Un grand roman d’une noirceur… Immaculée : “Malamute” de Jean-Paul Didierlaurent, paru en mars 2021 au Diable Vauvert.
Le pitch : Pour éviter l’EHPAD dont le menace sa fille, Germain, octogénaire aussi borné qu’abîmé, aussi fourbu que reclus, accepte la compagnie de son neveu Basile qui travaille dans une station du coin tandis que s’installe une jeune femme dans la ferme voisine. Mais alors que chacun tente d’enfouir ses souvenirs dans ce village au cœur des Vosges, une violente tempête de neige isole ces trois solitaires du reste du monde pour mieux faire ressurgir leur passé…
Jean-Paul Didierlaurent est un auteur que j’affectionne tout particulièrement depuis ma rencontre avec Guylain Vignolles, son merveilleux “Liseur du 6h27“, et c’est toujours avec un immense plaisir que je me plonge désormais dans chacune de ses parutions… Mais parce que le hasard fait parfois bien les choses, une opération Masse Critique privilégiée organisée par l’éditeur et le site Babelio m’a finalement permis de découvrir “Malamute” sans plus attendre : Le meilleur moyen de se délivrer d’une tentation étant d’y céder, je n’ai évidemment pas résisté, vous vous en doutez ! Et j’en profite d’ailleurs pour remercier chaudement Au Diable Vauvert et Babelio pour cette belle opportunité !
Curieuse de découvrir de quoi il retournait au-delà de cette couverture de toute beauté, j’ai volontiers atterri au cœur du massif vosgien en compagnie du vieux Germain qui aspire au calme… Avant la tempête. En effet l’auteur nous entraîne ici dans un huis clos à ciel ouvert, pris au piège d’une nature redoutable où la blancheur du décor n’a d’égale que la noirceur de l’intrigue. Une intrigue pleine de neige, d’émotion et de suspense qui nous porte, nous emporte et nous transporte sans qu’on ne voie le temps défiler, tant elle se fait prenante et émouvante dès les premières lignes jusqu’à la dernière page tournée…
Parce qu’elle est sans aucun doute portée par des personnages d’autant plus hauts en couleur qu’ils sont cernés de blanc. Plus habitués à cohabiter avec leur solitude qu’avec leurs congénères, la tempête et son auteur en ont décidé autrement pour mieux les révéler avec leurs secrets, pour mieux leur offrir substance et crédibilité et ainsi nous toucher. Personnage à part entière, la nature a elle aussi toute son importance tandis qu’elle se dévoile dans toute sa splendeur, sa puissance et sa majestuosité.
Mais si l’histoire est si belle, c’est aussi parce que Jean-Paul Didierlaurent s’avère un conteur époustouflant : Sa plume est fluide, agréable et saisissante, son style tout à la fois élégant, emprunt de poésie et teinté d’émotion pour un moment de lecture particulièrement plaisant.
En bref, un superbe roman noir par si noir au cœur d’un magnifique décor blanc pas si blanc : A découvrir sans tarder, tout simplement !