Chroniques 2022 \ Le soldat désaccordé de Gilles Marchand

Quand l’horreur de la guerre parvient à côtoyer l’amour le plus sincère grâce à une plume terriblement poétique qui sublime tout un récit : “Le soldat désaccordé” de Gilles Marchand, paru le 19 août 2022 aux Forges de Vulcain.

Le pitch : Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.

Depuis que j’ai découvert la plume de Gilles Marchand, je ne loupe pas un de ses romans. Car chaque roman est une merveille. A chaque roman, je me dis toutefois qu’il ne pourra pas faire plus exceptionnel… Mais chaque roman me prouve que j’ai magnifiquement tort : Et celui-ci ne fait pas exception à la règle !

Une fois n’est pas coutume, Gilles Marchand a choisi cette fois-ci de remonter le temps, un peu plus que d’habitude, pour mieux sortir de sa zone de confort… Et nous époustoufler plus encore. On oublie les copains, les cafés et on plonge au coeur de la guerre, la Grande Guerre, cette terrible guerre mondiale dont on espérait qu’elle soit la seule mais qui n’aura été que la “Première”… Si la Guerre est terminée, ses stigmates sont encore profonds et ses disparus innombrables. Estropié dès le début du conflit, notre narrateur n’a pourtant jamais cessé d’être présent pour soutenir ses frères d’armes et, aujourd’hui encore, il enquête pour retrouver les soldats qui manquent toujours à l’appel afin d’apporter des réponses et une vérité à leurs familles qui n’attendent que ça. C’est ainsi qu’il se lance à corps perdu sur les traces d’Emile… Et qu’il va découvrir Lucie.
De notre narrateur, nous ne connaîtrons jamais le nom, sans doute pour laisser toute la place à ces deux-là. Ces deux-là dont l’amour ne cessera jamais de briller en dépit de l’enfer, du chaos, de l’effroi, de cette humanité qui se nie et s’annihile sans trop savoir pourquoi. Ces deux-là qui nous entraînent dans un véritable tourbillon d’émotions dont il est impossible de sortir indemne. Ces deux-là qui nous offrent un peu de lumière même là où il n’y en a pas.
A l’instar de notre narrateur qui prend très à cœur cette mission, nous nous glissons avec passion dans le sillon d’Emile puis de Lucie, nous nous laissons bercer, consoler, rassurer par la Fille de la Lune, nous nous laissons happer par cette intrigue tout à la fois magique et tragique, servie par une plume incroyablement poétique, d’une profonde tendresse et d’une sensibilité rare, soutenue par un style incandescent d’une infinie beauté.

En bref, qualifier cette lecture d’immense coup de cœur n’est pas encore assez fort tant j’en ressors émue, touchée, bouleversée par cette lecture intense. Merci Gilles Marchand pour ce superbe roman.

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