Sire Cédric ou la définition du Page-Turner : “Avec tes yeux“, de Sire Cédric, aux éditions Presses de la Cité et au format poche chez Pocket.
Le pitch : Las de ces terribles cauchemars qui hantent ses nuits, anéantissent son sommeil et perturbent sa vie au point qu’il craint de s’endormir, Thomas tente une séance d’hypnose pour traiter son inquiétante insomnie. Bien loin de régler le problème, la séance tourne mal et ne fait au contraire qu’aggraver la situation, lui infligeant des visions aussi atroces qu’épouvantables, se voyant torturer une femme au travers d’yeux qui ne sont pas les siens… Intimement persuadé qu’il n’est pas victimes d’hallucinations et que la scène est bien réelle, en train de se dérouler quelque part, il se lance à la recherche de la victime… Et les ennuis ne font alors que commencer…
Je crois bien être devenue SireCédricodépendante… Vous ne connaissez pas cette étrange addiction ? Celle qui, une fois arrivée sur les lieux du monstrueux Salon du Livre de Paris, vous fait littéralement lourder vos amis pour vous lancer dans une quête désespérée à la recherche de la file d’attente salvatrice au bout de laquelle vous aurez le plaisir de rencontrer l’auteur adoré pour repartir comblée d’une dédicace ? C’est que vous n’avez pas encore tenté l’expérience de lire l’un des romans du grand Sire… Essayez-le et le piège de l’addiction se refermera sur vous assurément…
Ayant découvert l’auteur en me plongeant dans la lecture de son dernier roman intitulé “Du feu de l’enfer“, celui-ci n’a pas tardé à me plonger dans une sombre dépendance littéraire au point de me pousser aux extrémités ci-dessus décrites. C’est donc les yeux brillants d’admiration que je le rencontrais de nouveau, lui demandais lequel de ses romans il me conseillait à présent, le suivait les yeux fermés vers le titre indiqué, que je me faisais donc dédicacer, en grand format s’il vous plaît ! Lui soufflant déjà que je le retrouverais aux Quais du Polar le week-end suivant, je me lançais donc sans tarder dans cette nouvelle lecture, histoire d’aggraver un peu plus encore mon état de dépendance…
Parce que ménager son lecteur ne fait pas partie de ses principes, l’auteur déclenche les hostilités sans tarder et balance une scène épouvantable dès les premières pages à la tête de son lecteur. Littérairement abasourdi, ce dernier se retrouve alors happé par une intrigue terrifiante et incroyablement bien ficelée, où la peur et le suspense se partagent la scène de la première à la dernière page. Non content de ne lui laisser aucun répit, l’auteur maintient son lecteur en haleine d’un bout à l’autre du roman, utilisant précisément les mots qu’il faut pour le glisser, à l’instar de son personnage principal, dans la tête et derrière les yeux du tueur… Dès lors le lecteur se voit vivre plus qu’il ne lit ce récit au point qu’il voudra parfois fermer les yeux pour éviter d’assister à l’horreur sur le point de se produire… Pour autant il ne pourra cesser de s’agripper désespérément au bouquin pour continuer sa lecture, continuer encore, continuer toujours, fébrile à l’idée de comprendre ce qu’il se passe, avide d’explications et de solutions efficaces sans passer par la case trépas de préférence jusqu’à une fin… Mais une fin… Une fin ahurissante… Excusez-moi du terme, mais une fin WTF, de quoi rester sur le cul pour un long moment c’est sûr… Et s’il y a des éléments surnaturels dans ce roman, ils sont glissés avec une telle subtilité et une telle crédibilité par l’auteur et son génie démonique que le lecteur est tenté d’y croire vraiment, ce qui rend cette histoire cauchemardesque d’autant plus flippante qu’elle n’est déjà prenante, haletante, terrifiante…
L’intrigue est en outre portée par tout un panel de personnages particulièrement intéressants, à la personnalité complexe, à l’esprit torturé, au profil étoffé. Si on ne peut pas nécessairement parler d’attachement, force est de constater que le lecteur gardera ses yeux rivés sur eux tout au long de sa lecture, ne pourra se détacher de ce qui leur arrive, ne pourra que vivre les évènements à leurs côtés, ne pourra que ressentir les divers sentiments qui les assaillent… Et notamment la peur lorsque le tueur franchit les portes de ces pages… Des pages et des chapitres qui vont s’enchaîner et défiler à un rythme infernal, sans même que le lecteur ne s’en aperçoive avant d’avoir atteint le point final.
Enfin la plume est d’une redoutable qualité, d’une percutante fluidité, d’une sanglante précision… Son style est aussi efficace qu’acéré et ne laisse aucune chance au lecteur de réchapper à son talent.
En bref : Il me faut un autre roman de Sire Cédric… Il m’en faut un autre… J’EN VEUX UN AUTRE !!!!