L’important, ce ne sont pas les cartes, mais ce que vous en faites : “Veiller sur elle” de Jean-Baptiste Andrea, paru le 17 août 2023 aux éditions de l’Iconoclaste et lauréat du Prix du Roman Fnac.
Le pitch : Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains.
Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d’une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Mais elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l’autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ?
Un roman plein de fougue et d’éclats, habité par la grâce et la beauté.
Jean-Baptiste Andrea fait partie de ces auteurs dont chaque roman est un ravissement. Un auteur dont chaque roman est différent mais sa plume, elle, est unique, incontestablement. Une plume unique qu’on retrouve tous les deux ans. Voilà donc deux ans que j’attendais ce moment. Et quand le moment fut arrivé, j’ai pris mon temps, pour un instant presque en suspens…
Pour “Veiller sur elle“, Jean-Baptiste Andrea nous emmène d’abord au chevet de Mimo, à l’aube de sa vie, prêt à pousser son dernier soupir. Prêt ? Pas tout à fait. Il lui faut encore remonter le temps en notre compagnie, remonter le fil de sa vie, de son œuvre, de ses souvenirs, jusqu’à un passé follement romanesque, comme on n’en fait plus.
Pour “Veiller sur elle“, Jean-Baptiste Andrea nous présente donc Mimo et Viola, deux destins tumultueux que tout oppose mais que le sort décide de conjuguer pour la plus envoûtante des symphonies ou la plus belles des valses, entre deux galaxies qui s’attirent autant qu’elles se repoussent. Ca tombe bien, pour des (faux) jumeaux cosmiques.
Pour “Veiller sur elle“, Jean-Baptiste Andrea ne s’arrête pas là puisqu’il nous entraîne en Italie, une Italie à ses heures les plus sombres, à la recherche d’un trésor enfoui. Les décors sont remarquablement bien dépeints, le contexte aussi.
Pour “Veiller sur elle“, Jean-Baptiste Andrea use surtout de son inimitable plume, tout à la fois pleine de grâce et pleine de fougue, sensible et exaltée, pour un roman sculpté, au style ciselé.
Pour “Veiller sur elle“, il n’en faut pas davantage et très vite l’intrigue nous happe, les émotions nous submergent, l’atmosphère nous enivre, les personnages nous fascinent, l’écriture nous passionne et les mots nous manquent.
En bref, pour “Veiller sur elle“, Jean-Baptiste Andrea sublime son art et nous offre une vraie démonstration de talent à travers un roman vivant. Tout simplement.