La magie de Noël s’installe peu à peu dans chaque recoin de notre quotidien… Et gagne également la Gazette du Lecteur et ses interviews ! Raison de plus pour explorer tous les genres et tous les modes d’édition ! Connaissez-vous “La Famille Noël“…? Non ? Elle occupe pourtant l’entier recueil de nouvelles que nous propose la charmante Karine Carville durant l’Avent… A raison d’une nouvelle par jour pour connaître chacun des membres de cette famille en attendant le réveillon, il ne me restait plus qu’à vous présenter leur autrice au gré d’une petite interview… Qu’elle m’a très gentiment accordée ! Je l’en remercie chaleureusement et vous laisse à présent faire plus ample connaissance : Belle rencontre et bonne lecture !
Quelle autrice êtes-vous ? Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
On m’appelle souvent « l’écriveronne » à cause d’un jeu de mots que j’avais eu avec un journaliste dans les années 2010, mais ma communauté m’appelle aussi souvent « Patronne » parce que j’aime parler de ma vie d’auteure entrepreneure avec elle. Est-ce aussi parce que je fais partie des « vieux » auteurs ? Peut-être bien…
En tout cas, j’ai écrit toute ma vie, sans penser être publiée un jour, et je suis très heureuse de voir qu’aujourd’hui j’arrive à vivre de ma passion pour raconter des histoires !
Autrice, mais sans doute aussi lectrice, avant tout : Quelle place tient la lecture dans votre vie ?
Pas d’auteur qui ne soit pas lecteur, je m’en suis rendu compte en suivant de près des dizaines de jeunes auteurs puisque je suis aussi coach en écriture.
La lecture m’a toujours été indispensable, et cela depuis mon plus jeune âge. J’ai un petit côté tsundoku (mot japonais qui qualifie les gens qui achètent plus de livres qu’ils n’arrivent à en livre), et j’ai une pièce bibliothèque chez moi.
La lecture, c’est l’évasion, l’oubli du quotidien, un moment de projection dans une autre vie. Bref, une vraie respiration !
D’où vous est venue l’envie d’écrire ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je crois que ma mère a déclenché mon envie d’écrire en m’offrant un journal intime à la fin de mon CP et en me permettant d’avoir un stylo plume. Je collectionne les stylos plumes depuis toujours…
Pour les sources d’inspiration, elles sont très variées ! J’adore l’univers immersif de la «Eragon » de Christopher Paolini ; je suis fan de Jean-Baptiste Adamsberg, le flic de Fred Vargas ; j’ai trouvé « Les Enfants de la Terre » de JM Auel incroyables ; et je suis aussi une adepte des manhuas et autres mangas avec « Death Note », « Solo Leveling » ou encore « Leviathan Deep Water »… Tellement d’univers et de personnages à explorer ! Et je ne parle pas des poètes maudits ou des BD…
Dans votre bibliographie déjà bien riche, il nous est possible de rencontrer « La Famille Noël »… Un livre et autant de personnages pas comme les autres… Avant de faire plus ample connaissance avec ces derniers, pourriez-vous nous dire un mot sur cet ouvrage et son concept ?
Ah, quelle aventure que celle-là !
En 2022, j’ai eu envie d’écrire un calendrier de l’Avent. L’idée, c’était d’offrir une nouvelle à lire tous les jours à mes lecteurs, un peu comme les livres qu’on avait enfants avec une histoire à lire tous les soirs de l’année. Seulement, j’ai trouvé ça « bateau » et trop facile.
Et soudain, j’ai eu la vision d’une grande famille à table, à laquelle il serait arrivé des choses incroyables durant les semaines qui auraient précédé le réveillon. Bien sûr, chaque personnage aurait un secret à cacher aux autres… J’ai pris une grande feuille, j’ai placé Françoise et Pierre qui étaient pour moi le couple de quinquas pivot dans l’histoire, et je les ai affublés d’une famille déjantée…
La Famille Noël était née.
Fin 2022, les nouvelles ont été distribuées à raison d’une par jour via une newsletter. Et, au vu de l’engouement des lecteurs, je les ai ressorties au format papier collector en 2023. Les livres sont partis beaucoup trop vite alors, cette année, j’ai mis le livre sur Amazon pour satisfaire ceux qui n’avaient pas pu l’avoir l’année dernière.
