Ne pas pleurer la mort pour mieux célébrer la vie : “Il ne doit plus jamais rien m’arriver” de Mathieu Persan, paru le 09 mars 2023 aux éditions de l’Iconoclaste.
Le pitch : Le portrait tendre d’une famille et de ses mystères.
Ça a a commencé dans son bas-ventre. Une multiplication de cellules qui semblait anarchique. De mitose en mitose, une forme s’est dessinée. Une protubérance, puis des excroissances sont apparues et un battement rapide s’est fait entendre. C’était il y a bien longtemps, et cet amas de cellules, c’était moi. Flottant dans l’utérus de maman, au chaud, grandissant en paix, protégé du monde par le liquide amniotique.
“Il ne doit plus jamais rien m’arriver.” C’est ce qu’elle a dit quand elle est devenue mère. Dès lors, sa vie n’a plus été qu’une course de saut d’obstacles visant, de contorsions en feintes, à éviter tout événement inopiné. Jusqu’à l’arrivée d’un invité surprise.
Ça a commencé au même endroit, presque de la même façon, trente-sept ans plus tard.
Si Mathieu Persan est un primo romancier, je connais son travail de longue date pour l’admirer en tant qu’illustrateur. Parce que ses unes de magazines sont superbes. Parce que ses affiches sont magnifiques. Parce ses couvertures de romans sont sublimes. Et si jamais vous deviez en douter, vous n’avez qu’à mirer la sienne : C’est lui qui l’a réalisée ! Après son dessin, il me fallait donc découvrir son écriture… Ce que j’ai toutefois tardé à faire, souhaitant me procurer son livre griffé d’une dédicace à l’occasion d’un salon. Et ce jour a fini par arriver, à Livres en Vignes, le 24 septembre dernier !
Je vous avouerai que je n’ai même jamais pris le temps de lire le résumé : Ma confiance pleine et entière en l’illustrateur valait pour l’auteur. Je ne m’attendais donc pas à découvrir un récit à dimension autobiographique aussi touchant. Aussi poignant. Et pourtant si léger.
En effet l’auteur nous présente sa maman. Atteinte d’un cancer, la fin est proche mais la vie s’accroche. Et même face au deuil, même face à l’absence, c’est la vie qui gagne. Le propos pourrait être triste à pleurer mais l’auteur agrémente ce doux portrait des souvenirs d’avant, des anecdotes d’après. Autant de détails qui permettent de combattre les larmes avec le sourire.
En résulte une histoire presque viscérale, pleine de tendresse et de sensibilité, teintée d’humour et empreinte d’une certaine poésie. Cela se sent et se ressent jusque dans cette fascinante couverture dont chaque élément, même le plus infime, compte. Cela se sent et se ressent jusque dans ce titre, énigmatique de prime abord mais qui prend tout son sens au fil de notre lecture et résume à lui seul le message de l’auteur, lequel est servi par une plume fluide et élégante, un style tout en pudeur et émotions.
En bref, voilà sans doute la plus belle façon de rendre hommage à sa mère, à sa famille, à sa histoire, à sa vie. Merci pour elle, merci pour nous, merci pour tout !