A la découverte d’un monde révolu au gré d’une plume inspirante : “L’île du là-haut” d’Adrien Borne, publié le 21 août 2024 aux éditions JC Lattès.
Le pitch : Lyon, 1948. À quinze ans, Marcel est atteint d’un mal contagieux. Lui qui a grandi sans père doit aussi quitter sa mère pour rejoindre le sanatorium de S.
Là-haut, face au mont Blanc, Marcel découvre une société à part, où rode la tragédie malgré le confort et l’abondance. Un lieu d’enfermement mais de liberté pour l’adolescent car, dans les interstices laissés par les soins, avec l’excentrique Scala et la lumineuse Valentine, c’est la vie qui palpite.
Un monde ambivalent, en lutte contre un mal qui lui donne sa raison d’être, chahuté au fil des décennies par les progrès contre la maladie. Et quand elle sera vaincue, quelle trace restera-t-il de ce que Marcel et ses semblables ont vécu ?
Avec cette fresque somptueuse, Adrien Borne ressuscite l’âge d’or des sanatoriums et, contre l’effacement des lieux et des êtres, fait résonner les destins de ceux qui n’ont pas eu le temps de tout.
N’ayant encore jamais eu l’occasion de me plonger dans l’un de ses ouvrages, Adrien Borne est un écrivain que je ne connaissais que de nom. Et puis ma récente inscription sur le site NetGalley sur l’invitation d’une autre maison d’édition m’a conduite à m’arrêter sur ce nouveau titre de l’auteur à paraître demain aux éditions JC Lattès… Voilà une possibilité de corriger mon inculture ! Je tente alors ma chance et on m’accorde le bénéfice de cette lecture : Je remercie donc chaleureusement la maison d’édition ainsi que le site NetGalley pour cette belle opportunité !
Maîtrisant admirablement l’art de conjuguer les temporalités, Adrien Borne nous conte l’histoire d’un sanatorium et de ceux qui y ont vécu, qui y ont guéri ou qui ont péri. Nous y suivrons essentiellement le jeune Marcel, 15 ans, seul adolescent de la structure sanitaire alors au sommet de son “standing”. Nous sommes en 1948, le jeune homme à la recherche du père a quitté Lyon et son ami d’enfance pour affronter cette redoutable “peste blanche” qui le met, de toute façon, à l’écart du monde. Bien que profitant d’une liberté toute relative du fait des soins, il y nouera d’improbables liens avec l’excentrique Scala et la jeune Valentine, tous deux attachés à cet établissement pour des raisons que je vous laisse découvrir.
L’auteur nous invite à suivre le quotidien de ce sanatorium et de ses “habitants”, les patients comme les soignants. Lieu romanesque à souhait, Adrien Borne fait du site presque un personnage à part entière, nous le présente à son apogée avant d’en décrire le déclin grâce au progrès de la médecine entraînant le recul de la maladie. Une heureuse nouvelle qui signe toutefois l’arrêt de mort de ce type d’établissement, ne laissant plus que des souvenirs avant de sombrer inexorablement dans l’oubli.
En dépit de quelques longueurs, l’auteur nous embarque et nous captive avec cette histoire sur trois temps, remarquablement portée par une poignée de protagonistes dépeints avec étoffe et profondeur. Si je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à ces derniers, il n’en demeure pas moins qu’on les suit avec beaucoup d’intérêt dans la vie du/au sanatorium. Une vie dans laquelle l’art se mêle à la médecine, dans laquelle la solitude se mêle à l’amitié. Le tout est servi par une plume pleine d’élégance et teintée d’émotions, un style empreint de finesse et de sensibilité qui ne fait qu’augmenter l’intensité de cette lecture.
En bref, c’est une histoire multiple qu’Adrien Borne nous offre ici. Celle d’un lieu, celle d’une époque, celle de personnages… Et c’en est d’autant plus fascinant : Je suis ravie de cette découverte qui vous attend en librairie le 21 août 2024 !