Chroniques 2018 La Daronne de Hannelore Cayre

Un petit polar aussi savoureux qu’impertinent : “La Daronne” de Hannelore Cayre, aux éditions Métailié et au format poche chez Points.
 
Le pitch : A cinquante ans passés, la vie de Patience Portefeux n’est pas bien rose… Elle a trimé toute sa vie, d’abord pour s’occuper de ses filles, maintenant pour s’occuper de sa mère qui s’éteint à petits feux dans un EHPAD dont il faut payer les factures. Alors elle trime encore, comme traductrice en arabe pour le Ministère de la Justice, une profession qui ne connaît pas de statut légal… Mais à force de traduire des PV d’interceptions téléphoniques entre dealers pour la police, ça lui donne des idées… Alors un jour elle franchit la ligne, détourne une cargaison de cannabis… Et se fait un nom dans le milieu : la Daronne…
 
Je me souviens qu’à sa sortie, ce livre m’avait interpellé… Tant la couverture que son titre avaient en effet retenu toute mon attention… Alors je me le suis procuré… Depuis il a été récompensé par le Prix du Polar Européen l’an dernier… Depuis il est même sorti en poche et j’ai rencontré son auteur aux Quais du Polar en avril cette année… Un comble alors de ne toujours pas l’avoir lu… Et dans ces moments-là, mon auteur chouchou n’est jamais bien loin pour me secouer les puces, alors je m’exécute… Et il a raison, comme d’habitude !
 
Avocate pénaliste de profession, l’auteure connaît bien l’envers du décor judiciaire et s’amuse ici à en exploiter les failles de manière cynique et redoutable. Car on ne va pas se mentir, la vie de notre héroïne est à pleurer… Alors oui, les échanges entre dealers lui ont donné des idées, des idées qu’elle met en application sans la moindre culpabilité et avec une déconcertante facilité, parce que son passé le lui permet aussi…
Devrait-on la blâmer ? En principe oui… Mais finalement non. Parce qu’on ne peut qu’éprouver de l’empathie pour cette bonne femme qui n’a pas les deux mains sur le même pochon de cannabis et qui, finalement, use de tous les moyens pour parvenir à s’en sortir…
Sous couvert d’une intrigue servie à l’humour noir et caustique, c’est une critique acerbe et acérée de la société actuelle que l’auteure nous livre aussi, mettant finalement bien des tracas que beaucoup d’entre nous connaissent sous le coup d’une froide lumière.
Et comme le tout est servi dans un décor défiant toute crédibilité, en compagnie de caïds made in Cayre et son parcours judiciaire, porté par une plume acide et sans complexe, un style fluide et décalé, le lecteur ne peut que savourer cette lecture particulièrement délicieuse sans jamais s’ennuyer.
 
En bref, un polar détonnant particulièrement brillant : On adore et dévore sans une once de culpabilité !

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