Chroniques 2020 Santa Muerte de Gabino Iglesias

Un court roman aussi intense qu’efficace : “Santa Muerte” de Gabino Iglesias, paru cette année aux éditions Sonatine.
 
Le pitch : Immigré clandestin d’origine mexicaine, Fernando survit depuis quelques années à Austin au Texas en bossant pour Guillermo, officiellement en tant que videur, officieusement en tant de dealer. Si la vie n’est déjà pas toute rose, elle prend une couleur rouge sang lorsqu’il est enlevé par un gang rival et assiste à la décapitation de son pote Nestor. S’il en réchappe, c’est uniquement pour faire passer le message à son patron de libérer le territoire sous peine de subir le même sort. C’est le début d’une véritable déferlante de violence, face à laquelle il ne sera pas superflu de prier Santa Muerte si l’on espère pouvoir en réchapper…
 
Si le #challengedulecteurconfiné me suggérait de lire un livre publié en 2020, la lectrice passionnée que je suis n’arrivait pas à s’arrêter sur un titre précis… C’est finalement “La P’tite Librairie“, court programme présenté par François Busnel himself pour nous rendre le confinement moins pénible, qui m’a permis d’opter pour ce livre qui n’avait déjà pas manqué son effet dès sa sortie en librairie avec son intrigant titre, sa couverture magnifique et son résumé décapant… La sentence est donc tombée : Il me fallait donc découvrir Santa Muerte…
 
Sitôt la première page tournée, nous voilà entraînés à toutes berzingues au coeur d’une intrigue sous haute tension et dopée à l’adrénaline, dans laquelle l’action est omniprésente tandis que les morts sont légion. Si le premier chapitre donne immédiatement le ton, il n’est que le début d’une escalade de violence complètement barrée dans laquelle nous nous retrouvons embarqués à un rythme si haletant que vous lirez ce bouquin d’une traite sans jamais pouvoir le lâcher ni même reprendre votre souffle, d’ailleurs ce n’est même pas la peine d’y penser : Décidément l’auteur n’a pas volé ce petit surnom de Tarantino littéraire !
Mais si l’histoire est aussi addictive, c’est aussi parce qu’elle est menée tambour battant par une poignée de personnages aussi déjantés qu’atypiques, à commencer par Nando, véritable antihéros des plus actuel, tiraillé entre deux cultures et pour lequel on éprouve d’autant plus de sympathie que le choix de narration nous fait vivre cette périlleuse aventure à travers lui pour une expérience dangereusement immersive tout en nous offrant une pertinente et profonde réflexion sur le sort actuel des immigrés tout au long du récit.
Teintée d’un humour corrosif et de mysticisme à la limite du fantastique, l’intrigue est en outre servie par une plume particulièrement nerveuse, percutante et dynamique, un style vif, brutal et dévastateur pour un moment de lecture absolument décoiffant et époustouflant.
 
En bref, un auteur qui frappe fort avec un premier roman noir au style inimitable, diablement détonant et punchy !

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