Livres et vous ? Livrez-vous… Avec Christophe Wojcik !

Si cela remonte désormais à un peu plus d’une an, je me souviens parfaitement de ma première rencontre avec Christophe Wojcik : Nous étions alors aux Quais du Polar, il s’agissait de son premier salon pour son premier roman, “Le portable“, publié la veille… J’étais curieuse et découvrais ainsi un auteur se jouant de nos travers avec un brin de cynisme et beaucoup de tendresse… Un auteur que j’ai retrouvé en début d’année à Saint-Raphaël avec “Service après-mort“, un second roman paru quelques jours plus tôt : L’occasion était trop belle pour ne pas transformer l’essai avant de vous le présenter à mon tour ! Ainsi Christophe Wojcik a très gentiment accepté de répondre à mes petites questions indiscrètes et je l’en remercie très chaleureusement… Ne me reste plus qu’à vous laisser découvrir ses réponses : Bonne lecture et belle rencontre !

Quel auteur êtes-vous ? Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis un grand auteur : 1 mètre 89, depuis une bonne trentaine d’années.
Mes initiales (ndlr : WC) me prédestinaient sans doute au métier que j’exerce : directeur de… cabinet. Plume ou conseiller : j’ai toujours été un « homme de l’ombre ». Jusqu’à la sortie de mon premier roman. Soudain je n’étais plus dans les coulisses mais propulsé sur la scène… Un bouleversement radical pour moi. Je vous concède y avoir vite pris goût.

Y a-t-il un livre/auteur qui vous a poussé à prendre la plume ? Quel a été votre déclic ?
J’ai toujours aimé écrire. A vingt ans, l’auteur qui m’a le plus et le mieux tenu compagnie est certainement Pascal Quignard, pour la « musicalité » de ces textes : un orfèvre en la matière. Ce goût des mots fut longtemps un plaisir strictement personnel, pour ne pas dire égoïste : ma manière à moi de m’évader. Et puis, un jour, il n’y a pas si longtemps, entouré de toutes ces piles de manuscrits, je me suis décidé à en sélectionner trois parmi des dizaines et à tenter l’aventure éditoriale… Disons que je suis devenu plus « partageur ». A raison. Toutes ces rencontres, ces échanges, ces retours de lecture font de moi un homme heureux.

Après « Le Portable » paru l’an dernier, vous voici de retour en librairie avec « Service après-mort », un court roman dans lequel vous abordez notamment la fin de vie et les obsèques, mais toujours avec amour et humour : D’où vous est venue pareille idée ?
A bien y réfléchir, l’instant de passer de vie à trépas n’est pas un sujet palpitant « en soi ». En réalité, ce qui nous questionne tous, nous interpelle ou nous obsède, est plutôt de savoir comment nous allons y aller et ce qui nous attend ensuite : la mort juste avant et la mort juste après. De là est née l’idée de construire une histoire qui tournicote autour de la mort, comme pour mieux se familiariser avec elle, la conjurer ou l’apprivoiser. Un thème… éternel !

Un court roman dans lequel on rencontre d’abord Antoine, ancienne plume politique devenue orateur funèbre ainsi que Mélina, infirmière en soins palliatifs : Comment ces deux-là se sont-ils invités dans votre imaginaire ?
Précisément, j’ai imaginé ces deux personnages pour faire écho à cette idée de départ. Mélina accompagne les vivants jusqu’à la mort. Antoine accompagne les morts vers l’au-delà. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer… et pour s’aimer. Obstinément. Déraisonnablement. D’un amour « mortel », en somme… Ils jouent avec la Camarde en se jouant d’elle. Mais le jeu est forcément dangereux !

Au-delà des intrigues elles-mêmes et des thématiques que vous y abordez, il semblerait que vous aimiez beaucoup vous jouer de nos travers avec un brin de cynisme et beaucoup de tendresse : Pour quelle raison ? Pensez-vous que la littérature puisse exercer une influence pour y remédier ?
Je ne vois pas bien comment nos vies seraient supportables si nous ne prenions pas le parti d’en rire et d’écouter les battements de nos cœurs. A ma modeste mesure, j’essaie de le traduire dans mes textes, avec mes mots. J’y mets donc de la tendresse, en effet, qui est selon moi l’une de nos plus belles émotions ressenties. Et de l’humour, avec un brin de causticité et une bonne dose de cette dérision que je commence par appliquer à moi-même : tout cela n’est pas très sérieux, dans le fond.
Et puis. Aussi. Surtout. La réalité est suffisamment plombante pour ne pas en « rajouter une couche » dans la fiction, vous ne croyez pas ?

Déjà deux romans à votre actif, mais ce qui frappe toujours autant, c’est l’élégance comme l’éloquence de votre plume dont chaque mot se savoure autant qu’il se lit : En aviez-vous seulement conscience ?
Je suis touché du compliment ! Il est vrai que j’ai une passion infinie pour les mots. Maupassant ne disait-il pas d’eux que « noirs sur le papier blanc », ils sont « l’âme toute nue ? ». J’adore les découvrir, les comprendre ou les explorer, me laisser séduire par eux ou les pousser dans leurs derniers retranchements en les juxtaposant pour voir comment ils réagissent.
Convenez avec moi que le « processus de création » est magique. Au commencement, il n’y rien. Puis une idée. Puis des mots qui, mis bout à bout, forment des phrases qui, elles-mêmes, font des paragraphes qui font des chapitres qui, au final, font un livre… Je trouve cela fascinant.

Votre second roman vient de paraître mais l’inspiration vous a-t-elle déjà soufflé vos prochaines pages ? Quels sont vos projets littéraires ?
Mes projets littéraires sont d’en avoir à foison. Mais n’évoquais-je pas plus haut trois manuscrits envoyés (et d’autres en stock)… ? J’admets que, ces derniers mois, les séquences promotionnelles m’ont bien occupé. Mais j’ai des tas d’histoires en tête et la plume qui me démange fortement, ces temps-ci.

Question pêle-mêle : Quel est…
– Votre livre de chevet ? « Terre des Hommes », d’Antoine de Saint-Exupéry. « Seul l’Esprit s’il souffle sur la glaise peut créer l’Homme »…
– Le livre qui cale votre bibliothèque ? Aucun. Je respecte trop l’objet pour cela.
– Le livre que vous auriez rêvé d’écrire ? Celui que je n’ai pas encore écrit (mais j’y travaille).
– Votre lecture en cours ? Je suis saisi d’une furieuse envie de relire les classiques qui ont peuplé ma jeunesse. Actuellement : « Le vieil homme et la mer » d’Ernest Hemingway.

Si vous deviez comparer votre vie à un roman, lequel serait-ce ?
« L’élégance du hérisson », de Muriel Barbery. Livre magnifique sur l’être et le paraître, ce que nous sommes et ce que nous laissons voir de nous… « Je suis de mon archétype une trahison permanente »…

Un petit mot pour la fin ?
Mille mercis, tout simplement. A vous toutes et vous tous qui, de tant de manières différentes, m’offrez cette chance inouïe de partager le plaisir de lire et d’être lu.

C’est moi qui vous remercie, cher Christophe, de vous être si volontiers soumis à ce petit interrogatoire livresque ! A présent mes Bookinautes, c’est à vous de bouquiner si ce n’est pas encore fait : “Le portable” ou “Service après mort” ? Dans quel titre allez-vous vous plonger ?

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