Mes petits Bookinautes adorés, je ne suis pas peu fière de vous retrouver aujourd’hui pour une de ces petites interviews que j’aime tant réaliser ! En effet c’est toujours un plaisir pour moi de partir à la rencontre des auteurs et autres acteurs du monde littéraire, ceci afin de vous dévoiler leurs lectures et le lecteur qui sommeille en chacun d’eux, et aujourd’hui plus encore qu’hier quand on sait que les rencontres et autres retrouvailles littéraires demeurent compromises pour une raison plus ou moins déterminée : La résistance livresque n’est pas terminée !
Et au terme d’une si belle lecture commune dévoilée ce jour, je ne pouvais décidément pas faire l’impasse sur l’interview d’Estelle Tolliac ! Lauréate du Prix Vingt Minutes 2020 présidé par Maxime Chattam, Estelle Tolliac est une primo-romancière de talent qui a déjà su imposer sa marque dans le paysage de la fantasy française avec “Noir de Lune“, son premier titre paru le 26 novembre dernier aux Nouveaux Auteurs. Un titre original et passionnant que nous avons donc beaucoup aimé avec mes acolytes de la Communauté du Bouquin, aussi n’ai-je pas pu résister et l’ai sollicitée afin de la soumettre à mes petites questions indiscrètes, une folle proposition littéraire qu’elle a très gentiment acceptée ! J’en profite donc pour la remercier du fond du cœur sans vous faire languir plus longtemps et vous laisse à présent découvrir ses réponses : Bonne lecture à tous !
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Estelle Tolliac. J’ai 38 ans. Je vis en Haute-Savoie avec mon mari et mes deux enfants. J’exerce depuis plus de 15 ans le métier de professeure de français (en collège). Je suis agrégée de lettres modernes. J’aime beaucoup mon métier qui me met au contact des grands textes et de la langue au quotidien. Et j’aime le relationnel avec les adolescents. J’écris depuis toujours et fin 2020, j’ai eu la joie de voir mon mon premier roman publié, puisque Noir de Lune et Bleu de Lune (sa suite et fin) ont remporté le Grand Prix du roman 20 minutes, parrainée par Maxime Chattam. C’est donc le début d’une nouvelle aventure…
Petite ou grande lectrice : Quelle place tient la lecture dans votre vie ?
Je suis une très grande lectrice, du genre boulimique. Je lis des romans, des BD, des mangas, des essais, des classiques, des nouveautés. La seule chose que je lis très peu est le genre du polar. J’ai essayé mais rien à faire, c’est ce que j’aime le moins.
J’aime bien dire que je suis « poly-lectrice ». On a forgé ce mot pour s’amuser, avec une amie, constatant que nous lisions plusieurs livres en même temps. Par exemple, j’ai constamment mon livre de chevet (de la fiction), parfois un essai ou un autre roman que je dois lire plus vite parce que je les ai empruntés à la médiathèque, des livres que je dois relire dans le cadre de mon travail de prof, parce que je les ai lus il y a trop longtemps et que je dois me les réapproprier pour les faire étudier, des BD ou des mangas en parallèle. J’ai parfois des livres en cours dans plusieurs pièces de la maison. Mon mari a du mal à comprendre et trouve que je risque de m’éparpiller, mais pas du tout, je finis tout ce que j’ai entamé, à des rythmes divers, mais j’y arrive ! Je pense que c’est une question d’habitude, car ma fille de 9 ans, qui est tombée dans le virus des livres avec sa maman, commence à faire la même chose.
Quel a été votre premier coup de cœur littéraire ? Et le dernier ?
Le premier : Impossible de le dire ! Je me souviens d’avoir lu et relu beaucoup de petits livres d’enfants, puis adolescente, pareil, je relisais indéfiniment ce qui était dans ma bibliothèque… De sorte que je sais que j’ai eu plusieurs coups de foudre littéraires, mais je ne pourrais pas en choisir un.
Le dernier : Là aussi, c’est dur… J’ai trouvé dans une boîte à livre de ma ville “Un de Beaumugnes“, de Jean Giono. J’avais déjà lu “Regain” il y avait très longtemps, mais alors là, j’ai été subjuguée par la beauté de cette langue qui essaie de reproduire le terroir, la pensée paysanne, avec ce qu’elle a de rude et de poétique.
