Chroniques 2024 \ Au pied des étoiles d’Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage

“Se confronter à l’art est une leçon de courage, comme de se jeter dans l’eau glaciale, décider un voyage en terre inconnue” : “Au pied des étoiles” d’Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage, paru le 06 mars 2024 aux éditions Futuropolis.

Le pitch : Un professeur de physique dans un lycée de Grenoble, José Olivares, avait un rêve : emmener ses élèves voir les étoiles dans le désert d’Atacama, au Chili. Là où se trouvent les plus grands observatoires sur terre. Il avait imaginé que deux auteurs de bande dessinée racontent en images cette expédition. Le voyage était prévu en avril 2020, mais rien ne s’est passé comme prévu. Alors que le monde est confiné pour cause de pandémie, on découvre chez Emmanuel Lepage une tumeur maligne. Plus question de partir. Un premier voyage aura finalement lieu en décembre 2021, sans les lycéens, faute d’argent, mais avec le professeur et les deux auteurs. C’est le moment de l’élection présidentielle au Chili, qui devra départager un candidat d’extrême droite et le jeune candidat de la gauche unie, Gabriel Boric. Dans cette effervescence du résultat de l’élection, où se joue l’avenir du Chili, les deux auteurs se mêlent au peuple qui afflue en masse vers la place d’Italie… Depuis ses débuts, l’aîné, Edmond Baudoin, s’est tourné vers une bande dessinée autobiographique, tandis que le cadet, Emmanuel Lepage, a choisi de s’exprimer dans la fiction, pendant vingt ans, avant de se permettre de dire ” je ” dans ses livres. Mais ce qui les réunit est bien plus fort que ce qui les sépare : le voyage d’abord, leur amour de l’art et du beau ensuite, leur engagement passionné pour l’humain enfin. Témoin, ce livre de non-fiction magnifique, singulier, foisonnant, riche de leurs échanges, écrit et dessiné à quatre mains. Il raconte leur voyage au Chili en décembre 2021, les étoiles du désert d’Atacama, le dessin, l’amour, les rencontres, la nécessité de transmettre, la beauté des êtres et des choses, et toujours, toujours, la vie.

Vous le savez mes Bookinautes adorés, je suis une lectrice éclectique, je m’intéresse à tout… Néanmoins, lire est une chose… Chroniquer, c’est une activité autrement plus compliquée… Je ne suis pas douée pour parler des BDs, c’est Sarah l’experte en la matière dans la Gazette du Lecteur… Mais je vais tout de même m’atteler à cette mission après avoir eu le plaisir de découvrir cette curiosité à l’occasion du salon des Livres dans la Boucle de Besançon pour une rencontre intitulée “Compagnons d’arts“…

Bien plus qu’un album graphique, ce livre est le fruit d’une collaboration à quatre mains… Et même d’un travail d’équipe. A l’origine, un professeur franco-chilien passionné qui veut organiser un voyage avec ses élèves accompagnés d’artistes, à la poursuite des étoiles dans le désert d’Atacama. Un projet fou pour lequel rien ne se passe comme prévu, mais qui finit tout de même par se concrétiser.
C’est donc cette aventure que nous dessinent et racontent Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage… Oui, mais pas seulement. Car au fil des pages, leur travail nous apparait bien plus foisonnant, bien plus vaste, nous parle de tout, nous parle d’eux, nous parle de nous… Et nous démontre que les arts, tous les arts, aussi différents soient-ils, peuvent dialoguer, s’allier, se conjuguer, se mélanger pour mieux nous conter le monde.
Ainsi nos deux artistes nous offrent davantage qu’un simple récit de voyage. Leurs dessins – immédiatement identifiables car le style de chacun est unique – s’opposent autant qu’ils communiquent et se répondent pour interroger le passé, savourer le présent et envisager l’avenir. Il y a beaucoup de profondeur et de densité dans ce bouquin, c’est à la fois universel et intimiste, c’est une ode à la transmission comme une invitation à l’introspection. C’est un grand moment de partage, et on les en remercie.

En bref, c’est un ouvrage original et singulier qui nous est ici proposé… Un ouvrage d’une richesse inégalée, qui parle de voyage et d’étoiles, d’amour et de rencontres, d’art et d’histoire(s)… Parce que la vie est ainsi.

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