Souhaitant vous donner le sourire d’emblée afin que 2023 démarre sous les meilleurs auspices, j’ai voulu conjuguer polar et humour pour la première Gazette de l’année ! Aussi ai-je sollicité la fine fleur du french cosy mystery et c’est avec bonheur que j’ai vu Naëlle Charles ainsi que Margot et Jean Le Moal se prêter au jeu de mes petites questions indiscrètes, me permettant de vous faire découvrir plus avant leurs bibliographies respectives ! Prêts à savourer leurs réponses avant de plonger dans leurs aventures ? Bonne lecture !
Quelle autrice es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Nathalie (Naëlle est en réalité la contraction de mon prénom et de celui de ma fille) et j’écris depuis 2009. Auparavant, j’étais autrice de romances (sous le pseudo Nathalie Charlier), en autoédition et dans la collection &H (HarperCollins).
Puis, en 2018, sans rien dire à personne, j’ai écrit le tome 1 de « Bigoudis & petites enquêtes » que j’ai ensuite publié en autoédition via Librinova. Il a plutôt bien fonctionné, assez pour me permettre de décrocher un contrat d’agent littéraire et pour que je sois repérée par les éditions de l’Archipel.
Sinon, je vis en Alsace, non loin de Strasbourg, je suis mariée et maman de quatre grands enfants, et nouvellement mamie d’une adorable petite Arielle. J’adore lire, tricoter, les randos en forêt, et les séries policières anglaises et scandinaves.
Quels auteurs êtes-vous ? Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Nous sommes un couple marié depuis… 32 ans et parents de deux enfants. Nous exerçons tous les deux le métier d’ingénieur. Nous écrivons donc pendant les week-ends, les temps de vacances et les déplacements professionnels en train ou en avion. Jean écrit depuis 2012 des thrillers, et Margot a toujours tenu le rôle complexe d’éditrice. C’est donc presque naturellement que nous en sommes venus à écrire ensemble.
Pourquoi avoir choisi le cosy mystery pour commettre tes crimes littéraires ?
En 2018, j’ai fait ce que j’appellerais ma crise de la cinquantaine. Je me suis rendu compte que je me lassais de la romance, comme si j’avais écrit tout ce que je voulais raconter et que je n’avais plus rien à dire d’intéressant. C’était assez bizarre, et je t’avoue que ce n’est pas une période dont je garde un très bon souvenir. Remettre toute sa carrière en question est douloureux, mais parfois nécessaire pour avancer dans la bonne direction.
C’est à peu près à ce moment-là que j’ai réalisé que je préférais lire des polars plutôt que des romances. Or, il est impératif d’aimer lire le genre dans lequel on écrit. C’était donc un vrai problème. Ainsi, sur une PAL contenant dix bouquins, il y avait neuf polars/thrillers et une romance. Là, je me suis dit qu’il était peut-être temps pour moi de me poser les bonnes questions.
C’est aussi à cette époque-là que j’ai lu le premier tome des « Détectives du Yorkshire » de Julia Chapman. J’ai découvert une autre forme de polar, plus légère, qui me convenait bien mieux en tant que romancière. Alors que je ne me sentais pas légitime pour écrire un roman policier, j’ai compris que le cosy mystery était vraiment dans mes cordes et qu’il y avait quelque chose à faire.
Pourquoi avoir choisi le cosy mystery pour commettre vos crimes littéraires ?
Nous avons voulu rester dans le monde du mystère, mais en y joignant un côté humoristique et détente. Le plaisir de retrouver les personnages à chaque tome, de créer des amitiés, de les faire évoluer, tout en gardant une intrigue en fil rouge. Le cosy mystery était donc particulièrement adapté pour répondre à nos envies.
