Une histoire dramatique et pourtant pleine de poésie : “Les enfants de coeur” de Heather O’Neill, paru ce 16 août chez Seuil.
Le pitch : Montréal, 1914. Rose et Pierrot démarrent mal dans la vie tandis qu’ils sont tous deux abandonnés aux portes d’un orphelinat par leurs mères respectives. Si ces deux-là vont rapidement s’aimer, le destin n’a pas fini de jouer avec eux pour mieux les tourmenter. Maltraités, humiliés, ils n’auront que leurs dons pour se faire remarquer, mais surtout leurs rêves pour s’armer contre le monde entier qui ne cesse de les séparer…
Poursuivant mon marathon lecture pour découvrir au mieux cette rentrée littéraire, c’est avec autant de plaisir que de curiosité que mon choix s’est ensuite arrêté sur ce titre rempli de sens niché au coeur d’une couverture tout à la fois belle et sombre…
Et l’auteure nous entraîne au coeur d’une intrigue d’une grande noirceur et sans coeur où seuls les cœurs de ces deux êtres parviendront à ramener la lumière en battant au même rythme que leurs rêves auxquels ils tiennent et s’accrochent pour vivre et survivre dans cet univers hostile qu’est la réalité…
Et il leur en faut pour résister au cruel destin que l’auteure leur a concoctés d’un bout à l’autre du récit car, s’ils semblent à jamais reliés par un incassable fil, le sort ne cesse de les éprouver et de les séparer pour mieux les rudoyer avant de les retrouver puis recommencer, invitant ainsi le suspense au coeur de cette histoire de coeur où l’amour trouve difficilement sa place tant ils n’y sont guère habitués…
Alors on alterne entre chacun des personnages et on s’émeut de voir l’innocence de ces deux-là se briser sur l’autel de la vie tandis qu’ils glissent et s’enlisent inexorablement dans les bas-fonds de la ville. On s’attache à eux mais rien n’y fait, rien ne leur est décidément épargné, pas plus qu’à nous d’ailleurs qui ne pouvons que constater les dégâts causés.
Mais tels les roseaux de ce monde, ils ploieront, plieront mais jamais ne céderont car ils n’oublieront jamais de rêver pour mieux s’échapper, pour mieux s’évader, pour mieux se sauver. Servis par une plume à la fois cruelle et poétique, un style à la fois dur et onirique, nos protagonistes n’en sont que plus beaux et transcendent les épreuves comme les chapitres pour nous livrer comme un conte prenant et surprenant qui saura nous marquer durablement…
En bref, un roman à la fois rude et fantastique telle une lutte de l’espoir et l’optimisme contre les aléas de la vie… Pour une découverte tout à la fois saisissante et étourdissante !