Un roman dystopique particulièrement fort et glaçant : “La Servante écarlate” de Margaret Atwood, paru aux éditions Robert Laffont et dans la collection Pavillons Poche.
Le pitch : Le monde dans un avenir proche. Dans la République de Gilead récemment fondée par une poignée de fanatiques religieux, les femmes ont vu leurs libertés et leurs droits fondre comme neige au soleil. Certaines d’entre elles sont des servantes écarlates et sont ainsi réduites au rang d’esclaves avec pour unique rôle la procréation pour des gens d’importance. Si Defred est l’une d’entre elles, elle n’oublie pas sa vie jadis et intègre un réseau, bien décidée à recouvrer un peu de liberté…
En voilà un roman que j’avais depuis longtemps dans ma bibliothèque… Un roman dans lequel je rechignais pourtant à me plonger sans trop pouvoir me l’expliquer, craignant peut-être de voir mes attentes déçues face aux nombreuses critiques fort élogieuses que j’avais pu lire à son sujet, que ce soit à la diffusion de la série éponyme, lors du Festival America en 2018 ou bien encore à la parution de sa suite…
Et puis le #challengedulecteurconfiné m’a suggéré de lire un livre adapté en film ou en série… Alea jacta est : C’est donc “La Servante écarlate” que je devais rencontrer…
L’auteure nous entraîne ici au coeur d’une effroyable dictature religieuse dont l’obscurantisme assumé a anéanti toutes les libertés et autres droits les plus fondamentaux, en particulier des femmes désormais réduites au silence, à l’intendance et à la reproduction. Une sombre société d’autant plus saisissante qu’elle est d’un inquiétant réalisme et d’une redoutable crédibilité, preuve s’il en fallait une que le potentiel avenir que l’auteure a ici imaginé n’est peut-être pas si loin qu’on ne pourrait le penser, surtout quand on voit à quel point les droits et libertés sont déjà bafoués dans certains pays à l’heure même où je rédige cette chronique… Nous rappelant à juste titre toute la précarité de la place et des droits des femmes dans notre monde actuel…
Pour nous guider au fil de cette intrigue bien ficelée et rondement menée, nous suivons Defred, Servante écarlate dont le rôle est d’assurer une descendance au Commandant. Mais tandis que son monologue nous permet de découvrir son sinistre quotidien, celle-ci nous montre aussi qu’il n’en a pas toujours été ainsi, qu’elle a pu connaître le bonheur et jouir de plus amples libertés fut un temps pas si éloigné… Ainsi nous alternons entre passé et présent pour noter, non sans effroi, l’évolution de la situation… Une évolution qui nous fera sans aucun doute réfléchir et prendre conscience du message que l’auteure essaie de nous transmettre à travers ces lignes…
Si j’avoue avoir tout de même éprouvé quelques difficultés avec la lenteur du rythme et le faible niveau d’action, force est de constater l’indéniable qualité d’écriture, cette plume à la fois si froide et élégante, ce style soigné pourtant si dur et percutant, faisant de ce bouquin un moment de lecture absolument prenant et fascinant.
En bref, un roman au rythme lent mais remarquablement captivant et marquant durablement… Puissant et passionnant !