Qu’importe la lecture, pourvu qu’on ait un livre ! Je me souviens vous avoir tenu ces propos lorsque me revenait la fastidieuse mission de vous présenter les nouveautés au programme de ma rentrée ! Une rentrée qui se veut forcément littéraire, mais aussi originale et novatrice dans la mesure du possible, et c’est grâce à l’arrivée de ma chère collègue Françoise dans la joyeuse DreamBookTeam que ce vœu livresque va enfin pouvoir se réaliser ! En effet, si j’admets bien volontiers que les romans constituent bien 99% de mes lectures, je regrette cependant de ne pas être en capacité d’élargir mes livresques horizons et varier les plaisirs littéraires comme Françoise se propose de le faire à partir d’aujourd’hui. Ainsi Franck compulse avec plaisir toute la presse culturelle, Roseline déniche ses classiques préférés au fin fond du grenier, Laura est une fervente adepte des salles obscures, et Françoise aime à se perdre dans les divers rayons d’une librairie pour y découvrir de temps à autre des lectures d’un autre genre, d’un autre type… Des lectures qu’elle s’apprête donc à vous présenter, et je la remercie très chaleureusement de mettre toute son expérience et sa passion pour les livres au service de mon petit blog littéraire, ceci pour diversifier les titres qu’on vous propose ici ! Alors en avant l’aventure et on s’intéresse de suite à “Solstice d’hiver – Alain, les juifs, Hitler et l’Occupation“, un essai de Michel Onfray paru aux éditions de l’Observatoire.
La quatrième de couv’ en préambule…
“Plus d’un demi-siècle après la mort du philosophe Emile Chartier dit Alain, paraît son Journal inédit. Ce gros volume rédigé entre 1937 et 1950 doit être lu d’un point de vue à la fois philosophique et historique. Jusqu’alors, l’auteur des Propos de politique se présentait comme un radical-socialiste ou comme un penseur de l’antimilitarisme. Régulièrement au programme du bac, professeur au Lycée Henri-IV, il a gagné sa place parmi les plus grands philosophes du siècle dernier. Que contient alors ce journal longtemps caché à la vue du public ? Des propos antisémites et même… des lectures enthousiastes de Mein Kampf et des éloges du Führer ! Il fallait Michel Onfray pour s’aventurer crayon en main dans ce journal qui, si l’on évite tout raccourci ou anachronisme, décrit une époque où la confusion de la guerre et de la politique l’a emporté sur la pensée libre.”
Le bouquin sous l’œil aiguisé de Françoise…
Dans cet ouvrage philosophique, Michel Onfray s’empare du journal d’Alain, rendu public par sa parution aux éditions des Equateurs sous l’égide du normalien Emmanuel Blondel, pour en livrer une étude très intéressante et détaillée. Considéré comme un “maître à penser” pour des générations d’élèves et professeurs de philosophie, perçu comme un écrivain antimilitariste, militant pacifiste, radical-socialiste, la pensée d’Emile Chartier dit Alain semblait donc tout à fait respectable… Jusqu’à la publication de ce fameux journal, dans lequel on découvre une personnalité bien plus inquiétante et détestable, subjuguée par la force, pétrie et nourrie d’un antisémitisme primaire et nauséabond : Chronique d’un naufrage intellectuel et moral…
Mais si l’auteur révèle dans cet essai un aspect méconnu d’un philosophe français reconnu, Françoise regrettera cependant le ton pamphlétaire et élitiste adopté par celui-ci, dont l’unique but semble finalement être de dénoncer, critiquer et démolir sans autre forme de procès, autrement dit de jouer les iconoclastes à destination d’un public initié cherchant querelle et autre polémique plutôt qu’une critique argumentée et constructive. Il aurait été plus intéressant selon elle d’étudier l’œuvre de l’auteur concerné dans son intégralité en adoptant un ton neutre et limpide pour en livrer une étude plus complète, intelligente et objective, mais aussi vulgarisatrice, accessible à un large public. Ce qui est bien dommage selon Françoise car ce livre n’en reste pas moins fort riche et instructif, mettant en avant les contradictions et autres atterrantes prises de position d’un auteur pourtant érudit, méritant dès lors d’être lu par le plus grand nombre, de tous bords et tous horizons.
Le mot pour conclure…
Si cette lecture a permis à Françoise de découvrir une facette bien plus sombre et déplorable d’un philosophe de renom, elle regrette seulement que le ton adopté par l’auteur ne soit pas plus objectif et accessible, comme ce fut déjà le cas s’agissant de son ouvrage sur Freud, manquant dès lors son but premier selon elle de démocratiser la philosophie, ce qui est d’autant plus dommageable pour celui qui se trouve être à l’origine d’une Université Populaire proposant des cours et conférences ouvertes à tous et gratuites… Ce qui ne signifie pas cependant qu’elle ne lira plus d’autres ouvrages de l’auteur à l’occasion !