Chroniques 2018 \ Dust de Sonja Delzongle

Un bouquin aussi prenant que violent, tout simplement sidérant : “Dust” de Sonja Delzongle, paru aux éditions Denoël et au format poche chez Folio.
 
Le pitch : Installée à New York, la profileuse Hanah Baxter est appelée à Nairobi au Kenya pour aider la police locale sur une curieuse affaire. En effet un étrange serial killer semble ici à l’œuvre, laissant toujours derrière lui une croix tracée avec le sang de ses victimes… Sans les corps… Mais en parallèle Hanah enquête aussi sur l’important trafic dont font l’objet les albinos, dont les membres sont prisés à des fins rituelles… Le séjour en terre kenyane ne s’annonce pas tranquille…
 
Mes chers amis j’ai honte… Oui j’ai honte d’avoir attendu si longtemps pour découvrir la plume de Sonja Delzongle… Je m’étais pourtant procuré ce roman l’an dernier, son premier suivant ses conseils alors qu’elle était présente au Salon du Livre de Genève… Seulement ce malheureux polar s’est contenté de prendre la poussière sur ma PAL sans que je ne prenne le temps de le découvrir… Puis cette année est sorti “Phobia“, fameux recueil de nouvelles réalisé par 14 auteurs parmi lesquelles Sonja Delzongle, vendu au profit de l’Association ELA. Si j’allais gentiment lui faire dédicacer mon exemplaire, celle-ci se rappelait m’avoir déjà croisée sur différents salons… Si ce n’est pas étonnant au regard de mes nombreuses pérégrinations (Et vous êtes priés de ne pas ricaner sous peine d’un douloureux coup de genou bien placé…), c’est toujours gratifiant et touchant d’infiltrer la mémoire d’un auteur… Alors quand on sait qu’en plus c’est une bonne camarade du Sieur Norek… Ma réflexion fut vite faite et ma décision vite prise : A nous Dust ma chère Sonja !
 
Sauf qu’elle n’est pas commode Madame Delzongle… A peine découvrez-vous sa plume qu’elle vous colle un uppercut en pleine tronche ! Faisant fi du décalage horaire, l’auteure nous colle dans un avion, direction le Kenya, à la découverte du pays, ses us et coutumes, ses rituels et ses traditions, ses crimes et ses trafics d’organes et autres éléments humains… Là vous freinez des quatre fers pour reprendre vos esprits comme votre souffle : Mais où est-elle allée chercher tout ça ?! Ne cherchez pas bien loin, Google vous expliquera qu’il n’y pas pire théâtre de l’horreur que la réalité du quotidien… Ainsi l’auteure s’est donc documentée de manière approfondie pour nous offrir une double enquête particulièrement intense et haletante au travers d’un polar d’un réalisme aussi impressionnant qu’effroyable, maîtrisé de manière magistrale du début jusqu’à la fin. Le sang s’étale et les crimes s’enchainent à un rythme inquiétant, tandis que l’auteur nous déroule son intrigue d’une densité extrême, tenant ainsi son lecteur en haleine sans jamais le lâcher ni l’épargner jusqu’à ce que le dénouement lui soit enfin révélé dans toute son ampleur et sa complexité.
Portée par des personnages particulièrement bien construits et richement étoffés, cette double enquête n’en est que plus captivante. On se laisse immédiatement envoûter par Hanah Baxter, son intrigante personnalité, ses sens exacerbés, son foutu caractère et son sacré tempérament. Elle n’a pas froid aux yeux, ne laisse rien au hasard et n’abandonne jamais, ce qui la rend d’autant plus passionnante.
Servi par une plume particulièrement fluide et efficace, un style tout à la fois vif et élégant, un rythme soutenu par de courts chapitres, ce roman particulièrement noir est un petit chef d’œuvre du genre, impressionnant de réalisme et fort en émotions.
 
En bref une intrigue atypique mais tristement réaliste pour un polar de haut vol à découvrir sans plus tarder ! Quand à moi j’ai une bibliographie complète à me procurer !

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