Chroniques 2025 \ La Ruche de Nicolas Lebel

Le crime et les abeilles pour un polar qui ne manque pas de piquant : “La Ruche” de Nicolas Lebel, paru le 05 mars 2025 aux éditions du Masque.

Le pitch : Genève. Un homme en costume s’arrête devant un sans-abri, lui donne son portefeuille, tous ses vêtements, et s’éloigne, nu, une arme à la main. À travers la vitre d’un restaurant, il fait feu sur un client avant de retourner l’arme contre lui.
Strasbourg. Une femme en accoste une autre dans la rue, avant de l’abattre et de se donner la mort. Même modus operandi. Pourtant, les tueurs ne se connaissaient pas et ne connaissaient pas leurs victimes. À la tête des Furies, un groupe d’assassins professionnels, Alecto comprend aussitôt : quelqu’un en veut à son business, peut-être même aux Furies. Mais qui ? Avec son équipe, dont l’indomptable Yvonne Chen, il fait face à une bande de tueurs d’un genre nouveau, pourvus d’aussi peu de scrupules que lui, et tente de sauver sa peau à l’heure où les Furies doivent affronter la Ruche.

Si Nicolas Lebel m’a très gentiment offert son roman peu de temps après sa sortie, c’est encore une fois le temps et des difficultés personnelles qui m’ont empêchée de butiner “La Ruche” aussi rapidement que je le souhaitais. J’étais d’autant plus impatiente que j’allais enfin retrouver ma très chère Yvonne Chen, dont j’avais été privée dans le roman précédent – “Peines perdues“, un one shot publié aux éditions du Masque l’an dernier -… Quand on sait qu’Yvonne Chen et moi n’avions vraiment pas d’atomes crochus lors de notre rencontre dans “Le Gibier” et qu’elle me manque désormais entre chaque parution, force est de constater que Nicolas Lebel sait parfaitement cultiver l’attachement et l’addiction !

Bien que pouvant être lu de façon indépendante, je vous rappellerai en préambule qu’il s’agit bel et bien d’un quatrième opus (ou du premier épisode d’une saison 2 ^^), aussi je vous invite fortement à suivre cette série dans l’ordre, déjà parce que ce serait une honte de se priver de tant d’aventures, mais aussi et surtout pour apprécier les personnages dans toute leur envergure.
Cela étant dit, il nous faut à présent parler de l’intrigue, bigrement retorse, singulière et machiavélique. Parce qu’il aime incontestablement sortir des sentiers battus, Nicolas Lebel s’empare des codes du polar pour mieux les réinventer, se les approprier. En résulte une enquête palpitante, menée tambour battant… Par un groupe criminel !
Mais sous couvert d’un roman aussi prenant que divertissant, Nicolas Lebel y insuffle également une dimension humaine et sociale très intéressante, usant d’un humour noir et bien serré, d’une fausse légèreté pour mieux dénoncer les travers de notre société.
En résulte un récit sombre, nerveux, plein de suspense et de rebondissements… Mais aussi d’émotions. A travers des thématiques qui ne manquent pas de profondeur. Via ses personnages aussi, qu’ils soient secondaires ou sur le devant de la scène, à commencer par notre Némésis, j’ai bien sûr nommé Yvonne Chen. Sous cette carapace d’indifférence et de cynisme se cache un petit cœur qui bat, et au-delà de son caractère borderline et bien trempé se dévoilent quelques sentiments qui rendent notre ancienne policière toujours plus sensible… Pour une personnalité d’une densité rare. Les autres protagonistes ne sont pas en reste, et c’est avec beaucoup d’intérêt qu’on suit tout ce petit monde, peu importe ce qu’on ressent à leur égard.
L’ensemble est servi par une plume fluide, visuelle et dynamique, soutenu par un style vif, efficace et percutant, rythmé par des chapitres courts qui accentuent la tension pour une lecture qui se savoure comme du bon miel !

En bref, Nicolas Lebel confirme qu’il aime nous surprendre avec ce polar aussi trépidant qu’infernal… Mais qu’il ne faut pas le chercher non plus : Qui sait ce qu’il pourrait imaginer !

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