Mes petits Bookinautes adorés : A défaut d’être à jour au niveau de mes chroniques, je ne suis pas peu fière de poursuivre mes folles activités littéraires dans les délais, notamment à travers la DreamBookGazette, ce projet un peu déjanté mais délicieusement passionné pour lequel j’ai la chance de pouvoir réaliser de nouvelles interviews !
Ravie de partir à la rencontre de nos chers auteurs afin de vous faire découvrir leurs lectures et le lecteur qui sommeille en chacun d’eux, c’est avec un immense plaisir que je laisse la parole au talentueux Julien Sandrel dont le dernier roman, paru aux éditions Calmann-Lévy et joliment intitulé “Merci, Grazie, Thank you“, vous attend dès à présent en librairie : Bonne lecture !
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Julien Sandrel, j’ai 42 ans, je suis originaire de Hyères, dans le Sud de la France. Je vis à Paris, j’ai deux enfants. J’ai écrit cinq romans. « La Chambre des merveilles », « La vie qui m’attendait », « Les étincelles » et « Vers le soleil » sont tous disponibles au Livre de Poche. Mon nouveau roman « Merci, Grazie, Thank you » est paru en mars chez Calmann–Lévy.
Petit ou grand lecteur : Quelle place tient la lecture dans ta vie ?
J’ai eu différentes périodes dans ma vie de lecteur. Je lisais beaucoup étant enfant, un peu moins étant adolescent, mais les livres ne m’ont jamais vraiment quitté. En ce moment, je dirais que je lis entre trente et cinquante livres sur une année, mais avec des rythmes très divers : lorsque je suis en phase d’écriture active, je ne lis pas beaucoup, et lorsque je fais une pause dans l’écriture, je peux engloutir trois ou quatre livres par semaine. Je lis essentiellement des romans contemporains, des fictions centrées sur des intrigues fortes, des personnages forts, avec une écriture assez simple, sans fioritures – ce qui ne veut pas dire sans style. Ce que j’attends avant tout, c’est que la lecture me procure des émotions. J’aime par exemple lire des auteurs comme Valérie Perrin, Delphine de Vigan, David Foenkinos, Olivier Norek, Fred Vargas…
Quel a été ton premier coup de cœur littéraire ? Et le dernier ?
Mon premier coup de cœur littéraire, c’est « Charlie et la Chocolaterie » de Roald Dahl. C’est l’un des romans que j’ai lu plusieurs fois, d’abord seul, puis avec mes enfants – en général, quand j’ai lu une histoire, je ne la relis pas. Quant au dernier, difficile de choisir… Je dirais « La Carte Postale », d’Anne Berest.
Y a-t-il un livre/auteur qui t’a poussé à prendre la plume ? Quel a été ton déclic ?
Lorsque j’étais enfant, quand on me posait la question traditionnelle « Qu’est–ce que tu veux faire quand tu seras plus grand ? », je répondais quasi–invariablement « écrivain ou metteur en scène ». Mais je n’écrivais rien d’autre que des petits poèmes sans grand intérêt. Et ensuite… Eh bien je n’ai pas du tout fait ça ! 😊 J’étais plutôt bon élève, on m’a encouragé à faire des études scientifiques. Je suis diplômé d’une école d’ingénieur. Puis j’ai travaillé quinze ans en entreprise, et l’envie d’écrire est revenue en force en 2015. Je crois que le déclic est venu après la lecture de « Gone Girl » (Les Apparences) de Gillian Flynn. À la fin du livre, je me suis dit « whaou le niveau ! » 😉 et paradoxalement, ce genre d’écriture – raconter une histoire originale, purement fictionnelle, avec une vraie réflexion sur les narrateurs et la structure, avec du style mais sans phrase pompeuse – me semblait moins paralysant, plus accessible. Alors je me suis lancé.
Paru en mars dernier, ton nouveau roman « Merci, Grazie, Thank you » nous conte le curieux périple de Gina jusqu’à New York : Comment t’es venue cette idée ?
« Merci, Grazie, Thank you » est un roman dont l’idée est née sans même que je m’en rende compte depuis mon enfance, à travers ce que me racontaient mes grands–parents de leurs vies hautement romanesques. Je suis issu d’une famille d’immigrés italiens, mon grand–père était le dernier d’une famille de dix enfants, un menuisier–charpentier qui a souffert de la faim, du racisme, de l’extrême pauvreté… Toute mon enfance, mon grand–père m’a raconté sa vie, par bribes, façon puzzle. Et moi qui étais un petit garçon des années 80 de la classe moyenne, très heureux, qui ne manquait de rien… Ce qu’il me racontait relevait presque de la science–fiction. Pourtant tout était vrai. À travers ce roman, j’ai eu envie de rendre hommage au parcours de mes grands–parents, et de les remercier pour ma vie actuelle. J’ai mis quatre ans avant de me sentir capable d’entreprendre ce chemin de gratitude à travers l’écriture… Même si ce nouveau livre est une fiction, je l’ai truffé de références à ma famille, que ce soit dans les noms des personnages, dans les lieux traversés par mes héroïnes, les épreuves qu’elles vivent. C’est aussi une façon pour moi de transmettre à mes enfants une partie de l’histoire de ma famille. Afin qu’ils n’oublient jamais d’où ils viennent.
