Quand le cœur a ses raisons que le polar ignore, c’est un coup de foudre littéraire pour un thriller hors normes : “Dans les brumes de Capelans” d’Olivier Norek, paru ce 07 avril aux éditions Michel Lafon.
Le pitch : Toujours en France et pourtant à l’autre bout du monde, voilà six ans que Victor Coste a fui ses souvenirs et autres dangers du 93 pour la nature sauvage et hostile de Saint-Pierre et Miquelon, petit archipel niché au nord de l’océan Atlantique. Six ans qu’il est devenu un peseur d’âmes dans la fosse aux salauds. Six ans qu’il n’a pas quitté cette armure plus impénétrable que sa safe house. Et puis Fleur Saint-Croix lui envoie Anna, l’unique rescapée d’un Monstre qui rôde toujours. Une victime à protéger dont il faut gagner la confiance pour lever le voile sur ce qu’elle a vécu tandis que les brumes s’abattent sur l’île… N’y a-t-il pas pire ennemi que celui qu’on ne voit pas ?
Quelle ironie que celle d’attendre un retour avec impatience pour se révéler incapable d’en parler une fois le grand jour arrivé ! En effet mes Bookinautes adorés : Après trois romans d’absence, Coste is back… Toutefois vous n’êtes pas prêts, pas plus que je ne l’étais d’ailleurs !
J’avais pourtant pris de l’avance sur vous puisque j’ai eu la chance, l’honneur et le plaisir de me plonger “Dans les brumes de Capelans” bien avant sa sortie. Parce que je sais pouvoir lui faire confiance en toutes circonstances, j’ai suivi mon auteur Chouchou les yeux fermés et me suis ainsi lancée dans ce polar à l’aveugle qu’il me confiait. Très vite j’ai lâché prise et baissé ma garde pour me laisser porter et emporter par cette lecture, m’enfermant à mon tour sur cette île, de laquelle même l’auteur himself n’a pas eu le droit de m’extirper. J’ai donc bouquiné, bouquiné sans discontinuer, bouquiné sans pouvoir m’arrêter, fascinée que j’étais par ce thriller aussi brillant que sidérant. J’ai bouquiné sans relâche et pourtant j’ai pris mon temps, craignant d’ores et déjà le retour à la réalité tandis que le point final s’approchait… Il a fini par arriver mais je n’étais toujours pas décidée à reprendre pied… Je me souviens m’être dit “Merde, je n’ai absolument rien à critiquer !” tant et si bien que je n’ai pas réussi à fermer l’œil du reste de la nuit… Car détrompez-vous mes Bookinautes chéris : Si vous pensiez que je puisse manquer d’objectivité parce qu’il s’agit de mon auteur Chouchou, je n’ai pas la moindre pitié quand il s’agit d’un ami. Mais je vais trop vite en besogne, reprenons ensemble cette lecture…
Délaissant la redoutable jungle urbaine de Seine-Saint-Denis, Olivier Norek nous offre un aller simple pour une petite collectivité d’outre-mer difficile à placer sur une carte, en compagnie d’un Victor Coste plus abîmé et renfermé que jamais. Si lire la Trilogie 93 peut vous aider à en comprendre les raisons – Vous l’avez forcément lue si vous me suivez puisque chez moi sa méconnaissance est un crime passible de la peine de mort… Au cas où, tenez-vous-le pour dit ! ^^ – cette lecture n’est pas indispensable pour se laisser happer par cette intrigue d’autant plus réussie qu’elle est pleine et entière, prenante et palpitante, vertigineuse et immersive.
Loin du tumulte parisien, notre légendaire Capitaine exerce désormais sous Secret Défense, jauge les repentis qu’on lui confie pour savoir s’il(s) mérite(nt) une seconde chance, une renaissance… Oui, les parenthèses sont de mise, faites-moi confiance. Seulement voilà qu’aux repentis s’ajoute une victime dont Victor Coste ne veut pas la responsabilité… Mais Victor reste Coste et sa mission de protection reste à jamais inscrite dans son ADN de flic. Anna débarque donc à Saint-Pierre : Les éléments comme les évènements peuvent à présent se déchainer.
A l’instar de son personnage récurrent, Olivier Norek ne cesse jamais de se mettre en danger pour mieux se révéler, ne cesse jamais de s’exposer pour mieux nous bluffer. C’est ainsi qu’il délaisse le polar pur – sans en abandonner les codes – au profit d’un thriller psychologique finement construit et remarquablement maîtrisé.
Parce qu’il a pris le temps de nous présenter de nouveaux personnages dotés d’un véritable supplément d’âme, construits en profondeur, étoffés en substance. Des personnages qui savent gagner notre intérêt comme notre estime à grand renfort de dialogues tout à la fois percutants et ciselés, ce qui les rend d’autant plus humains et crédibles qu’on a tôt fait de s’y attacher jusqu’à les suivre au bout du monde : Ca tombe bien, nous y sommes…
Un bout du monde que l’auteur décrit avec un impressionnant souci du détail et pour cause, il s’est rendu sur place pour nous faire partager le voyage de sa plume terriblement visuelle, d’une puissance “cinématographique” telle qu’il place son lecteur à l’intérieur même de son décor comme de son intrigue : Dès lors l’expérience devient réelle, votre lecture prend vie… A votre tour les brumes vous ont pris, l’immersion est totale, la réussite aussi.
Et si l’action ne s’installe plus au premier plan cette fois-ci, c’est pour mieux vous prendre au piège d’une atmosphère glaçante et glaciale, d’une ambiance que l’auteur rend judicieusement pesante pour ne pas dire électrique… Dès lors la tension se fait de plus en plus palpable, ne vous laissant aucun répit pour un récit haletant et captivant de la première à la dernière ligne.
Ma chronique est bien fade en comparaison de ce roman sur lequel j’ai encore tant de choses à vous dire, que je ne parviens pas à écrire, à retranscrire… Comment vous dire qu’à travers cette île, son relief, ses habitants, son climat, ses intempéries, j’y ai reconnu la personnalité toute entière de Victor ? Comment vous dire que j’ai l’intime conviction au terme de ma lecture qu’il nous reviendra une nouvelle fois ? Comment vous dire aussi qu’il s’agit sans doute là du roman le plus littéraire qu’Olivier Norek nous ait offert tant sa plume nous ravit, se fait tantôt brutale, tantôt poétique, toujours magique tant elle me fait réfléchir et vibrer d’émotions au fil des chapitres ? Mes mots n’y parviennent pas, contrairement à ceux d’Olivier… Lisez-le, vous comprendrez…
En bref, il serait bien facile de vous dire qu’à travers cette enquête à l’aveugle, Olivier Norek nous en met plein la vue… Et pourtant j’ose : Car je crois avoir trouvé à travers ce roman la définition du mot “magistral”… Parole de lectrice !