Un roman d’aventures d’une incroyable densité : “Pour mourir, le monde” de Yan Lespoux, paru le 24 août aux éditions Agullo.
Le pitch : Quand les empires sombrent, quand les sociétés se délitent, des brèches se créent qui permettent de s’immiscer dans les interstices de l’Histoire.
1627, sur la route des Indes, dans la fureur d’une ville assiégée, dans le dédale des marais et des dunes battues par le vent, l’aventure est en marche et trois héros ordinaires verront leur destins réunis par une tempête dantesque…
Il y a Marie sur la côte landaise. Pour échapper aux autorités qui la recherchent, elle s’est réfugiée dans une communauté de pilleurs d’épaves sous la coupe d’un homme brutal. La jeune fille à peine sortie de l’adolescence refuse pourtant de baisser la tête.
Au Brésil, il y a Diogo, orphelin engagé dans la guérilla portugaise qui tente de reprendre Salvador de Bahia aux Hollandais.
Et à Goa, il y a Fernando, engagé de force dans l’armée portugaise, qui met tout en œuvre pour échapper à sa condition.
Difficile de vous narrer mon expérience littéraire à travers ce roman. Même plusieurs jours après, les images me restent mais les mots me manquent. Parce qu’il est sans aucun doute le livre le plus marquant dans lequel j’aie pu me plonger à l’occasion de cette rentrée littéraire. Un passionnant pavé que l’auteur a pu nous présenter lors d’une rencontre organisée par la Librairie de Corinne à Soulac sur Mer au lendemain de sa sortie : Moi qui avais déjà pu découvrir la plume de cet auteur avec “Presqu’îles“, son recueil de nouvelles paru deux ans plus tôt chez le même éditeur, j’étais ravie !
Ce n’est pas pour rien si je vous parle d’expérience littéraire, tant cette lecture n’en est pas une. Pas seulement une. Pas simplement une. Car l’auteur nous fait autant voyager que remonter le temps, des rivages de la France jusqu’aux Indes en passant par le Brésil au XVIIème siècle pour de nombreuses tribulations plus périlleuses les unes que les autres. Car l’auteur s’est soumis à un impressionnant travail de recherche en partant d’un fait historique tout à fait avéré – un naufrage au large des côtés médocaines – pour nous dépeindre une captivante fresque historique plus réaliste, plus immersive et même plus sensorielle que jamais.
Car l’auteur nous attache – dans tous les sens du terme – au destin de trois jeunes gens bien décidés à maîtriser leur existence, refusant le chemin tout – tristement – tracé qui semble s’imposer à chacun d’eux. Trois personnages fort bien croqués que l’on suit avec empathie et intérêt d’un bout à l’autre du récit.
Car l’auteur ne se contente pas de nous conter cette odyssée maritime, il nous la fait vivre, sentir et ressentir : Ainsi on voit les lieux, on sent les odeurs, on entend les bruits au gré de descriptions envoûtantes à souhait.
Car l’auteur maîtrise son texte comme personne de sa superbe plume, qui retranscrit l’époque tout en restant moderne. Si elle foisonne de protagonistes, de décors, de péripéties, l’intrigue ne nous perd jamais… Mieux : Elle nous happe, nous attrape, nous fascine de sa première scène jusqu’à ses dernières lignes.
Ajoutons à cela un titre – tiré d’un poème – parfait pour cet écrit et une “double” couverture absolument magnifique – Vous comprendrez en soulevant la carte si vous ne l’avez pas encore fait – et vous aurez une idée de ce que représente cet ouvrage.
En bref, pour son premier roman, Yan Lespoux nous offre un épopée époustouflante et exaltante, un bouquin d’aventures érudit et enivrant, servi par une plume magistrale !