Des crimes écrits sous un (autre) pseudo : Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Écrire autre chose que de la romance a été compliqué et il m’a fallu du temps pour me décider. Le publier, bien moins. Dans mon esprit, il était évident que ce ne serait pas sous le même pseudo. Déjà, il fallait que je marque le changement de genre littéraire. Parce que, vois-tu, en France, on aime bien les cases. Or, « Bigoudis » est avant tout un polar, un polar humoristique je le concède, mais un polar quand même. La vie privée des héros ne sera jamais plus importante que leurs enquêtes. C’était également une façon de prévenir mes lectrices, de façon à ce qu’elles soient conscientes de ce qu’elles allaient lire.
Et puis, je l’ai pris comme un nouveau départ, une façon de repartir à zéro et de tout recommencer. C’était un vrai risque, mais je ne l’ai jamais regretté.
Des crimes écrits sous un (autre) pseudo : Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Nous avons écrit des thrillers sous le nom de Jacques Vandroux. La raison du choix d’un nouveau pseudo était double : apparaître tous les deux comme auteurs et faire une coupure avec le monde des thrillers. Notre éditrice et nous souhaitions séparer les genres.
Le cosy-crime s’est d’abord perpétré en terre anglo-saxonne… Quels auteurs ont nourri ton imaginaire ? Plus largement quelles sont tes sources d’inspiration ?
Agatha Christie évidemment ! Ado et même plus tard, j’ai lu bon nombre de ses romans. Encore que, pour moi, seule Miss Marple entre dans les codes du cosy crime. Je suis fascinée par l’imagination de cette romancière, tout comme par le personnage.
Plus récemment, c’est-à-dire en 2018, le premier cosy mystery que j’ai acheté, c’est « Rendez-vous avec le crime » (le tome 1 des « Détectives du Yorkshire ») de Julia Chapman. C’est en lisant ce roman que j’ai eu envie d’écrire une comédie policière. Ça a été une véritable révélation. Ensuite, j’ai découvert « Agatha Raisin » de MC Beaton que j’adore. Plus généralement, je lis à peu près tout ce qui s’écrit en cosy crime. Certains sont excellents, comme la série « Magritte » de Nadine Monfils ou « Les détectives du Yorkshire » que j’ai évoqué plus haut. J’ai une tendresse particulière pour Julia Chapman qui est une femme absolument charmante et pour ses romans.
Concernant l’inspiration, je ne vais pas être très originale et répéter ce que disent de nombreux écrivains. Je trouve mon inspiration partout et nulle part. Un film, une série, un roman, une chanson, une idée avant de m’endormir…
Le cosy crime s’est d’abord perpétré en terre anglo-saxonne… Quels auteurs ont nourri votre imaginaire ? Plus largement quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je pense que nous avons presque tous lu quelques romans d’Agatha Christie, mais c’est surtout un Français qui nous a inspirés : Charles Exbrayat, avec les aventures de son écossaise Imogène et d’autres romans truculents. Plus récemment, Margot a lu la série « Les détectives du Yorkshire ». C’est cette découverte qui a été le déclic : et pourquoi pas nous ?
Tu as préféré sévir en Alsace : Pourquoi avoir opté pour cette région ? Peux-tu nous offrir une petite visite guidée de Wahlbourg ?
J’ai longuement cherché un endroit, avant de me rendre compte qu’on écrit tellement mieux quand on connaît les lieux et la mentalité des habitants. Un des codes du cosy crime est que l’action se passe dans une petite ville (souvent à la campagne). Je suis Alsacienne, je vis en Alsace, alors quel meilleur endroit que celui-là ?
Wahlbourg est une petite ville fictive d’environ 5000 habitants, située au pied des vignobles, à quelques encablures de Strasbourg. La vie y est douce et agréable, parce que tout le monde connaît tout le monde. Jusqu’au jour où…
Vous avez préféré sévir en Bretagne : Pourquoi avoir opté pour cette région ? Pouvez-vous nous offrir une petite visite guidée de Locmaria ?
Nous avons d’abord imaginé un Français s’installant dans le sud de l’Angleterre, que nous connaissons un peu. Mais cette idée n’a duré que quelques heures. Nous étions en Bretagne et en regardant autour de nous, l’évidence nous a sauté aux yeux. Pourquoi franchir la Manche ? Avec ses paysages, sa culture et ses traditions, la Bretagne était une terre idéale pour y placer un cosy mystery.
