Chroniques 2018 Rubiel e(s)t moi de Vincent Lahouze

Ou comment se construire avec une double identité sans comprendre son passé : “Rubiel e(s)t moi” de Vincent Lahouze, paru ce 30 août aux éditions Michel Lafon.
 
Le pitch : “Si je devais me souvenir d’une chose, d’une seule chose, ce serait la vision des murs gris de l’Orphelinat du Bienestar de Medellin et des portes qui claquaient lorsque nous courions dans les couloirs, le bruit sourd de mes pieds nus sur le parquet de bois délavé et poussiéreux. Oui, d’aussi loin que je me souvienne, la couleur n’existait pas.
Je suis né en Colombie, à la fin de l’année 1987, mais je n’ai commencé à vivre qu’en 1991.”
 
Quand je me suis rendue en librairie, il n’y avait qu’un seul exemplaire de ce roman… Comme un seul cri du coeur qu’il me fallait absolument écouter… Comme s’il m’attendait pour libérer toute la puissance de ses mots… Je l’ai donc emporté, ravie de pouvoir enfin retrouver la plume et l’âme de cet auteur que je côtoie depuis longtemps sur les réseaux sociaux, mais cette fois-ci dans un premier roman : SON premier roman…
 
Car on ne peut pas plus personnel que celui-ci… Sans pour autant être autobiographique, il est évident que l’auteur a écrit chacune de ces pages à l’encre de ses tripes avec un titre qui résonne et raisonne au plus profond de son être…
Car Vincent est né Rubiel… C’était en 1987, et la Colombie lui ouvrait alors les portes de l’orphelinat… Quatre ans plus tard, Rubiel tire sa révérence pour devenir Vincent auprès de ses parents adoptifs qui l’emmène en France… C’est l’heure de la Renaissance… Mais Rubiel dans tout ça ?
Car Vincent n’a pas oublié Rubiel ni les quelques souvenirs qui vont avec… Alors il lui donne la parole dans ce roman à la construction aussi originale qu’émouvante… Vincent nous raconte la vie qu’il a eue… Rubiel nous raconte la vie qu’il aurait pu avoir…
Une vie là-bas, en Colombie, pour un voyage au bout de la vie… Il aurait pu grandir dans ce pays qu’il décrit si bien et auquel il est tant attaché… Il aurait pu grandir dans ce pays au coeur de la violence tandis que l’émotion saisit le lecteur à la gorge pour ne plus le lâcher…
Seulement cela n’a pas été, et Vincent prend lui aussi la parole pour nous confier sa vie, tiraillé qu’il est entre deux pays, quatre parents et des bribes de passé sur lesquels on ne peut rien construire… Comment faire pour savoir où aller quand on ne sait pas d’où l’on vient…
Alors Vincent/Rubiel nous livre ici un roman profondément sincère et authentique, profondément bouleversant et humain… Parce qu’il nous parle de vie, parce qu’il nous parle d’amour, parce qu’il nous parle de lui… Parce qu’il se livre d’une plume sensible et vibrante de tout ce qui bouillonne en lui… Parce qu’il nous offre un roman qui le reflète en son entier, dans toute sa complexité…
 
En bref, le poignant roman d’une vie comme un puzzle qu’il faut assembler… Pourvu qu’on en ait tous les morceaux…

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