Vingt-cinq nouvelles et toute une famille dont on s’apprête à croiser les membres hauts en couleur pour des péripéties aussi variées qu’imprévisibles et palpitantes. Sauriez-vous en dresser le portrait ? Comment chacun des Noël s’est-il invité dans votre imaginaire ?
Il y en a qui se sont naturellement imposés, en partant de Françoise et Pierre. Leurs trois filles, par exemple, qui vivent toutes une situation amoureuse très particulière, puis les éventuels gendres, avant que je ne pousse vers les fratries de Françoise et Pierre.
Là, j’ai commencé à me dire que je ne voulais pas faire de la romance ou du feel good : j’ai un lectorat très hétéroclite puisque j’ai la chance d’écrire dans pas mal de genres différents, alors j’ai voulu à la fois satisfaire mes lecteurs, mais aussi permettre à ceux qui ne me connaissent pas du tout d’appréhender tous les genres qui se développent dans mon imaginaire.
C’est pourquoi je suis partie sur des nouvelles d’espionnage, de thriller, de paranormal et même une qui touche à la science-fiction… Tout cela avec des personnages qui sont proches de nous, très humains, touchants… Ou parfois carrément flippants !
Avec cet ouvrage, vous nous faites une belle démonstration de votre talent en explorant tous les genres, du thriller au fantastique en passant par la romance. Comment l’expliquez-vous ? Votre bibliographie se révèle-t-elle aussi bigarrée ?
Oh, oui !
J’ai toujours dit que je n’étais pas contorsionniste, donc que je ne savais pas rentrer dans des cases. C’est ce qui fait ma force, car je suis capable d’écrire dans énormément de genres différents, et même de les mélanger pour augmenter plaisir et suspense. Mais c’est aussi ce qui fait ma faiblesse, car les plateformes comme Amazon n’aiment pas trop le multigenre : ils ne parviennent pas à catégoriser suffisamment bien l’auteur pour vendre efficacement ses œuvres.
Cependant, j’ai toujours dit que je voulais écrire et donner à lire les histoires que j’avais dans la tête et dans le cœur, sans me préoccuper de savoir si cela rentrait dans un genre ou pas. La plupart de mes livres sont, heureusement, plutôt bien catégorisés. Mais il existe aussi des OLNI (objet littéraire non identifié), comme « Cosmos », un mélange de road trip, thriller psychologique, science-fiction et dark romance inversée et qui ont plus de mal à tomber entre les mains des lecteurs, car ces derniers se demandent bien ce que c’est. Heureusement, une fois qu’ils se mettent à lire, ils sont a priori très rapidement emportés par l’histoire !
Pour autant, il semblerait que le thème de Noël ne soit abordé que dans ce seul titre. Pour quelle raison ? En quoi cette fête se révèle-t-elle plus (ou moins) inspirante ?
Je ne suis pas une accro de Noël. Pour moi, cette fête a perdu une part de ce qu’elle devrait être : un moment de partage loin du mercantilisme et du concours de guirlandes lumineuses. J’adore offrir et recevoir des cadeaux, mais l’esprit de Noël n’est plus vraiment présent dans les foyers. Pour moi, un Noël réussi, c’est un réveillon en famille dans lequel on trouve aussi des amis qui étaient seuls ce soir-là, ou même la petite voisine âgée…
Vous semblez aussi à l’aise au format court qu’en version longue, toutefois c’est la nouvelle qui a gagné vos faveurs pour cette aventure littéraire. Si le principe du recueil se révèle particulièrement adapté pour l’Avent, n’avez-vous pas également songé à l’écriture d’un « roman de Noël » ? Pourquoi ?
En fait, au rayon Noël, on trouve pas mal de romances, et c’est un genre qui m’amuse un peu moins que d’autres à écrire, du moins quand il est « tout seul ». À la fin de mon roman « Coup de Bluff », j’ai mis une nouvelle qui est une comédie romantique de Noël. J’ai beaucoup ri en l’écrivant mais, sur un format plus long, cela me semble moins attrayant.
En revanche, si je peux mettre une petite enquête de police ou l’apparition de créatures surnaturelles dans la romance de Noël, je suis partante pour l’écrire !
