Chroniques 2021 \ A vif de René Manzor

Un formidable “psychopolar” offert par un auteur de talent : “A vif” de René Manzor, paru en mars 2021 aux éditions Calmann Levy.

Le pitch : Alors qu’elle s’apprête à partir en vacances en famille, Julie Fraysse, Capitaine au SRPJ de Toulouse, se retrouve contrainte de différer son départ pour se rendre dans le village de son enfance où l’attend une terrible scène de crime : Une jeune fille immolée dans les bois qui bordent la petite Commune de Gévaugnac. Un meurtre odieux qui n’est pas sans rappeler une précédente affaire dite de “L’Immoleur”, lequel n’a jamais été interpellé. Il est donc demandé à Julie Fraysse de se rapprocher du policier alors en charge de l’enquête, Novak Marek… Actuellement interné en hôpital psychiatrique pour des troubles obsessionnels délirants…

Si l’on attend chaque nouvelle parution de René Manzor avec impatience, ce n’est pas seulement pour son indéniable talent à nous narrer de sombres histoires, c’est aussi pour sa capacité à se réinventer à travers elle… Après “Apocryphe“, l’époustouflant “thriller biblique” qu’il nous a offert en 2018, l’auteur revient donc en librairie pour un roman mêlant brillamment le polar et le thriller psychologique pour une lecture difficile à lâcher sitôt qu’on l’a commencée… D’ailleurs je ne l’ai pas lâchée et c’est avec un scandaleux manque de sommeil que je suis ensuite allée bosser !

Si l’auteur nous ancre dans ce qui s’apparente à une solide réalité, c’est pour mieux nous désorienter et nous manipuler au gré d’une intrigue savamment orchestrée, diablement retorse, riche en rebondissements comme en émotions. Pris au piège de cet engrenage aussi cohérent qu’infernal et soumis à une tension qui ne cesse de grimper, le lecteur se laisse bien volontiers happer par ce bouquin qu’on qualifiera sans hésiter de page turner.
Car la vraie force de ce roman, ce sont ses personnages bigrement bien construits et étoffés en plus d’être intéressants et atypiques. S’il est courant de côtoyer des enquêteurs à travers un polar, il est en effet plus rare d’en rencontrer un dans l’enceinte d’un hôpital psychiatrique, contraint et forcé de faire équipe avec celle qui l’a remplacé. Un duo pour le moins déstabilisant et déstabilisé qui n’a pas fini de nous déstabiliser à notre tour pour une lecture relativement crédible et pleine d’humanité.
Mais si ce roman est aussi captivant, c’est aussi parce qu’il est servi par une plume fluide, efficace et terriblement visuelle, un style tout à la fois vif et soigné, rythmé par des chapitres courts et entraînants qui ne font qu’accélérer cette lecture décidément addictive.

En bref, un savoureux mélange de littérature noire aussi brillant que prenant !

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