Les CamHug ou l’art de nous envoûter pour mieux nous dérouter : “Loin de la fureur du monde” de Jérôme Camut et Nathalie Hug, paru le 12 septembre 2024 aux éditions Fleuve Noir.
Le pitch : Il est la rumeur, et personne ne l’attrapera !
Massif des Pyrénées.
Alix vient d’être nommée policière municipale quand la disparition de son meilleur ami la pousse à s’aventurer seule dans la forêt primaire de la Mâchecombe. Une zone interdite qui jouit d’une sombre réputation. On raconte en effet que nombre de ceux qui s’y sont risqués n’en sont jamais revenus. Mais Alix ne craint pas la rumeur et, pour ceux qu’elle aime, elle braverait les pires dangers. Ce qu’elle ignore, c’est qu’elle s’apprête à entrer sur le territoire de John, un être sauvage et singulier qui manifeste une réelle hostilité envers les hommes…
C’est avec un plaisir immense que j’ai pu me plonger en avance dans le dernier né des quatre mains de ces deux auteurs de grand talent. Parce qu’à chaque roman, je ne sais pas dans quoi ils vont m’embarquer. Et de chaque roman, je ressors sidérée. Et conquise… Plutôt deux fois qu’une pour tout vous avouer ! Et ça n’a décidément pas loupé, tant ils sont inspirants et inspirés !
Cette fois, on quitte la mer pour la montagne, on salue l’île d’Oléron pour le massif des Pyrénées. Nos âmes au diable ont déménagé loin de la fureur du monde pour une intrigue totalement différente, à mille lieues de la précédente… Mais tout aussi sombre et bien ficelée, prenante… Envoûtante !
Conjuguant tous les codes de la littérature noire, du thriller au polar en passant par le roman noir, Jérôme Camut et Nathalie Hug nous proposent une histoire à laquelle on ne s’attend absolument pas, flirtant même parfois avec les frontières du fantastique pour mieux semer le doute dans nos esprits.
Et le doute va nous habiter d’un bout à l’autre de l’ouvrage… Je dirais même qu’il va nous hanter, tant le décor ne nous laisse pas serein, tant l’atmosphère se fait rapidement oppressante, tant les secrets s’avèrent menaçants tandis qu’ils remontent à la surface, tant les personnages révèlent peu à peu leur part d’ombre… Tant ils révèlent leur singularité. Pour une intrigue toujours plus riche, toujours dense. Pour une réflexion toujours plus pertinente, toujours plus intéressante. Pour des émotions toujours plus vives, toujours plus fortes. Pour une lecture toujours plus vibrante, toujours plus vivante.
Ajoutez à cela que l’histoire est portée par une plume unique et indivisible, fluide et enivrante, soutenue un style entrainant et attrayant, rythmée par des chapitres courts pour ajouter de la dynamique, et vous comprendrez qu’on dévore ces 500 pages sans discontinuer, dont on retiendra immanquablement Alix, sa résilience et sa volonté, John, son côté sauvage et sa part de mystère, et plus encore la nature en danger, pourtant majestueuse et impressionnante, comme un personnage à part entière.
En bref, de ce roman surprenant, je ne vous dirai finalement rien car il vous absolument en découvrir seul tous les tenants et aboutissants pour en faire l’entière expérience… Périlleuse mais exaltante !