincement au cœur de quitter des personnages devenus presque famille. « Le Temps des murmures » fait partie de ceux-là.
Dans ce récit à double temporalité – une construction que j’affectionne tout particulièrement – nous suivons Marguerite en 2024, qui cherche à retrouver une trace du passage de son grand-père en Indochine pendant la guerre. En parallèle, on découvre l’histoire de sa grand-mère Reine dans les années 1950, alors que son mari est parti au service militaire. Elle n’est pas seule, mais tisse des liens puissants avec les femmes autour d’elle. Des relations de sororité, de soutien, de solidarité féminine qui marquent profondément.
Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est la richesse de ce roman. Il y a tout un monde de petites quêtes annexes, de trajectoires croisées, d’événements qui gravitent autour des personnages. On ne s’ennuie jamais, il se passe toujours quelque chose. Cela donne au récit une belle densité, sans jamais l’alourdir.
Peu à peu, les deux récits se répondent, les pièces du puzzle s’assemblent, et le tableau familial s’éclaire avec émotion et finesse. J’ai été profondément touchée par la relation entre Marguerite et sa grand-mère.
La plume d’Augustine Vivant est d’une justesse remarquable : elle insuffle à chaque page une chaleur humaine et un attachement fort à ses personnages.
Et que dire du travail éditorial ? Encore une fois, les Éditions Hurlevent nous offrent un très bel objet-livre, avec un jaspage magnifique et des illustrations en début de chapitre qui ajoutent à la poésie du récit.


L’idée lecture de Béatrice : Vous parler de mon fils – Philippe Besson (Julliard)
« Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu’un instant. Votre enfant vient vous raconter l’humiliation, la persécution, le bannissement. C’est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C’est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C’est l’être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n’est que le début. Que les toutes premières minutes. »
Pourquoi avoir choisi ce titre ? J’ai choisi ce livre, non pas parce qu’il se déroule dans « mon coin », mais parce que Philippe besson était l’un des invités d’un petit salon du livre qui s’est déroulé dans mon village d’enfance, dans le courant du mois d’avril.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Le narrateur est un père de famille. Une épouse, deux enfants. Une famille sans histoire, unie. Heureuse en somme. Sauf que… Sauf que le fils ainé est harcelé au collège. Oh, juste quelques bousculements et remarques au début. Au début seulement…
Cette histoire est celle, malheureusement bien trop fréquente, du harcèlement qui commence à l’école et qui se poursuit sur les réseaux sociaux. C’est l’histoire d’un engrenage, de ses conséquences, sur la victime d’abord et sur son entourage, impuissant et rageant d’être impuissant. C’est l’histoire d’un silence, compréhensible de la part de la victime, inadmissible de la part de l’Institution.
Ce livre, court, comme sait les écrire Philippe Besson, pourrait se lire d’une traite. Mais il m’a fallu faire une pause. Pour essayer d’encaisser la douleur, la rage, la tristesse des personnages. Chaque mot est juste, à sa place. Pas un seul ne manque. Pas un seul n’est superflu. Pas de pathos, jamais. Juste le récit – glaçant – d’une histoire sordide.
L’idée lecture de Lucile : Sangs croisés – Wilfrid Grossot (Autoédition)
Dans la froidure de l’hiver 1291, à la veille de la Noël, Enguerran s’avance vers Beauvais et sa jeune cathédrale. Le jeune musicien est à cent lieues d’imaginer ce que le destin des jours prochains lui réserve.
Une plongée enivrante dans les eaux troubles du treizième siècle où, tour à tour, l’auteur nous dépeint le portrait d’un trouvère, d’un moine copiste, d’un buffetier et d’un Maître-orfèvre, qu’une intrigue autour d’un médaillon retrouvé va bientôt réunir.
