Un magnifique roman en clair obscur, à l’ombre des montagnes et des absents : “Un beau jour” d’Agnès Laurent, paru le 1er février 2024 aux éditions Récamier.
Le pitch : Tout commence un beau jour d’été. Claude et Marie Cotraz décident de partir faire une excursion en haute montagne, laissant leurs quatre enfants au chalet, seuls. Le temps change, le chien aboie, un violent orage se profile. L’inquiétude gagne la fratrie. Ils connaissent les dangers de la montagne. Elle a englouti tant d’hommes et de femmes sans un mot, et il arrive qu’elle prenne ceux qu’on aime.
Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean se souviendront à jamais de l’attente, de l’angoisse, des éclairs, du sommeil qui vient quand même, et au réveil, de l’espoir d’entendre les parents dans la cuisine. Reviendront-ils ? La montagne livrera-t-elle son secret ?
Cinquante ans de la vie d’une fratrie, racontant le poids du silence, les destins contraires de chaque frère et sœur, aussi unis que déchirés par ce beau jour où tout a basculé.
C’est lors du Salon “Livres en fête” de Saint-Raphaël que j’ai rencontré Agnès Laurent pour la toute première fois, profitant d’ailleurs de l’occasion pour lui faire dédicacer son premier ouvrage… Mais ne dit-on pas qu’un livre dans ma PAL en vaut deux ? Le hasard a voulu que j’aie la chance d’animer une table ronde en sa compagnie au Festival du Livre de Créteil deux mois plus tard afin d’évoquer son second roman, dans lequel je me suis donc plongée… Plutôt deux fois qu’une !
Bien que très différent de son précédent titre, on reconnaît incontestablement l’ADN de l’autrice en ce qu’elle rend fabuleusement romanesque n’importe quel fait divers qui viendrait à l’inspirer. Ici Agnès Laurent dresse un saisissant portrait de l’absence à travers une grande fresque familiale s’étalant sur plus de cinquante ans.
Tout commence “Un beau jour” d’août 1970. Claude et Marie Cotraz décident de partir en randonnée au cœur des montagnes, laissant leurs quatre enfants seuls en leur chalet, les aînés devant s’occuper de leurs cadets. Mais le soleil se cache, le ciel se couvre, un violent orage éclate. Et les parents ne rentrent pas… Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean voient alors leur destin basculer et nous voici pris avec eux dans le tourbillon d’une vie qu’ils n’avaient pas envisagée ainsi. Et nous non plus.
Car ils ne sont pas morts. Non. Ils ont disparu. Si la nuance vous paraît infime, elle a pourtant toute son importance et aura moult conséquences sur cette fratrie qui devra se construire avec cette absence. Cette absence de parents. Cette absence de réponses. Et chacun fera avec ce “sans”, forgera son caractère, se construira différemment tandis que les dommages collatéraux n’oublieront pas non plus la génération suivante. Sans cesse et toujours dans l’ombre de ces parents, toujours présents sans l’être tant ils brillent… Par leur absence…
Ainsi Agnès Laurent évoque l’absence et la disparition, la famille et les liens fraternels, le poids du passé et la (re)construction. Mais elle évoque aussi la montagne. Silencieuse mais qui s’impose presque comme un personnage à part entière tant elle s’avère impitoyable et majestueuse, en dépit même de ce que le réchauffement climatique lui inflige et que l’autrice ne manque pas non plus de souligner.
Reste à savoir si toutes les vérités sont salvatrices et si les souvenirs ne sont pas dangereux… Ce sera à vous de le découvrir aux côtés de cette famille à laquelle on s’attache immanquablement. Toujours est-il que ce roman nous prend aux tripes du début à la fin tant il regorge d’émotions. Des émotions d’autant plus fortes qu’elles sont portées par une plume d’une incroyable sensibilité, soutenues par un style ciselé. En résulte une lecture qui se ressent jusqu’au plus profond de notre âme…
En bref, j’avais aimé le premier livre d’Agnès Laurent. J’ai adoré son second roman. “Un beau jour“, il vous faudra le lire, absolument !