
Un remarquable polar historique, inspiré de faits réels : “La Disparue du boulevard Voltaire” de Pierre-Etienne Musson, paru ce 27 août aux éditions BlackLab.
Le pitch : Paris, 1907. Albert arpente les rues du XIème arrondissement dans un état de panique absolue. Marthe, la fillette de 12 ans qu’il accompagnait à un spectacle de music-hall à Ba-Ta-Clan s’est évaporée. Albert et Marissi, la mère de la petite, se rendent au commissariat pour signaler la disparition. Fugue, rapt, mauvaise rencontre, accident… le mystère est total pour le scrupuleux commissaire Georges Hacquart et les limiers de la Sûreté chargés de l’affaire.
Alors qu’une réforme judiciaire prévoyant l’abolition de la peine de mort est en cours, l’enquête piétine et l’opinion publique gronde. Alimenté par les révélations de journalistes peu scrupuleux, le feuilleton de cette disparition va tenir la France en haleine pendant plusieurs semaines… jusqu’à son dénouement final.
Si la rentrée littéraire n’est pas réputée pour faire la part belle au polar, il en est tout de même quelques-uns qui paraissent à cette période de l’année, pour mon plus grand plaisir de lectrice passionnée. C’est donc en me penchant sur les très nombreuses sorties à venir que j’ai repéré cet ouvrage, dont le titre comme la couverture m’ont immédiatement interpellée. Aussi ai-je sollicité la maison d’édition qui me l’a très gentiment transmis via NetGalley, ce dont je leur suis très reconnaissante !
Se fondant sur un sinistre fait divers tout à fait avéré, l’auteur nous offre bien plus qu’un simple polar en nous plongeant dans un Paris de la Belle Epoque plus vrai que nature. En effet, l’auteur s’est remarquablement documenté, aussi nous entraîne-t-il au cœur d’un décor bigrement réaliste, dans un contexte politique, économique et social minutieusement retranscrit, tant et si bien qu’on s’y croirait, rendant cette lecture immédiatement immersive et captivante à souhait.
Dans une Capitale en passe d’entrer dans la modernité, ballottée entre progrès et dangers, une enfant a disparu, échappant à la vigilance de l’adulte qui en avait la garde. Le Commissaire Georges Hacquart prend immédiatement l’affaire au sérieux mais la presse s’empare également de l’affaire et met à mal les investigations en dévoilant des éléments cruciaux du dossier, enflammant l’opinion publique tandis que l’enquête piétine. Parmi tous ces protagonistes qui ont chacun leur rôle à jouer et moult émotions à susciter, on retiendra surtout Marissi, la mère de l’enfant, absolument bouleversante.
Si l’intrigue peut paraître classique, c’est véritablement passionnant parce que c’est vrai, certes romancé mais tout à fait vrai. Dès lors l’auteur nous tient en haleine à l’instar de la France entière à l’époque des faits jusqu’à un dénouement aussi consternant que sidérant, démontrant déjà le pouvoir des journaux et remettant par ailleurs en cause les velléités abolitionnistes du Président Fallières s’agissant de la peine de mort. C’est tout à fait juste, révélateur et instructif, porté par une plume fluide, efficace et haletante, soutenu par un style élégant et fort attrayant, qui fait de son lecteur une partie prenante à ce récit envoûtant.
En bref, je suis ravie d’avoir découvert ce livre, entre roman noir et polar historique, véritable instantané de la France du début du XXème siècle !