Une histoire que l’Histoire a (presque) oubliée… A laquelle une autrice rend magnifiquement hommage avec ses mots : “Bien-Aimée” d’Aurélie Tramier, paru le 31 janvier 2024 aux éditions La Belle Etoile.
Le pitch : « Le soleil giflait le ciel trop bleu et griffait la tuilerie orange. Hans cligna des yeux, ces couleurs l’agressaient. Un éclair l’éblouit : Les Milles… Elisa… Aix-en-Provence, c’était juste à côté. Où était-elle ? Il ne fallait pas la revoir. Il se retourna une dernière fois vers l’entrée du camp et vit sa liberté si chèrement acquise disparaître derrière les grillages. »
Esther reçoit des mains de son père une curieuse montre au dos de laquelle est gravé un nom inconnu : Hans W. Un mois plus tard, en visitant le camp des Milles, elle aperçoit, sur une photo, la même montre au poignet d’une déportée. Bouleversée, Esther se promet de découvrir qui est cette femme.
Camp des Milles, mai 1940. Aix-en-Provence, mai 2022.
Une plongée dans un épisode sombre et méconnu du passé franco-allemand. Une histoire d’amour brisé, de musique et de guerre.
Aurélie Tramier fait partie de ces plumes que j’affectionne énormément, et ce depuis son tout premier titre alors autoédité, publié il y a quelques années. Chaque histoire est une invitation aux sentiments et au bouleversement. Aussi n’ai-je pas hésité une seconde lorsqu’Aurélie m’a proposé de découvrir son nouveau roman, j’en profite d’ailleurs pour la remercier très chaleureusement ainsi que sa maison d’édition pour l’envoi de cet ouvrage que je me suis empressée de bouquiner : Le plus dur à présent, c’est de trouver les mots justes pour vous en parler, les mots justes pour traduire tout ce qu’il a su éveiller en moi…
Loin de sa zone de confort et pourtant fidèle à sa plume comme à ses valeurs, l’autrice s’est livrée à un remarquable travail de recherche et de documentation afin de nous offrir une intrigue à double temporalité pour mieux évoquer des évènements méconnus de l’Histoire et leurs répercussions jusqu’à nos jours. Avant de me plonger dans cette lecture, j’ignorais tout du Camp des Milles, j’ignorais tout de l’internement de ressortissants allemands, essentiellement des artistes, ayant fui l’Allemagne pour la France durant la montée du nazisme et pourtant considérés comme des ennemis, même en zone libre, juste “au cas où”. Triste épisode passé sous silence d’un passé pourtant commun qu’il s’agirait de ne jamais oublier.
Mais plus qu’une simple intrigue, Aurélie Tramier nous propose une poignante aventure littéraire, une immersion pleine et entière au cœur de cette mémoire peu reluisante par le biais d’une montre nimbée de mystère aux côtés de personnages de papier pour mieux rappeler ces êtres historiques qui, eux, ont réellement existé. Une fiction pour mieux porter leur voix et témoigner de l’intolérable, dire l’indicible, malemener nos âmes et même nos sens : La chaleur comme la poussière n’ont pas fini de vous hanter tandis que les émotions vous gagnent et vous submergent pour ne plus vous quitter.
Servie par une écriture d’une infinie douceur, d’une infinie pudeur, particulièrement fluide et pleine d’humanité, un style tout en finesse et sensibilité, la lecture n’en est que plus belle, plus prenante, plus touchante, gravée comme jamais dans nos esprits bien après la dernière page tournée.
En bref, Aurélie Tramier nous fait une nouvelle démonstration de son talent avec ce roman historique, une pépite livresque que je vous invite à découvrir sans tarder.