Il faut un roman pour y croire vraiment : “Les Guerriers de l’Hiver” d’Olivier Norek, paru ce 29 août 2024 aux éditions Michel Lafon.
Le pitch : Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche.
Mes petits Bookinautes chéris : Voilà neuf ans, quasiment jour pour jour, que je rédige des chroniques. La première remonte au 31 août 2015 et concernait “Code 93“, le premier polar d’un certain Olivier Norek. Voilà donc neuf ans que je rédige des chroniques et je ne l’ai jamais fait avec autant de fébrilité qu’aujourd’hui, pour “Les Guerriers de l’Hiver“, le huitième roman de ce même Olivier Norek… Que de chemin parcouru, que d’aventures vécues, que d’émotions ressenties au fil des années…
Des années dont deux passées dans l’ombre de ce dernier écrit : Quand Olivier m’a dit qu’il partait en Finlande sur les traces de Simo Häyhä pour s’imprégner de la Guerre d’Hiver, j’étais surprise, une fois de plus, mais pas inquiète, une fois de plus. Il a su m’emmener dans la Jungle de Calais, m’entraîner au fin fond de l’Aveyron, m’embarquer jusqu’à Saint Pierre et Miquelon… Alors pourquoi pas dans le passé finlandais par -50°C ? J’ai confiance en son âme, j’ai confiance en sa plume. Je l’ai donc suivi. De sa genèse à sa publication en passant par ses différentes phases de construction, je l’ai suivi. Et aujourd’hui, alors que vous vous apprêtez à découvrir ce roman en librairie, je peux ENFIN vous en parler… Mais par où commencer ?
Loin de prétendre s’essayer à la littérature blanche ou s’écarter de la littérature noire, Olivier Norek est surtout un romancier qui écrit avec ses tripes, couchant sur papier l’histoire qui l’anime sans se préoccuper du genre qu’on va lui attribuer. Sans cesse en quête de vérité en digne auteur de terrain qu’il a toujours été, il s’est expatrié en Finlande durant tout un hiver pour se confronter au climat et connaître la Guerre d’Hiver dans ses moindres détails, de ses plus grands faits à ses plus petites anecdotes. C’est riche de son expérience et de son impressionnant travail de recherche et de documentation qu’il nous fait vivre – et non pas lire – cette histoire que l’Histoire a oubliée.
Sans perdre une ligne, Olivier Norek nous fait donc remonter le temps pour nous ramener au cœur même de la Guerre d’Hiver. Il nous fera évidemment rencontrer Simo Häyhä, paysan taiseux dont l’habileté à la chasse fera de lui le plus grand sniper de tous les temps, un héros de guerre bien malgré lui surnommé “la Mort Blanche” et redouté par une armée entière. Mais au delà de cette figure historique au destin romanesque qui a su se transcender pour sa patrie, c’est toute une Nation qui, animée du “Sisu” (l’âme de la Finlande), s’est livrée corps et âme dans cette bataille aussi injuste qu’inégale. Les Finlandais la savaient perdue d’avance, pour autant ils n’ont jamais manqué de courage, d’obstination, de cran, de ténacité, de résistance, de détermination, de volonté… Ni même d’imagination pour défendre leurs familles et leurs terres, au-delà même de leurs forces, de leurs armes et de leurs munitions, ce qui impose le respect et nous submerge immanquablement d’émotions.
Et c’est sans aucun doute là la prouesse d’Olivier Norek : Faire rejaillir l’humanité malgré l’inhumanité au gré des émotions qui se dégagent de chaque page. De ces touches d’humour et/ou de poésie comme des bulles d’oxygène au cœur des tranchées. De ces sursauts d’amour et d’amitié qui subsistent et persistent en plein chaos. Une humanité sans parti pris, que l’auteur a su aussi révéler dans le camp adverse, des hommes comme les autres qui n’ont jamais demandé à se battre mais que leurs dirigeants utilisent à volonté et sacrifient en masse comme de la chair à canon au nom d’un chef suprême dont il n’est même pas nécessaire de préciser le nom pour inspirer la crainte parmi ses rangs. Autant de fragments d’âme qui rendent cette lecture bouleversante en plus d’être captivante et immersive.
Une lecture d’autant plus immersive qu’elle rend aussi un vibrant et douloureux hommage à la nature, personnage à part entière de cet ouvrage, d’une beauté à couper le souffle et pourtant redoutable et hostile pour ne pas dire létale, sans considération des nationalités qu’elle décime par -50°C sous la glace et la neige pour une horreur immaculée, une nuit sans fin et un froid terrible que l’on ressent jusqu’au plus profond de notre âme.
Ce conflit aura duré 113 jours et 448 pages. Une guerre éclair qu’on prend pourtant le temps de lire, tant la plume de l’auteur nous fascine de par son élégance et sa fluidité, sa finesse et son intensité, sa profondeur et sa sensibilité, sans oublier quelques clins d’œil aux Maîtres de la littérature classique que je vous laisse découvrir.
En bref, il faut un roman pour y croire vraiment. Il faut un écrivain pour nous conter une histoire que l’Histoire a oubliée. Olivier Norek l’a fait.