Tu nous offres ici un roman magnifique… A l’image de son titre : Au-delà de ses traductions, que représente ce mot à tes yeux ? Peux-tu nous parler de Gina et ses altruistes motivations ?
Alors merci beaucoup Aurélie, vraiment 😊
« Merci » est probablement l’un des mots les plus courants de la langue française, une formule de politesse vidée de sa substance, que l’on emploie des dizaines de fois par jour sans y penser. Mais si l’on y réfléchit bien… Combien de fois dans une vie dit–on vraiment merci ? Combien de fois exprime–t–on une gratitude profonde et sincère aux personnes qui comptent, en en étant pleinement conscient ? La réponse est forcément individuelle, mais pour nombre d’entre nous, l’expression de la gratitude se heurte à un obstacle de taille : la pudeur, qui nous bloque, nous empêche. Alors parfois, le mot reste coincé. Et les mercis qui n’ont pas été prononcés se transforment en regrets.
Alors oui, ce roman est une forme de militantisme positif en faveur de ce petit mot si simple mais si puissant. C’est ainsi qu’est né le personnage de Gina, cette vieille dame d’origine italienne haute en couleurs, animée d’un furieux besoin de dire merci, et qui embarque pour une folle aventure à la recherche des personnes qui ont d’une certaine façon, forgé son destin. Détail amusant : l’étincelle de départ du roman m’a été fournie par… George Clooney ! J’étais tombé il y a quelques temps sur un article de presse qui expliquait qu’une fois devenu la star que l’on connaît, il a décidé de donner une somme importante à 14 de ses amis les plus proches… Des amis qui l’ont aidé quand il était au plus bas, qui l’ont soutenu dans les moments difficiles… George, Gina, même combat ! 😊
Ton livre vient tout juste de paraître mais as-tu déjà une idée pour ton prochain roman ? Quels sont tes projets littéraires à venir ?
Je suis en train d’écrire mon prochain roman, oui ! Mais il est trop tôt pour en dire plus, désolé 😉
Mais les mois qui viennent seront par ailleurs très riches du côté de « La Chambre des merveilles » ! Dans l’ordre d’apparition des différentes adaptations : vous pourrez découvrir son adaptation au théâtre du 7 au 30 juillet 2022 au Théâtre Actuel à Avignon (les places sont déjà en vente ^^) puis à Paris en 2023. Même si je ne suis pas très objectif, la pièce, adaptée et mise en scène par Jean–Philippe Daguerre (auteur et metteur en scène d’Adieu Monsieur Haffmann, notamment) est vraiment top, je vous la recommande 😉
Puis une bande–dessinée sortira en octobre 2022 chez Grand Angle… et enfin l’adaptation au cinéma sortira début 2023 en salles. Le film est produit par les producteurs de « La Famille Bélier », réalisé par Lisa Azuelos (LOL, Dalida, Mon bébé…) et les rôles principaux sont interprétés par Alexandra Lamy et Muriel Robin.
Question pêle-mêle : Quel est…?
• Ton livre de chevet ?
Je n’en ai pas, en toute honnêteté. Mes livres favoris, ceux qui m’ont construit à l’adolescence sont les romans d’Agatha Christie (aux premiers rangs desquels « Le crime de l’Orient–Express » et « Ils étaient dix »), les romans d’apprentissage type « Bel–Ami » de Maupassant, « Le Rouge et le Noir » de Stendhal… et les livres de Camus comme « L’étranger », « Noces » ou « La Chute »…
• Le livre qui cale ta bibliothèque ?
J’ai trop de respect pour les livres pour les utiliser de cette façon… Donc je cale ma bibliothèque avec autre chose !
• Le livre que tu aurais rêvé d’écrire ?
« Gone Girl », de Gillian Flynn.
• Ta lecture en cours ?
« Je revenais des autres », de Mélissa da Costa.
Si tu devais comparer ta vie à un roman, lequel serait-ce ?
Peut–être « La Chambre des merveilles » justement… Non pas pour l’épreuve vécue par mon héroïne, mais plutôt parce que cette réflexion sur un changement de vie autour de la quarantaine, cette évolution correspondait exactement à mes préoccupations personnelles à l’époque… Et dans ma vie professionnelle, il y a clairement un « avant » et un « après » publication de ce premier roman !
Un petit mot pour la fin ?
Merci Aurélie pour ta passion pour les livres, et ta volonté de transmettre, inlassablement… C’est précieux ! À bientôt !