Une suite et fin éprouvante, dont on ne peut sortir indemne : “Et chaque fois, mourir un peu, Tome 2 – Trauma(s)” de Karine Giebel, paru le 10 octobre 2024 aux éditions Récamier.
Le pitch : Après des années sur le front sans arme ni gilet pare-balle, après des années à soigner les autres au péril de sa vie sous l’égide de la croix rouge internationale, après avoir pris de plus en plus de risques jusqu’au risque de trop, une autre guerre attend Grégory.
Lors d’une dernière mission en Afghanistan les rôles s’inversent : les humanitaires deviennent des cibles.
Après tous les combats qu’il a menés, Grégory va devoir sauver sa propre vie et celle de ses collègues.
Karine Giebel nous avait déjà mis à rude épreuve avec le premier tome de cette duologie, que je m’étais procuré à PolarLens quelques jours avant sa sortie, pour le lire dans la foulée… Mais ce n’était rien comparé à ce second opus, un pavé de presque 800 pages que l’autrice m’a dédicacé à Iris Noir Bruxelles le 26 octobre dernier, dans lequel j’avoue m’être plongée en fin d’année pour éviter de m’en charger dans l’avion durant mes congés, mais dont la lecture va longtemps, très longtemps me hanter…
En effet, l’autrice nous ramène aux côtés de Grégory, infirmier en chirurgie pour la Croix Rouge Internationale. Nous sommes en 2010 en Afghanistan, et la descente aux enfers ne fait que commencer pour l’humanitaire et son ami médecin Paul, deux personnages auxquels on s’est tant attaché. Je n’ai pas forcément envie de vous en raconter davantage sur l’histoire elle-même, mais le “s” du titre n’est pas là pour faire joli.
Sans trop en dire, Karine Giebel s’intéresse aux séquelles de l’enfermement. L’enfermement physique, évidemment. Mais l’enfermement psychique, également. L’un et l’autre peuvent être multiples, s’ensuit dès lors une intrigue douloureusement captivante, d’une violence inouïe mais terriblement véridique, pour une lecture d’autant plus bouleversante. Parce qu’on partage chaque épreuve avec Grégory et on souffre avec lui.
Loin d’en faire trop, Karine Giebel se “contente” de nous ancrer dans la réalité, s’étant considérablement documentée sur les sujets qu’elle aborde – des conflits armés secouant le monde ces trente dernières années au traitement des patients “difficile” dans le milieu psychiatrique en passant par le stress post-traumatique et ses séquelles – pour mieux nous y confronter.
C’est dur, à n’en pas douter. Mais c’est aussi dense, intense, prenant, saisissant. Ajoutons à cela une construction d’une remarquable habileté, une plume toujours aussi fascinante, un style vif et percutant… Et vous comprendrez le déferlement d’émotions auxquels on ne peut échapper. Parce qu’au-delà des ténèbres surgit toujours la lumière, une lumière qu’on retrouve dans ce qu’on pourrait appeler “l’instinct de survie”, mais aussi et surtout l’amitié.
En bref, bienvenue à Pandémonium avec Karine Giebel et ce roman profondément touchant, d’une noirceur extrême pourtant plein d’humanité.