Une aventure médiévale à travers laquelle on perçoit, en filigrane, la trame historique d’une époque où la France est toujours orpheline de Saint-Louis, mort vingt et un an plus tôt, aux abords de Tunis, théâtre de la toute dernière croisade de notre royaume.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Même si je ne suis pas née à Beauvais, j’y vis depuis cinq ans et je m’y épanouis, alors je me sens un peu beauvaisienne. Et pour une fois, je ne vais pas m’étendre sur mon Nord-Pas-de-Calais. Ce livre a été réédité pour les 800 ans de la Cathédrale de Beauvais, mais c’est surtout le côté historique, le Moyen-Âge qui m’a attirée, puisque j’en suis une aficionado.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? J’ai beaucoup aimé. L’auteur a vraiment cherché à nous emporter dans cette époque avec force détails et expressions du langage, qui ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres évidemment. L’histoire est courte mais bien amenée et on n’arrive à deviner la fin que dans les dernières pages du roman. Le style est fluide et l’on est vraiment happé par cette région qui a somme toute beaucoup plus de choses à montrer – encore aujourd’hui – qu’on ne pense.


L’idée lecture de Sarah : Oskal – Guillaume Coquery (M+ éditions)
Été 2010, dans un bois proche de Besançon, une joggeuse disparaît. Elle ne sera jamais retrouvée et, étrangement, l’affaire sera vite classée.
2018, à proximité de Toulouse, une danseuse de cirque est découverte morte.
Pour le jeune capitaine Damien Sergent et ses coéquipiers, cette affaire a toutes les apparences d’un suicide… jusqu’à ce que certains éléments les conduisent à Besançon.
Sur place, certaines personnes ont tout intérêt à ce que le passé ne soit pas déterré…
Entre manipulation, influence et souvenirs douloureux, l’équipe de Damien Sergent évolue désormais en terrain hostile.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? En rapport avec le thème de ce mois-ci, qui nous incitait à lire un roman ayant une proximité géographique, mon choix s’est porté sur « Oskal ». Ce roman se passe pile dans ma région professionnelle actuelle, le Comminges, et j’avais pu rencontrer l’auteur, fort sympathique au demeurant, qui m’avait très bien vendu son ouvrage, au départ lancé pour un défi entre copains et qui est devenu au final le premier tome d’une trilogie.
Qu’as-tu pensé de ta lecture ? J’ai aimé ce livre pour plusieurs raisons. Outre qu’il est toujours plaisant de retrouver des lieux que l’on connait bien – même si c’est pour y ramasser des cadavres – c’est également une histoire qui nous fait voyager à travers le temps et l’espace, de mon sud-ouest natal au nord-est de notre pays, avec même quelques détours hors de nos frontières. L’enquêteur, Damien Sergent, et son équipe sont aussi fins qu’attachants et la plume de l’auteur est suffisamment déliée pour nous embarquer dans ce récit qui va faire ressurgir quelques vieilles histoires pas très reluisantes qui ne manquent pas de taquiner la curiosité du lecteur. Sans grande surprise, le second volet de la trilogie, « Vakarm », est venu rejoindre ma PAL et le dernier, « Putain de Karma », est d’ores et déjà en commande !
L’idée lecture d’Aurélie : A retardement – Franck Thilliez (Fleuve Noir)
Quand on bascule dans la folie, il est souvent trop tard !
Unité pour malades difficiles de Chambly. Un nouveau patient est accueilli. Délirant, sans papiers, inapte à la garde à vue, celui-ci a poussé sans raison un passager sur les rails et prétend « fuir des vers ».
Seine-Saint-Denis, à cinquante kilomètres de là. Sharko et son équipe découvrent le corps d’un quinquagénaire sauvagement assassiné près de son lit. Chez lui, aucune empreinte digitale ni trace d’ADN, pas même les siennes.
Qui sont ces deux hommes ? Quelles sont leurs histoires ?
