Chroniques 2025 \ La Lionne du barreau de Clarisse Serre

“De la robe noire au sang des dossiers” : “La Lionne du barreau” de Clarisse Serre, initialement paru aux éditions Sonatine le 15 septembre 2022 et désormais disponible en version poche chez le même éditeur.

Le pitch : “Je suis une femme, je fais du pénal, j’exerce dans le 9-3, et alors ?”
Dans les couloirs des tribunaux, on la surnomme “la lionne”. Clarisse Serre détonne à tous les niveaux parmi les avocats pénalistes. Quand ses confrères ont adopté le confort d’un cabinet parisien, elle préfère s’installer à Bobigny. Quand elle embrasse sa carrière dans le pénal, c’est pour défendre des délinquants violents ou des figures du grand banditisme. Comment une femme peut-elle trouver sa place dans cet univers brutal ? À force de ténacité, répond l’intéressée. Qu’elle évoque les affaires qu’elle a plaidées, sa vision du système judiciaire, ses doutes, ses combats, ou encore le féminisme, Clarisse Serre bouscule par son goût de la controverse et son franc-parler. Frondeuse, intrépide et incisive… Il existait des ténors du barreau – une diva est née !

Bien qu’ayant repéré ce petit essai dès sa sortie, j’avais finalement renoncé à m’y plonger, craignant de me sentir trop “impliquée”, de par mon propre métier et côtoyant Maître Serre dans ce cadre. J’ai pourtant réussi à franchir ces réticences cette année en bouquinant son second ouvrage, intitulé “L’avocate et le repenti“, à l’occasion du Polartifice, petit salon du livre organisé au Touquet en juillet dernier. Je découvrais alors une authentique passionnée, l’avocature chevillée au corps, entièrement dévouée à son travail, parfois même au détriment de sa vie personnelle. Et c’est encore plus éloquent – pour une avocate, cela va sans dire ^^ – dans ce premier titre, que je me suis donc procurée, griffé d’une charmante dédicace, suite à nos chaleureux échanges durant ce bel évènement littéraire qui s’est déroulé sous le soleil et les pieds dans le sable.

Au fil des pages, Clarisse Serre retrace ses trente années de barreau, partageant son expérience en même temps qu’elle expose sa vision du système judiciaire et de son évolution, ceci avec une sincérité désarmante, une pédagogie enrichissante, et plus encore avec un profond respect de l’institution. Véritable routarde de la France judiciaire pour vadrouiller sans cesse d’une juridiction à l’autre à travers tout l’Hexagone, Clarisse Serre s’avère une grande habituée des prétoires mais n’en oublie pas pour autant ses principes – personnels, professionnels et pénaux – avec lesquels elle ne transige jamais, célébrant ses victoires et assumant ses défaites, se remettant toujours en doute pour mieux questionner le droit, ce qui lui vaut sa brillante réputation, tant auprès de ses pairs que des justiciables, quels qu’ils soient. Parce qu’elle ne voit pas le métier d’avocat comme un simple boulot mais comme une véritable vocation, elle évoque son parcours avec humanité et conviction, s’investit dans chaque dossier avec la même détermination et rappelle l’essence même de la profession : Tout le monde a le droit d’être défendu, c’est une noble cause.
Si je ne partage pas l’ensemble de ses considérations, je m’y reconnais tout de même beaucoup, évidemment dans celles qui ont trait à la justice pénale mais pas seulement… Je vais vous citer un extrait, vous allez comprendre :
“Je suis de nature impatiente, je n’aime pas perdre mon temps, j’ai en effet toujours besoin qu’il se passe quelque chose. je peux faire cinq tâches à la fois, à tel point que cela rend fous mes collaborateurs, à qui il m’arrive d’envoyer des mails au milieu de la nuit. Je suis fréquemment en surchauffe, la machine ne s’arrête jamais. Quand j’ai des idées, il faut que ça sorte. On me demande souvent : “Mais vous dormez quand ?” Je dors, pourtant, mais il faut que je remplisse chaque minute, sinon j’ai l’impression de gâcher mon temps.” Voyez comme on se ressemble…

En bref, c’est un beau texte que Clarisse Serre nous offre là, tout à la fois immersif et inspirant, démontrant que la justice s’avère une machine complexe à faire fonctionner, raison pour laquelle tous ses rouages sont nécessaires… Et la femme de l’ombre remercie la diva !

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