Mais dans un tout autre genre, j’ai lu récemment “La Cour des Ténèbres“, de Victor Dixen, et j’ai vraiment aimé l’inventivité de son univers : une dystopie vampirique, il fallait le faire !
Y a-t-il un livre/auteur qui vous a poussée à prendre la plume ? Quel a été votre déclic ?
Oui ! Mon déclic pour me lancer dans l’écriture d’un roman, et en l’occurrence, de celui qui allait devenir “Noir de Lune” et “Bleu de Lune“, a été la saga “Twilight“, de Stephenie Meyer. J’ai terminé le 4e gros pavé et j’ai dit : « Ok, là c’est bon. Je me lance. A moi de créer mon propre univers maintenant ! ». Moi qui ne lisais que des classique dans le cadre de mes études (et qui les adorais, pour moi, il n’y a pas de dichotomie entre la littérature populaire et les grandes et belles lettres !), j’avais trouvé que c’était tellement récréatif ! J’ai voulu me lancer dans une écriture d’évasion, de plaisir, de ces livres que l’on lit avec passion et que l’on a hâte de retrouver tous les soirs.
Votre premier roman intitulé “Noir de lune” est paru en novembre dernier aux éditions Les Nouveaux Auteurs : Pouvez-vous nous en parler ? Comment avez-vous travaillé sur celui-ci ?
La rédaction de ce roman s’est étalée sur dix ans environ, avec des périodes de pause plus ou moins longues liées à ma vie, qui avançait : concours, mariage, maternités… Parfois, pendant quelques mois, six mois, un an, je n’avais plus du tout le temps ni l’énergie d’écrire ou de tenter de présenter mon roman en maison d’édition. Mais je me suis aperçue que je me remettais toujours en selle, que je ne pouvais pas laisser tomber mon manuscrit terminé, mes autres projets…
A la naissance de mon 2ème enfant, je m’étais pourtant résignée à arrêter d’écrire parce que je n’avais plus assez de temps, ou pas assez régulièrement. Or écrire demande d’avoir des plages disponibles. Et puis quand je me suis rendue compte que je nourrissais des pensées du type : « Vivement que les enfants soient grands et quittent la maison ! » ou « Vivement que je sois à la retraite pour pouvoir enfin écrire ! », j’ai trouvé ça à la fois glauque et trop dommage : pour mes enfants, pour moi. J’avais 35-36 ans. Je ne pouvais pas souhaiter zapper toutes ces belles années comme ça ! Alors… j’ai décidé que je ferais tout en même temps : écrire, travailler ET vivre ma vie de famille. C’est à ce moment-là qu’ en cherchant une maison d’édition, je suis tombée sur le concours organisé par Les Nouveaux Auteurs et le journal 20 minutes.
Votre roman est l’heureux lauréat du Prix du roman “20 Minutes” 2020, présidé par Maxime Chattam : Quel a été votre ressenti en apprenant la nouvelle ? Quelles ont été les retombées d’une telle récompense ?
Quand j’ai su que j’étais finaliste puis lauréate, je l’ai vécu comme une explosion de joie intense, un achèvement, une reconnaissance. J’avais le sentiment d’être parvenue à me hisser sur une marche, que j’avais fait le plus dur. Et ce que je ne soupçonnais pas vraiment, c’est que c’était seulement la toute première marche d’une échelle très haute et raide. Je veux dire que la publication s’est accompagnée, dans mon cas, d’un travail énorme, car elle a eu lieu… en période de fermeture des librairies, suite au 2e confinement. Noir de Lune est sorti le 26 novembre… et les librairies ont rouvert le 28. J’ai eu beaucoup de chance, en fin de compte… J’ai compris, et mon éditeur m’a encouragée dans ce sens, que la promotion ne pourrait pas se faire de manière « traditionnelle ». Noir de Lune est un roman né pendant la crise, et donc comme il est impossible d’aller au devant du public physiquement (séances de dédicaces, festival, salons, rien de tout cela n’est plus possible en ce moment), eh bien il m’a fallu compenser par une présence importante sur les réseaux sociaux. J’ai créé des comptes Facebook, Instagram et Twitter, j’ai dû m’approprier le fonctionnement des trois réseaux, y exercer une présence quotidienne pour accompagner, à mon niveau, le travail effectué en parallèle par ma maison d’édition. Cela est à la fois passionnant et chronophage, et je ne m’attendais certainement pas quand j’ai appris que j’avais gagné, à ce que cela modifie à ce point ma vie en entraînant plusieurs heures par jour de travail sur les réseaux ! Ceci dit, j’adore les interactions qu’on y créé et je ne me plains pas de mon sort !