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Parce que le hasard fait bien les choses ! Je m’explique : Paru le 02 mai dernier, j’ai découvert au fil de ma lecture – et à l’occasion de la soirée de lancement organisée conjointement par les éditions Fleuve Noir et Pocket – que Franck Thilliez avait installé « son » UMD (Unité pour Malades Difficiles) à Chambly. Dans l’Oise. Chez moi, donc… Aussi, vous en conviendrez : Le hasard fait bien les choses !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Fidèle à lui-même, Franck Thilliez reprend les mêmes ingrédients… Et nous surprend encore ! Fort d’un indéniable et remarquable travail de recherche et de documentation, mené au sein même d’une unité pour malades difficiles, l’auteur nous offre une intrigue incroyablement dense et captivante, redoutablement crédible et maîtrisée, dangereusement machiavélique et poignante comme jamais.
Car il est sans aucun doute là, le secret de Franck Thilliez : Dans le respect et la sensibilité. Parce qu’il nous propose des personnages profondément humains, avec leurs failles, leurs angoisses, leurs secrets. On pense évidemment à Franck Sharko (dont l’histoire fait d’ailleurs écho à son propre passé) et Lucie Hennebelle, mais c’est plutôt Nicolas Bellanger qui tient cette fois-ci (et à l’instar de « La Faille ») le devant de la scène… Mais si Franck Thilliez soigne et fait évoluer ses personnages récurrents avec cohérence et subtilité, il n’en oublie pas pour autant les petits nouveaux, et c’est sans délai qu’on se prend d’intérêt comme d’affection pour la psychiatre Eléonore Hourdel.
Dès lors, Franck Thilliez nous entraîne dans une intrigue complexe, riche en émotions et pleine de rebondissements, qui nous prend aux tripes et nous retourne le cerveau, à travers laquelle il est question de maladie mentale – et plus particulièrement de schizophrénie – délicat sujet qu’il aborde en profondeur, avec justesse et clairvoyance, sans voyeurisme ni bienveillance, pour mieux nous ôter nos œillères et nous confronter à la triste réalité.
Rythmée par des chapitres courts et nerveux, portée par une plume toujours aussi vive et percutante, soutenue par un style dynamique et efficace, l’histoire (dans laquelle l’art tient également une place importante) se révèle bien vite impossible à lâcher : On se laisse empoisonner par l’angoisse et le doute, emporter par une ambiance oppressante et malsaine, happer par une tension qui ne cesse de grimper, manipuler par un auteur retors jusqu’à un final qui ne manquera pas de nous faire frissonner !


L’idée lecture de Roseline : Terre Ceinte – Mohamed Mbougar Sarr (Présence Africaine)
À Kalep, ville du Sumal désormais contrôlée par le pouvoir brutal des islamistes, deux jeunes sont exécutés pour avoir entretenu une relation amoureuse. Des résistants tentent de s’opposer à ce nouvel ordre du monde en publiant un journal clandestin. Défi lancé au chef de la police islamique dans un climat de tension insoutenable qui met en évidence des contradictions et brouille tous les repères sociaux. Mais la vie, à sa façon mystérieuse, reprend toujours ses droits.
Terre ceinte met en scène des personnages enfermés dans un climat de violence. L’écrivain sénégalais en profite pour interroger les notions de courage et de lâcheté, d’héroïsme et de peur, de responsabilité et de vérité. À travers des dialogues étonnamment vibrants, des temps narratifs puissants, la correspondance échangée par les mères des deux victimes, s’élabore une réflexion contemporaine sur une situation de terreur.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? J’ai fait ce choix, tout d’abord parce que l’auteur, bien que d’origine africaine, est Isarien. Autrement il habite dans l’Oise, mon département. Mais aussi et surtout parce qu’à travers ce roman, on voit l’originalité de son auteur qui est vrai, posé, mesuré, réaliste, il ne fait pas dans l’excès. C’est pour cela qu’il est unique, exactement comme ses romans. Lui et eux ne font qu’un. Un coup de maître pour ce jeune auteur que j’ai relu avec plaisir à l’occasion de ce Club de lecture.
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? « Terre Ceinte » est un roman qui, après lecture, ne laisse pas indemne. L’atmosphère est lourde et tragique. Les personnages sont forts et attachants. L’histoire de l’enfant qui glisse vers l’extrémisme, l’impuissance des parents. Dans son roman, tous les ingrédients sont réunis et Mohamed Mbougar Sarr sait nous sensibiliser sur l’impact de la communication, et il sait nous responsabiliser sur la réalité.
