Un roman atypique, qui révise l’Histoire et réveille les consciences : “Civilizations” de Laurent Binet, paru ce 14 août 2019 aux éditions Grasset.
Le pitch : “Vers l’an mille : la fille d’Erik le Rouge met cap au sud. 1492 : Colomb ne découvre pas l’Amérique. 1531 : Les Incas envahissent l’Europe. À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ? […] Voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu’au fond, il s’en fallut d’un rien pour qu’elle l’emporte, et devienne réalité.”
Si j’ai pour habitude de vous livrer mon propre résumé, l’Histoire dans ce livre est à ce point revisitée que je n’ai pas voulu tenter l’exercice, de crainte de dénaturer voire même trahir le travail de l’artiste… Un travail dans lequel j’hésitais même à me plonger, n’ayant pas été conquise par son précédent roman, ce qui a d’ailleurs condamné son tout premier titre à rester dans ma pile à lire… C’est en effet avec “La septième fonction du langage” que j’ai découvert la plume de Laurent Binet, un livre récompensé du Prix du Roman Fnac et du Prix Interallié mais que j’ai, pour ma part, peiné à terminer… Il est des rendez-vous manqués qu’on ne peut expliquer… Pour autant je n’aime pas rester sur un échec et le sujet de ce nouveau roman m’intéressait autant qu’il m’intriguait : L’heure était donc venue de réitérer l’expérience et retrouver la plume de cet auteur en me plongeant dans son troisième roman…
Une uchronie plus précisément : Autrement dit une “reconstruction fictive de l’histoire, relatant les faits tels qu’ils auraient pu se produire” (dixit Larousse). Un exercice particulièrement intéressant mais difficile à réussir, pour lequel il faut parfaitement connaître le sujet qu’on s’apprête à travestir… Et le verdict est ici sans appel : Laurent Binet est passé maître en la matière et son talent n’est plus à démontrer !
En effet l’auteur a dû particulièrement bien se documenter pour maîtriser cette période de l’Histoire avant d’en tordre la frise et inverser le cours des évènements. Une prouesse si remarquable que sa réécriture est étonnamment crédible et pousse le lecteur à prendre du recul, à voir le monde sous un autre angle, à se poser de bonnes questions sur sa façon de tourner… Et à en tirer un certain nombre de leçons une fois cette lecture terminée.
Si quelques longueurs et un léger manque de fluidité sont parfois à déplorer, il n’en reste pas moins que ce récit est habilement construit et rondement mené, intéressant et prenant à souhait, porté par une plume de grande qualité et soutenu par un style tout à fait soigné.
En bref, je suis ravie d’avoir surmonté mes réticences et retrouvé la plume de Laurent Binet : Une expérience passionnante et enrichissante que je souhaite à l’avenir renouveler !