Cependant, « La Famille Noël » peut aussi se lire comme un roman puisque, d’une nouvelle à l’autre, vous allez recroiser certains personnages et comprendre les liens plus complexes qui les unissent.
Pour quelle raison vous êtes-vous lancée dans l’autoédition ? Aux lecteurs réfractaires à l’autoédition, que diriez-vous pour les convaincre de vous lire ?
J’ai été une pionnière de l’autoédition en 2010 à la suite de la disparition tragique de mon premier éditeur. J’étais consciente qu’il y avait peu de chances que je croise de nouveau la route d’un éditeur, sachant que le premier était déjà une rencontre imprévue. La suite m’a donné tort puisque j’ai eu trois autres éditeurs, mais aujourd’hui je suis seule à la barre, ce qui ne veut pas dire que je ne serai plus jamais publiée chez un éditeur (mais il va falloir qu’il ait de sacrés bons arguments !).
Ce que les lecteurs doivent comprendre, c’est que nous sommes aujourd’hui en train de vivre une division profonde en autoédition. Nous sommes à un embranchement où, d’un côté, vous pourrez toujours lire des livres autoédités, et vous les reconnaîtrez assez vite par la piètre qualité de leurs couvertures ou encore à travers leurs textes simplistes, bourrés de fautes d’orthographe et d’incohérences ; et, de l’autre, vous rencontrerez des auteurs indépendants qui se professionnalisent pour offrir des livres de qualité identique, voire supérieure, aux livres de maisons d’édition. Ces auteurs-là sont des maisons d’édition à eux seuls et rémunèrent des professionnels pour faire exactement le même travail qu’une maison d’édition. La différence ? Ils sont bien mieux rémunérés (spoiler alert, amis lecteurs : les artistes ne vivent pas d’amour des mots et d’eau fraîche du robinet en 2024 !).
Bref, cela va être aux lecteurs de trier le bon grain de l’ivraie, mais je les crois capables de ne pas se laisser duper par de belles couvertures qui cacheraient un mauvais texte, ou par un sourire d’auteur qui dissimulerait un objet-livre de mauvaise qualité. Les lecteurs d’aujourd’hui sont les comités de lecture de demain et élimineront peu à peu les auteurs autoédités pour se diriger naturellement vers des indépendants professionnels.
Si ce livre est de nouveau disponible, en version papier comme au format numérique pour le plus grand bonheur des lecteurs, il y a fort à parier que l’inspiration ne vous manque pas pour de prochaines aventures : Quels sont désormais vos projets littéraires ?
Mon planning éditorial est bouclé jusqu’en 2028 avec plusieurs sorties par an, donc effectivement les projets ne manquent pas !
En ce moment, une campagne Ulule tourne pour faire découvrir mon tout premier thriller psychologique horrifique. Ce livre, à ne pas mettre entre toutes les mains, m’a permis de rentrer bien plus en avant dans le genre de l’horreur auquel je m’étais assez peu frottée jusqu’à présent, et c’est un succès ! Les premiers retours sont excellents et la campagne Ulule a été réussie en 20 h. Bref, je suis très impatiente de faire découvrir à tous mes lecteurs « Le Baiser des Ténèbres ».
Mais en 2025, il sortira aussi la suite de « Cosmos » et de l’urban fantasy.
Un petit mot pour la fin ? Que nous souhaitez-vous pour Noël et l’année 2025 ?
Pour l’année 2025, je souhaite surtout que la culture française, que beaucoup de pays nous envient, reste au cœur des préoccupations de nos dirigeants afin que des régions ne menacent pas de la supprimer drastiquement du budget. J’en parle en connaissance de cause puisque c’est ma région, celle des Pays de la Loire qui vient d’annoncer une coupe franche de plus de 73 % du budget culturel, ce qui impacte directement 150 000 emplois et toutes les catégories d’artistes présentes sur ce territoire.
Je vous souhaite donc à tous de passer une année riche en lectures, en partages, en découvertes, et de ne pas oublier qu’aujourd’hui vous êtes les mécènes des artistes de demain.
Et je conclurai comme sur toutes mes vidéos par : Bisous Bye ! 😉
Un immense merci pour ce bel échange, nous permettant ainsi de vous découvrir… Ainsi que “La Famille Noël” ! Je ne sais pas vous, mes Bookinautes adorés, mais moi, il me tarde de les rencontrer !