
Attention, chasse en cours : “La proie et la meute” de Simon François, paru le 04 septembre 2024 aux éditions du Masque.
Le pitch : Un petit village du centre de la France, cerné de champs, barricadé par des murs de forêts et quelques fermes isolées, qui abrite une usine : un abattoir de poulets où travaille la quasi-totalité des habitants.
Presque tous, sauf Romain, le marginal, l’homme à tout faire, affligé d’un bec de lièvre qui lui vaut le surnom « Lapin ». Romain, aussi habile dans les arbres où il aime bâtir des cabanes que les pieds dans la rivière où il pêche, loin du monde, loin du village qui l’a toujours tenu à l’écart et exerce contre lui une sourde violence.
Depuis sa plus tendre enfance, le géant blond, est épris de Solène, l’actuelle maire de la bourgade. Alors quand cette dernière disparaît, mêlée malgré elle à une sombre histoire d’enfouissement illégal de déchets, c’est le soleil de Romain qui s’éteint brutalement.
Reste la vengeance…
Honte à moi qui traîne ce bouquin dans ma PAL depuis novembre dernier. Je l’avais pourtant repéré dès sa sortie, à la rentrée… Seulement je n’ai retrouvé son auteur qu’au salon “Noir sur Ormesson“, en fin d’année. Et puis les mois comme les soucis se sont enchaînés, j’ai cligné des yeux et l’été est arrivé… Qu’à cela ne tienne, un livre ne connaît aucune date limite de consommation… Alors parlons passion sans plus tarder !
A travers ces pages, Simon François se renouvelle avec audace et nous offre un ouvrage très différent de son précédent mais tout aussi prenant et captivant. En effet, l’auteur nous entraîne dans un petit village du Centre de la France afin d’y dérouler un saisissant roman noir, à la dimension sociale aussi redoutable qu’indéniable.
Loin d’être bucolique, la campagne se fait ici sinistre, la terre se veut fertile pour y cultiver la bêtise humaine comme la violence. Une violence certainement plus sourde et insidieuse qu’à la ville, mais tout aussi terrible et navrante.
L’intrigue est finement construite, aborde différents thèmes dont certains savent faire écho à l’actualité, et ce au cœur d’une nature qui se veut personnage à part entière par sa présence et sa beauté, devenant même un véritable refuge pour Romain, sans aucun doute le protagoniste le plus marquant de ce récit. Un être aussi fort qu’abîmé, anti-héros solitaire, devenu marginal en réaction au traitement que lui infligent les habitants pour le bec de lièvre qui l’afflige.
Outre les personnages finement esquissés, au delà du décor remarquablement retranscrit (probablement restitué depuis les souvenirs d’enfance de l’auteur) et en sus de l’atmosphère qu’il rend oppressante à souhait, l’auteur maîtrise habilement son histoire au gré d’une plume fluide, efficace mais aussi et surtout pleine d’humanité, un style tout à la fois vif et sensible pour une lecture qui touche et convainc, à n’en point douter.
En bref, à travers ce roman, Simon François nous propose une fresque sociale et rurale profondément humaine, particulièrement sombre sans être dénuée de lumière, tout à fait réussie.