Chroniques 2025 \ L’homme sous l’orage de Gaëlle Nohant

Un roman fiévreux en quête d’affranchissement : “L’homme sous l’orage” de Gaëlle Nohant, paru le 21 août 2025 aux éditions de L’Iconoclaste.

Le pitch : Hiver 1917. Le front s’enlise, l’arrière s’épuise. Une nuit d’orage, un visiteur demande asile à Isaure, la propriétaire d’un domaine viticole. Avant le conflit, c’était un peintre talentueux reçu au château, désormais c’est un déserteur que la maîtresse de maison renvoie sèchement. Saisie de compassion, Rosalie, la fille d’Isaure, le cache au grenier. Mais avec lui, les périls s’invitent au cœur de la demeure.
Peut-on agir sur le destin? Le fugitif, la jeune fille et la mère refusent la place qui leur a été assignée. Ils s’émancipent et se confrontent, tissant un fascinant roman de guerre, d’amour et de liberté. Pour eux comme pour nous, l’orage se lève, il faut tenter de vivre.

Si je ne suis pas à jour de la bibliographie de Gaëlle Nohant, c’est une autrice dont je suis les parutions avec beaucoup d’intérêt depuis que je me suis plongée dans “La Part des Flammes“, il y a presque une décennie désormais. Avec son intrigant titre et sa couverture fascinante, il me tenait à cœur de rencontrer “L’homme sous l’orage” dans les temps, et l’envoûtement ne s’est pas fait attendre…

Conjuguant habilement réalité historique et fiction romanesque, Gaëlle Nohant nous ramène dans les affres de la Première Guerre Mondiale. Tandis qu’au front, les soldats se battent avec l’énergie du désespoir, nous assistons à des combats plus intérieurs à l’arrière, à travers trois âmes qui tentent de faire tourner le monde. Peintre de talent ayant appris son art auprès d’allemands qui étaient ses amis avant que le conflit n’en décide autrement, Théodore cherche refuge auprès d’Isaure, gérante d’un viticole en l’absence de son mari, qui le chasse sans ménagement… Avant que Rosalie, la fille du château, ne le prenne en pitié et lui offre l’asile dans le grenier familial.
Au-delà d’une intrigue, certes classique mais remarquablement construite et admirablement menée, Gaëlle Nohant nous confie un roman sur la liberté. Liberté de combattre, liberté d’aimer, liberté d’exercer… Liberté d’exister. Un besoin viscéral de s’émanciper de ce que les autres, la société, le monde entier attend de soi sans tenir compte de ses sentiments, de ses ressentis. C’est un roman qui évoque les dilemmes, tant sociaux que moraux, auxquels chacun peut être confronté quand l’Histoire se met en marche et chamboule les êtres comme le quotidien. Parce qu’on n’a pas besoin d’être au cœur de la bataille pour se heurter aux horreurs de la guerre.
Si je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, il est en un, peut-être plus discret, qui m’a sans doute davantage interpellé dans l’ombre des trois autres : Marthe… Que je vous laisse rencontrer, et qui m’a particulièrement touchée à travers ses introspections durant ses poses (je n’ai pas fait de faute). Et plus encore, c’est la plume de l’autrice, sensible et immersive, son style élégant et délicat, qui m’ont profondément marquée au gré d’une lecture qui s’ouvre à l’intime, questionne le courage, interroge le devoir, rappelle la puissance de l’art et soulève la nécessité de se réparer, d’une manière ou d’une autre.

En bref, Gaëlle Nohant nous livre un roman vibrant d’humanité quand l’orage n’est peut-être pas celui que l’on croit et se révèle plus symbolique qu’il n’y paraît.

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