Je ne vois décidément plus le temps passer… Au détour d’une chronique et entre deux bouquins, voilà qu’il est déjà l’heure de vous livrer une nouvelle interview que je prends tant de plaisir à réaliser, débordant d’imagination mais aussi de motivation quand il s’agit de partir à la rencontre d’auteurs et autres protagonistes essentiels à notre petit monde littéraire, et ce afin de vous révéler le lecteur qui sommeille en chacun d’eux…
Et c’est aujourd’hui la très charmante Dominique Sylvain qui me fait l’immense honneur de relever mon défi !
Auteur de formidables romans noirs, parmi lesquels “Ombres et Soleil“, “Passage du Désir“, “La Nuit de Geronimo, “Le Roi Lézard” ou encore “Cobra“, tous publiés aux éditions Viviane Hamy et en poche chez Points, celle-ci nous revient à présent avec “Kabukicho“, un retour en terre nippone aussi passionnant que sidérant !
C’est grâce à une soirée organisée en juin par la librairie numérique Bookeen que j’eus le plaisir de rencontrer cette sympathique auteur, saisissant d’ailleurs l’occasion pour découvrir sa plume en me plongeant alors dans “L’Archange du Chaos“, polar pour lequel j’eus un vrai coup de cœur. Une semaine plus tard je réitérais l’expérience en la rencontrant de nouveau au Salon du Livre “Saint Maur en Poche“, et repartais alors avec un exemplaire de “Vox” que j’eus le plaisir de dévorer quelques mois plus tard. Et comme le hasard fait bien les choses, j’eus récemment la chance d’être sélectionnée par Babelio pour découvrir son dernier roman, “Kabukicho“, ce qui me permit en outre d’avoir le privilège de la rencontrer une nouvelle fois pour un échange passionnant !
Dès lors il n’était pas concevable pour moi de ne pas sauter le pas en lui proposant de figurer dans cette folle rubrique ! Et en dépit d’un emploi du temps que j’imagine déjà particulièrement chargé, celle-ci a bien volontiers accepté ma petite proposition, ce dont je lui suis extrêmement reconnaissante !
Trêve de bavardages, je ne vous fais pas languir plus longtemps et vous laisse donc découvrir ses réponses… Bonne lecture !
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis auteur de romans noirs depuis un peu plus d’une vingtaine d’années. Je ne sais pas faire grand-chose à part écrire.
Petite ou grosse lectrice ? Quelle place tient la lecture dans votre vie ?
Grosse lectrice, je suppose car, dès que j’ai fini un roman, j’en commence un autre. Vivre sans lire ne me semble pas une option. La lecture est une nourriture, et la littérature, une aventure (du moins pour moi, en tant que romancière).
Quel a été votre premier coup de cœur littéraire ? Et le dernier ?
Concernant mon premier coup de cœur, je crois bien qu’il s’agit des aventures de “Fantômette“ par Georges Chaulet, dans la Bibliothèque rose. Et d’ailleurs ce petit personnage m’a inspirée pour la création de Louise Morvan, l’héroïne de “Baka!“, mon premier roman.
Mon dernier coup de cœur est “Mon Combat“, l’œuvre de Karl Ove Knausgaard. J’ai lu les deux premiers tomes : “La Mort d’un père” et “Un Homme amoureux“. Il parvient à exprimer ce que sont la vie, les doutes, les questionnements d’un homme au début du 21ème siècle. Brillant et courageux.
J’ai aussi beaucoup aimé “Purity” de Jonathan Franzen, pour les mêmes raisons. Ce qui est intéressant, c’est de se glisser dans la tête de nos contemporains, pour saisir l’essence de notre époque. Le genre n’a aucune importance, seul compte le résultat. Et l’acuité du regard.
Y a-t-il un livre/auteur qui vous a poussée à écrire ? Quel a été votre déclic ?
J’ai été très impressionnée par l’ambiance et l’esthétique des romans de Raymond Chandler, et cela a été renforcé par l’esthétique des films noirs adaptés de son œuvre. Mais le déclic s’est produit au début des années 90, quand j’ai débarqué à Tokyo avec ma famille. J’étais travaillée par l’envie d’écrire de la fiction, une envie irrésistible, mais je ne savais pas quel vecteur serait le bon, quel sujet. La découverte de Tokyo, cette ville hypermoderne mais irriguée par une culture forte et ancestrale, a été une révélation. J’ai décidé de raconter l’histoire d’une étrangère débarquant à Tokyo pour y enquêter. Louise Morvan ne maîtrise ni la langue ni les codes, mais est dotée d’un tempérament obstiné et passionné, et veut arriver à ses fins. Avec Louise, l’enquête devient quête.
Quel livre auriez-vous rêvé d’écrire ?
Aucun, parce que j’aspire à écrire un jour un livre irrésistible. Peu importe si j’y parviens, l’essentiel est d’essayer. Je crois plus au processus qu’à la réalisation. Mais je pense que “Zigzag Movie” d’Elmore Leonard, “Tokyo” de Mo Hayder, “Le léopard” de Jo Nesbo, “Mystic River” de Dennis Lehanne et “Complicity” de Iain Banks sont des romans noirs très aboutis.
Si vous deviez comparer votre vie à un roman, lequel serait-ce ?
Aucun. La vie des romanciers est sans intérêt. Tout est dans leurs livres.
Quel est votre livre de chevet ? Et celui qui cale votre bibliothèque ?
Les mêmes que ceux cités précédemment, et je peux ajouter les romans de Manuel Vasquez Montalban, qui avait un style somptueux.
Ceux qui caleraient mes bibliothèques sont nombreux. Je commence beaucoup de livres et en finis assez peu. Beaucoup de gens écrivent de nos jours.
Que nous préparez-vous pour votre prochain roman ?
Une histoire d’infidélités et d’espoirs d’éternité, avec laquelle je me bagarre. J’en suis à la sixième version et n’obtiens toujours pas ce que je veux. Mais ça ne m’affole pas. Je me suis toujours bagarrée avec mes textes.
Un petit mot pour la fin ?
Merci aux lecteurs passionnés. Sans vous, nous n’existons pas.
Voilà donc la lectrice qui se cache derrière cette auteur passionnée et passionnante, aussi charmante que talentueuse, et que je suis particulièrement fière d’avoir rencontrée ! Encore une fois je la remercie très chaleureusement d’avoir pris du temps qu’elle n’avait sûrement pas pour se prêter au jeu de mes petites questions indiscrètes !
Retrouvez dès à présent “Kabukicho” ainsi que tous les autres romans de Dominique Sylvain, publié chez Viviane Hamy et Points, dans toutes les bonnes librairies !
Et pour plus d’informations, n’hésitez pas à parcourir mes chroniques ici :