Compte rendu sur la rencontre avec Brigitte Giraud, organisée par Babelio !

 
Et si je vous parlais de cette rencontre avec Brigitte Giraud autour de son dernier roman “Un loup pour l’homme“, paru chez Flammarion le 23 août dernier ? C’était par un jeudi 14 septembre particulièrement maussade, dans les locaux fort accueillants de Babelio !
 
Mazette… J’ai l’impression que ça fait mille ans qu’on n’a pas papoté rencontres vous et moi ! En même temps l’été représente toujours une période de disette en la matière… Et comme j’en profite pour flamber chez mon Bouquiniste préféré, ajoutez ceci aux impôts ainsi qu’à ma participation à La Parisienne le dimanche 10 septembre et vous saurez pourquoi j’ai dû renoncer à une visite au salon “Le Livre sur la Place” de Nancy… Oui, je sais, c’est moche…

Qu’à cela ne tienne, les choses sérieuses reprennent malgré tout, il est donc grand temps que je retourne au clavier pour vous raconter cette soirée ! La grisaille planait sur le Nord de la France, souvent accompagnée des pluies de circonstance… Pour autant je n’ai pas encore chaussé mes bottes de poupouffe, leur préférant pour le moment de petites ballerines, m’illusionnant qu’il ne fait pas encore si froid dans ma région… Bref, à 16h00 tapantes et après une petite pause technique, j’enfile mes vestes (Oui, MES vestes… J’en ai déjà deux… En septembre oui… On ne se moque pas sinon je sévis !) et file vers la gare de ma ville… Me procure billets de train et tickets de métro au terme d’une interminable attente et saute dans le train, en route pour l’excursion qui débute à 16h40 !
 
18h55, la Gare du Nord m’accueille fraichement, aussi je me dirige directement vers le métro, la ligne 5 m’attend et m’entraîne dans ses méandres avant de me rejeter sur le bord du trottoir parisien à l’arrête Oberkampf… Plus que quelques minutes de marche et je serai arrivée… Je le sais, j’y suis déjà allée… Et ça n’a pas manqué… Avec le code en ma possession, ne me restait plus qu’à pénétrer les lieux de mon pas mouillé…
Chic alors ! Il est déjà 18h20 et je suis pourtant parmi les premières arrivées ! Aussi je me faufile jusqu’à l’avant de cette charmante petite salle pour m’installer au premier rang… Autant être face à l’auteure pour la voir et l’écouter… Mais aussi prendre quelques photos en souvenirs ! La salle se remplit bien vite, l’auteure nous rejoint puis s’assied aux côtés de Pierre Krause, prêt à animer la soirée… La rencontre peut commencer…
 
Je suis moi-même ravie de pouvoir découvrir cette talentueuse auteure, déjà Goncourt de la Nouvelle en 2007 et en lice notamment pour le Goncourt cette année pour son ultime roman “Un loup pour l’homme“, le premier livre que je lis d’elle, et probablement pas le dernier. Et bien vite nous entrons dans le vif du sujet… Mais aussi une sorte d’intimité car l’auteure ne tarde pas à nous confier que le bébé dont il est question dans  ce roman, c’est un peu elle…

En fait, si la Guerre d’Algérie est un thème récurrent de cette rentrée littéraire pour être aussi le sujet notamment du roman d’Alice Zeniter, c’est aussi pour elle une part de l’Histoire qui la concerne d’un point de vue parental et paternel, une part dont elle a fini par parler une fois qu’elle s’est sentie les épaules suffisamment larges l’autorisant à le faire, mais surtout après avoir pu en discuter avec son père. C’était même un récit nécessaire pour celle qui est née à Sidi Bel Abbès, lieu où se déroule le récit, une fois qu’elle a pu entamer le processus d’écriture.
 
Mais si elle s’est toujours sentie concernée par l’Algérie et tout ce qui touche à ce pays, elle n’y est retournée qu’une fois pour raisons sentimentales et purement personnelles, et pas à Sidi Bel Abbès. Ainsi ne voulait-elle pas non plus écrire un roman historique. Si elle y a inséré beaucoup de repères permettant au lecteur de se situer dans le temps, ce roman est un mélange de souvenirs, de connaissances et d’imaginaire, mais aussi d’éléments rapportés par ses parents, surtout son père qui a fini par s’ouvrir à son oreille sur cette période de l’Histoire dont on ne parle pas, dont on ne veut pas parler. Car finalement peu de gens savent ce qu’il s’est réellement passé à cette époque… Une époque où les Français savaient à peine situer l’Algérie sur une carte… Une période où les Français savaient à peine que certains de leurs compatriotes y vivaient…
Finalement ce livre lui permet de jeter un autre regard sur sa propre famille… Car Antoine est un personnage directement inspiré de son père, lui aussi infirmier pendant cette Guerre… Et Lila est un personnage très proche de sa mère qui l’a rejoint, et l’a portée elle… Un peu comme un miroir déformé devant lequel elle exposait le portrait idéalisé et fantasmé de ses parents… Décrivant ces derniers comme elle les imaginait à cette époque… Parce qu’il n’est pas si facile d’écrire sur ses parents avant sa naissance, quand ils sont jeunes, amoureux et vivent leur vie de grands enfants insouciants… Bien qu’un peu gênée, l’auteure l’a écrit puis a confié son livre à ses parents, surtout pour connaître leur point de vue sur la cohérence. Et s’ils n’en ont pas beaucoup parlé, il semble leur avoir plu, et son père a validé dans l’ensemble le contenu.
 
Et Oscar était pour elle aussi important. Inspiré d’une anecdote que lui a confiée son père, il lui a permis de mettre en valeur cette notion de fraternité qui lui est si chère. Car c’est parce qu’il rencontre Oscar qu’Antoine trouve une raison à sa présence en Algérie et parvient à donner du sens à sa mission. Et si “L’homme est un loup pour l’homme” dixit Thomas Hobbes, l’auteure a fait le choix de prendre cette citation à l’envers en partant du principe que le loup pouvait sauver l’homme, venir dans la nuit pour le protéger, référence à la troisième partie du roman qui en a de fait changé de nom puisqu’on partait au départ sur “L’homme debout”…
Ainsi s’achevait cet échange littéraire passionnant… S’ensuivaient quelques questions et remarques du public présent avant d’enchaîner sur la séance de dédicaces agrémentée d’un petit cocktail dinatoire très convivial… Je me ruais discrètement vers la table de dédicaces, tout en laissant la première place à ma voisine, n’aimant pas avoir la primeur de l’échange… Et en bonne deuxième que j’étais, j’ai finalement pu discuter un peu avec cette charmante auteure qui ne manquait pas de me dédicacer mon précieux exemplaire…
 
C’est donc ravie… Mais quelque peu pressée que je terminais mon toast ainsi que mon verre, prenais encore une ou deux photos et repartais dans la nuit et le froid en direction du métro, ligne 5… Gare du Nord… L’avant dernier train… Et c’est reparti pour un tour… Jusqu’au prochain…
 

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