L’idée lecture de Hamida : Le Passeur – Franck Mancuso (Récamier Noir)
L’homme avait collé le canon de l’arme contre sa tempe. La déflagration se confondit avec le grondement du tonnerre et le croassement rauque de l’oiseau noir. Le corps s’affaissa sur la chaussée. Soudain, deux halos jaunes éclairèrent la scène. Une silhouette grossit dans ses pupilles dilatées.
Gabriel Spaak, commandant à la brigade criminelle, avait tout programmé. Inconsolable depuis la mort tragique de sa femme et de son fils, il s’était isolé au milieu de la nuit pour en fi nir. Jusqu’à ce que ce chauffeur de taxi, surgi de nulle part, ne chamboule ses plans.
Moralité, au lieu de se la couler douce en enfer, il se retrouve à enquêter sur deux morts suspectes. Deux morts que la médecine légale ne parvient pas à expliquer. Deux morts que rien ne relie et sur lesquelles les policiers du 36 se cassent les dents.
Tandis que les éléments troublants s’accumulent et que les personnages étranges se succèdent, le mystérieux chauffeur de taxi se manifeste à nouveau et propose son aide à Gabriel. Mais en l’acceptant, le fl ic de la Crim’ était loin d’imaginer à quel type d’individu il allait être confronté.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? Etant née, ayant toujours vécu et grandi à Paris, l’évidence voulait que je choisisse un bouquin dont l’intrigue se déroule dans notre Capitale. Ou bien un roman écrit par un auteur parisien… Bref, j’avais l’embarras du choix ! Et c’est là que ça se complique… C’est justement parce que j’avais trop de choix que je n’ai pas réussi à choisir ! Déboussolée par cette absurdité, j’ai demandé conseil à notre blogueuse préférée, qui était plongée dans cette lecture et m’a écrit, je cite « Si tu veux sortir des sentiers battus et si tu n’as rien contre un peu de fantastique, je te conseille vivement « Le Passeur ». Alors banco !
Qu’as-tu pensé de cette lecture ? Pour sûr, ça m’a changé de mes lectures habituelles ! Aurélie m’avait prévenue, il faut être ouvert d’esprit et apprécier autant le thriller que la littérature fantastique, puisqu’il s’agit d’un pur thriller fantastique. Parfaitement réussi. Moi qui adore la mythologie grecque, j’ai été servie ! J’ai adoré cette lecture, son intrigue pleine de suspense et de mystère, ses personnages auxquels on s’attache et dont on ne parvient pas à deviner l’objectif avant la fin. Et ce Paris apocalyptique, pris sous un déluge de fin du monde… Non, vraiment, j’ai adoré et je remercie Aurélie pour cette étonnante découverte que j’ai lue in extremis !

Un immense merci à mes 14 lecteurs pour leurs belles idées livresques ! Que diriez-vous d’un nouveau Club avant l’été ? Si vous souhaitez participer, c’est le moment ou jamais, puisque ce sera le dernier… Dont je vous révèle le thème sans plus tarder :
Une dernière histoire avant de nous dire au revoir…
On ne va plus changer les modalités de participation désormais, qui sont les suivantes :
– On s’inscrit par mail à l’adresse suivante : aurelie.deslivresetmoi7@gmail.com
– On bouquine
– On répond aux deux petites questions…
* Pourquoi avoir choisi ce livre ?
* Qu’as-tu pensé de cette lecture ?
Le tout en un maximum de dix lignes, transmises par mail à la même adresse au plus tard le 25 juin 2025 !
Il me tarde de découvrir les titres que cet ultime sujet vous aura inspirés… Mais je ne doute pas que ce bilan sera encore de toute beauté ! Rendez-vous directement sur mon blog le 30 juin pour en savoir plus : En attendant, je vous souhaite d’excellentes lectures !