Avez-vous déjà une idée pour votre prochain roman ? D’autres projets littéraires en préparation ?
J’ai des projets pour plusieurs romans, qui germent tranquillement dans ma tête en attendant que le temps de les écrire arrive. Je manque principalement de temps, pas d’inspiration, c’est sûr ! La plupart sont des projets en rapport avec l’imaginaire : fantasy, fantastique, SF…
En ce moment je travaille à un autre roman dans l’univers de Noir et de Bleu de Lune… mais pas forcément une suite pour le moment. Plutôt un préquel. Et j’ai d’autres projets à moyen terme.
Question pêle-mêle : Quel est…?
- Votre livre de chevet ? “La Petite Fadette” de George Sand : c’est un roman champêtre absolument naïf et délicieux. Je l’ai lu peut-être dix ou quinze fois. Il y a une jolie histoire d’amour, le thème de la rédemption, l’idée qu’on peut s’affranchir de son destin si on le désire, le thème de la gémellité. Il me parle…
- Le livre qui cale votre bibliothèque ? Aucun : j’ai du mal à me séparer de mes livres globalement, mais quand je trie, je les mets en boîte à livres.
- Le livre que vous auriez rêvé d’écrire ? “Le Parfum“, de Suskind : cette transposition du sens de l’odorat en mots… quel talent !
- Votre lecture en cours ? “Les Sorcières de Pendle“, de Stacey Halls, en parallèle de “Transition“, un essai de Serge Hefez sur l’évolution du concept de genre, et bien sûr des bandes-dessinées, des manga (en ce moment, la série “Reine d’Egypte“, de Chie Inudoh).
- Si vous deviez comparer votre vie à un roman, lequel serait-ce ? “Les Piliers de la Terre“, de Ken Follet, qui m’avait vraiment marqué dans sa structure narrative, qui entremêle plusieurs fils d’intrigue en un édifice qui s’élève, qui s’élève… A l’image des cathédrales. En ce moment, j’ai l’impression que ma vie est une formidable et permanente architecture : être romancière, prof, maman… Cela demande de l’énergie, de l’investissement personnel, de l’organisation, et des soutiens, mais je suis pour le moment assez fière du résultat et je ne désire qu’une chose : poursuivre la construction !
Un petit mot pour la fin ?
Merci, vraiment mille fois merci de me lire et de parler de mes deux romans : comme je le disais, ils ont la malchance d’arriver à la lumière en des temps bien complexes dans le domaine des arts. Je devrais être en train de rencontrer mes lecteurs aux quatre coins de la France, de programmer des salons, des rencontres pour ce printemps et cet été. Cela n’est pas possible mais je garde l’espoir d’un retour, sinon à la normale, au moins à une situation permettant plus d’échanges et de rencontres en chair et en os. Ceci dit, les réseaux, avec leurs défauts et leurs pièges, sont également un formidable outil de lien humain, pour peu qu’on y reste authentique et vrai, ce que je m’efforce de faire.
A mon tour de vous remercier, chère Estelle, de m’avoir accordé cette petite interview littéraire absolument passionnante ! Si les réseaux sociaux ont leurs avantages comme leurs inconvénients, ils m’ont offert la chance de croiser votre route virtuelle, de découvrir votre plume et lire votre roman ! Aussi est-ce un plaisir pour moi que d’avoir pu vous présenter à mes Bookinautes en attendant de pouvoir vous rencontrer à l’occasion d’un salon ! Alors à votre tour désormais de plonger dans ce formidable bouquin : Si vous l’avez déjà lu, n’hésitez pas à m’en parler… Si vous ne l’avez pas encore lu, c’est le moment ou jamais : Belle rencontre et bonne lecture mes Bookinautes adorés !