Lecture commune Avec Franck et Françoise : Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq

Mes chers amis, je vous souhaite le bonjour ! Qu’il est doux de vous retrouver par ici en ces temps troublés, profitant de cet espace de partage comme d’une bulle d’oxygène, absolument vitale bien que virtuelle ! En effet nous sommes confinés, donc séparés pour une durée qui tend malheureusement à s’allonger… Mais qu’à cela ne tienne, nous nous abreuverons de lecture et d’eau fraîche pour garder le moral, surmonter cette épreuve et ressortir plus forts que jamais !
Aussi je poursuis mes folles tribulations livresques… Et ce en belle compagnie puisque je le fais avec deux des membres de ma DreamBookTeam pour une lecture commune, autrement dit un avis à trois têtes et une chronique à six mains : C’est encore plus chouette ! Et parce qu’il est décidément plus facile de se challenger quand on est bien accompagné, j’ai décidé de me lancer avec eux dans une lecture défi : Celle de Michel Houellebecq, avec “Extension du domaine de la lutte“, publié aux éditions Flammarion mais que nous avons découvert dans sa version poche publiée aux éditions J’ai Lu
Le livre dans ses moindres détails…
Format lu : Poche – 160 pages
 
Résumé : Voici l’odyssée désenchantée d’un informaticien entre deux âges, jouant son rôle en observant les mouvements humains et les banalités qui s’échangent autour des machines à café. L’installation d’un progiciel en province lui permettra d’étendre le champ de ses observations, d’anéantir les dernières illusions d’un collègue – obsédé malchanceux – et d’élaborer une théorie complète du libéralisme, qu’il soit économique ou sexuel.
 
Incipit : “Vendredi soir, j’étais invité à une soirée chez un collègue de travail. On était une bonne trentaine, rien que des cadres moyens âgés de vingt-cinq à quarante ans.”
 
 
Verdict de mes acolytes…
Parce qu’il me plaît assez d’explorer tous les horizons littéraires possibles, je profite assez souvent de cette rubrique pour proposer en lecture commune des titres dans lesquels je ne me serais sans doute jamais plongée sans être accompagnée de mes charmants acolytes… Incontestablement ce livre répondait à tous ces critères, et je suis ravie que Franck et Françoise ait accepté de se soumettre avec moi à ce livresque exercice, pour lequel chacun disposait d’un exemplaire afin de lire sans aucune contrainte de timing !
 
Premier de l’équipe à me rendre son avis, Franck dira qu’avec ce livre, Michel Houellebecq rend compte du monde dans lequel nous vivons, renouant dès lors avec la grande tradition réaliste du XIXème siècle. En grand observateur de ses contemporains, le narrateur nous donne une vision nihiliste de la vie sans autre issue que… La dépression ou la disparition pure et simple, ce dernier s’avérant incapable d’adhérer à ce monde.
Franck nous dira encore de ce roman qu’il est certes déprimant mais fort intéressant dans la thèse qu’y développe l’auteur : Selon lui le libéralisme sexuel y est jugé aussi impitoyable que le libéralisme économique puisque le corps désirant lui-même vit dans la privation. Le libéralisme sexuel, c’est justement l’extension du domaine de la lutte à tous les âges et toutes les classes sociales car les principes du libéralisme économique ont investi le champ des rapports intimes.
Selon Franck, l’humour chez Houellebecq côtoie toujours le tragique. Il écrit de manière à ce que son style exprime au mieux celui de ses personnages et des situations qu’il décrit. Ses phrases, courtes et incisives, donnent du rythme à son récit.
Toujours selon Franck, on sent l’influence de Schopenhauer dans ce texte par les thèmes abordés et traités : le malaise existentiel, la difficulté de vivre, les frustrations et souffrances, la  solitude des êtres et le sexe dans tous ses avatars. En outre l’auteur a la capacité de jongler avec les styles d’écriture et les registres narratifs en alternant la médiation existentielle et l’ironie salvatrice. Drôle et tragique à la fois, Michel Houellebecq se moque de nous, et en cela il est grand, analysera Franck en conclusion…
 
Si Françoise a quelque peu tardé pour me livrer à son tour son avis, c’est parce qu’elle ne savait trop qu’en dire à l’issue de sa lecture, qu’elle résumera par la suite comme un monument de réflexion, parfois attachant, parfois profondément irritant ou même désespérant…
Selon Françoise, ce livre est un essai qui filtre et instille au fil des pages un poison dont nous n’avons guère besoin, surtout en ce moment ! N’allez pas croire qu’elle regrette d’avoir lu ce bouquin, bien au contraire ! Pour autant elle m’avouera qu’il est probable que celui-ci se retrouve finalement au fin fond de sa bibliothèque voire sous un pied pour la caler, tant son contenu a pu l’écœurer… Elle dira pourtant y avoir savouré de beaux passages sur la médiation de l’écriture, sur le rapport au réel, mais pour ensuite être révoltée par la conception exposée des rapports humains, le libéralisme sexuel, ainsi que l’auteur l’explique, en faisant un parallèle avec le libéralisme économique… Infect en soi mais contre lequel on peut toutefois se prémunir avec un minimum d’organisation…
Au final Françoise s’est forcée à finir cette lecture et conclura en me disant que, quand bien même l’auteur peut être intéressant, de même que les idées qu’il véhicule parce que très bien écrites notamment, elle ne pense pas rouvrir l’un de ses ouvrages tant il a pu heurter sa conception du monde et des relations interpersonnelles…

Et votre blogueuse dans tout ça ?

Et bien votre blogueuse a désormais compris qu’elle n’était décidément pas le public visé pour lire ce genre de titres… A peine ma lecture du premier chapitre achevée, j’avais déjà compris que lire les 150 pages suivantes allaient s’avérer compliqué…
Et ça n’a pas manqué… Si j’en suis tout de même venue à bout parce qu’il faut tout de même lui reconnaître une remarquable écriture et un inimitable style, j’ai trouvé l’auteur inutilement provocant, son livre inutilement sulfureux, son propos inutilement révoltant, sa morale inutilement déprimante…
Autrement dit je suis complètement passée à côté de cette lecture, cela arrive… Pour autant je pense aussi que ce livre a sans doute pâti de la situation actuelle pour avoir été lu… Au mauvais moment, raison pour laquelle je serai moins catégorique que Françoise et pense tout de même laisser une autre chance à l’auteur… Mais… Plus tard…

Le mot de la fin…

De mémoire de blogueuse, c’est la première fois que je livre un article aussi négatif… Si vous m’en voyez fort contrite car je suis habituellement très bon public, il me tenait tout de même à coeur de vous le livrer en gage de ma sincérité… Et tenons-nous le pour dit : Nous connaîtrons de meilleurs moments, de lecture comme dans la vie ! Alors à très vite mes petits lecteurs chéris !
 


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