Un polar d’une grande noirceur et une autrice qui n’épargne personne… Pas même son lecteur : “Je pensais t’épargner” de Pétronille Rostagnat, paru ce 17 mars 2021 aux éditions Marabout dans la collection BlackLab.
Le pitch : Sordide affaire que celle dont hérite la Commandante Alexane Laroche à son retour de congés : Le corps d’une fillette vient en effet d’être retrouvé dans le coffre d’une voiture de fonction embarquée par la fourrière. Très vite les soupçons se portent sur son conducteur, Nicolas Rousset, dont le comportement pose question puisqu’il ne se rend plus au travail, a quitté le domicile familial pour atterrir dans un hôtel miteux, et vient d’être accusé par son épouse de violences conjugales. Acculé dès lors qu’on découvre l’identité de la victime, celui-ci choisit Maître Pauline Carel pour assurer la défense de ses intérêts dans cette procédure qui ne fait que commencer…
De Pétronille Rostagnat je ne savais rien jusqu’à la parution de son roman “Un jour, tu paieras” l’an dernier : Le premier aux éditions Marabout avec Pauline Carel mais le quatrième de sa bibliographie à la suite d’une trilogie en compagnie d’Alexane Laroche… Deux héroïnes et quatre polars que j’ai pris grand plaisir à rencontrer comme à bouquiner… Deux femmes de caractère qu’il me tardait de retrouver, et pourquoi pas autour d’une même affaire ? Vous aussi, vous en avez rêvé : Pétronille l’a fait !
Fidèles à ses excellentes habitudes littéraires, l’autrice nous happe et nous attrape dès les premières pages au moyen d’un prologue qui donne le ton comme la couleur – c’est de la littérature noire ou je ne m’y connais pas ! – pour mieux nous entraîner au cœur d’une intrigue particulièrement sombre et incroyablement maîtrisée, mais surtout bien plus retorse qu’il n’y paraît, abordant le délicat sujet des maltraitances… Mais pas seulement celles auxquelles on peut tout de suite penser, nous offrant ainsi un angle de vue plus ambitieux mais surtout inédit car (trop) rarement évoqué, et ce alors même que toutes les formes de violences méritent d’être dénoncées. L’autrice nous annonce les faits : A nous de lire entre les lignes pour les interpréter… Dès lors la lecture se fait de plus en plus prenante, addictive et captivante jusqu’à un final… Absolument inattendu et ahurissant qui nous laisse complètement pantois et interdit… Voire même un tantinet frustré pour tout vous avouer…
Mais si l’histoire est si saisissante, c’est aussi parce qu’elle est portée par une poignée de personnages fort bien campés, étoffés avec beaucoup de justesse et de crédibilité pour leur offrir plus de profondeur et d’authenticité. A commencer par nos deux héroïnes, Alexane et Pauline, que l’on est ravi de retrouver mais qu’on prend surtout plaisir à voir avancer et évoluer au gré de ce parcours semé d’embûches qu’on appelle la vie. Elles non plus ne seront pas épargnées tout au long de ce récit, à l’instar des autres personnages, que l’on retrouve ou rencontre avec beaucoup d’intérêt, en espérant retrouver certains d’entre eux pour de prochaines aventures.
Porté par une plume fluide, agréable et soignée mais peut-être plus mature et efficace aussi, un style vif et percutant, rythmé par des chapitres courts lui apportant dynamisme et nervosité, le récit s’en fait d’autant plus addictif, tant et si bien qu’on tourne les pages avec avidité, à la recherche du moindre indice et sans jamais voir le temps passer.
En bref, un polar sinistre et sidérant, mais aussi foudroyant de réalisme et qui n’épargnera personne : Tenez-vous le pour dit !