Un destin hors du commun pour un roman bouleversant : “Bakhita” de Véronique Olmi, publié aux éditions Albin Michel le 23 août 2017.
Le pitch : Deux ans après sa sœur, en 1876, Joséphine Bakhita est enlevée par des négriers dans un petit village du Darfour. Conduite puis achetée au Soudan, elle sera alors réduite en esclavage avant de passer de main en main pour être ensuite rachetée par le Consul d’Italie. Elle connaîtra l’horreur au point d’en oublier son prénom. Affranchie à Venise au terme d’un procès, elle entrera dans les ordres et traversera les tourments de l’Histoire en venant en aide aux plus démunis… C’est l’histoire de Bakhita qui nous est contée ici…
Connaissant l’auteure de nom mais pas de plume, voilà bien longtemps que je souhaitais la découvrir. Cette rentrée littéraire devait enfin signer notre rencontre, moi qui lorgnais ainsi sur son dernier livre, sur lequel je me suis précipitée dès sa sortie en librairie… Une découverte qui m’a prise aux tripes et dont je suis ressortie littéralement bouleversée…
L’auteure nous confie ici la vie de Bakhita… Une femme exceptionnelle dont j’ignorais pourtant jusqu’à présent l’existence… Car si elle est romancée, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une histoire vraie pour laquelle l’auteure s’est sans doute minutieusement documentée… Une histoire tristement et douloureusement vraie, que l’Histoire semble malheureusement avoir oubliée… Sans doute le lot de ces héros de l’ombre qui apportent tant à notre société, à notre humanité…
Car elle aurait pu baisser les bras, Bakhita… De sa plume magnifique, l’auteure retrace en effet les douloureux évènements qui ont marqué sa vie… Toutes ces humiliations qu’elle a pu subir, ces atrocités qu’elle a endurées… Rien, non absolument rien n’est ici épargné au lecteur qui vacille et s’effondre à la lecture de scènes parfois insoutenables… Et malgré tout ce qu’elle a vécu, Bakhita toujours voudra aider son prochain… Une grandeur d’âme qui ne peut que forcer le respect et l’admiration, et ce même après notre lecture achevée…
Finalement l’auteure parvient ici à mettre des mots sur ce qui ne peut être dit, ne peut être écrit, ne peut être décrit… C’est à la fois magnifique et violent, beau et douloureux… Une prouesse incontestable et impressionnante, ce d’autant plus lorsqu’on réalise toute l’émotion qu’elle parvient à y glisser…
Car incontestablement la plume de l’auteure est d’une rare intensité, presque poétique, tout simplement sublime. Le style est époustouflant et incroyablement travaillé. Le rythme est lent mais dynamisé par des chapitres courts, contribuant à faire de ce roman un bel hommage auquel je ne rends moi-même pas suffisamment hommage par cette chronique, tant le lecteur s’en souviendra longtemps encore une fois la dernière page tournée…
En bref, un roman poignant, éprouvant mais inoubliable… Sans aucun doute un incontournable de cette rentrée littéraire…