Le village de Locmaria du roman n’existe pas sur une carte. Cependant, toute personne qui a séjourné en Bretagne en reconnaîtra des lieux : son petit port, sa vieille église en granit, ses plages et ses rochers (Armor), la campagne avec ses sous-bois (Argoat). Un village tranquille en apparence, et plus si tranquille quand Cathie Wald, notre héroïne alsacienne, s’y installe.
Coiffeuse de son état, Léopoldine Courtecuisse mène l’enquête : Que dirais-tu pour la décrire ? Comment s’est-elle invitée sous ta plume ?
Je vais te livrer un scoop. Dans la première version, j’avais créé le crime, mais le personnage qui menait l’enquête était Léna, une caissière divorcée, mère de quatre enfants et en galère totale. Puis, je me suis rendu compte que j’étais bloquée, parce que quelque chose ne collait pas. L’héroïne ne correspondait pas à ce que je souhaitais. J’avais envie d’une femme forte, indépendante, qui avait su rebondir après une séparation douloureuse et qui avait réussi professionnellement. C’est comme ça que Léopoldine Courtecuisse a vu le jour, avec ses faiblesses, mais aussi ce caractère tenace et ce culot qui lui permettent d’affronter toutes les situations, même les plus délicates. Léna est devenue par la suite un personnage secondaire récurrent.
J’ai imaginé Léopoldine en quelques heures. Je la voulais jolie mais pas trop, intelligente mais pas trop, presque banale en somme. En fait, c’est une femme ordinaire à qui il arrive une aventure extraordinaire. Je trouve que ça la résume assez bien.
Restauratrice de son état, Cathie Wald mène l’enquête : Que diriez-vous pour la décrire ? Comment s’est-elle invitée sous votre plume ?
Jean est d’origine bretonne et Margot est née et a vécu à Strasbourg. Il a rapidement été évident que Cathie serait alsacienne. Cela nous a permis de jouer avec deux régions chères à notre cœur, riches en traditions et d’un caractère fort.
Cathie quitte son Alsace natale à l’aube de la cinquantaine pour venir s’installer dans une superbe maison et ouvrir un restaurant de tartes flambées : Bretzel et beurre salé. Nous avons jeté un mystère autour de son arrivée, que nous dévoilons au cours des tomes. C’est une mère de famille, célibataire, à la fois forte et toujours marquée par quelques fêlures de sa précédente vie. Franchise et amitié sont ses deux crédos, même si cela lui joue parfois des tours.
Mais « que fait la police » dans tes récits ?
Wahlbourg est une petite ville de campagne, donc selon toute logique en zone gendarmerie. Et puis, tout à fait entre nous, j’ai un fils qui se prénomme Quentin et qui est gendarme. Tu vois, je ne cherche pas mon inspiration très loin. Plus concrètement, c’est pratique de pouvoir lui envoyer des textos pour l’interroger sur les procédures et d’obtenir des infos en moins de cinq minutes.
Mais « que fait la police » dans vos récits ?
Dans le genre cosy mystery, la police, ou la gendarmerie pour Locmaria, est souvent rapidement dépassée. Cathie et quelques-uns de ses proches vont donc être amenés à prendre le relais, non sans agacer par moments les représentants de l’ordre.
Déjà plusieurs titres à ton actif : Savais-tu déjà qu’il s’agirait d’une série en écrivant ton premier opus ?
Dans mon esprit, c’était une évidence. Mais ce qui a été assez bizarre, c’est que je n’ai pas pu écrire le tome 2 avant d’avoir signé le contrat d’édition avec l’Archipel. Comme si j’avais besoin de savoir ce que Léopoldine deviendrait avant d’imaginer la suite de ses aventures.
Déjà plusieurs titres à votre actif : Saviez-vous déjà qu’il s’agirait d’une série en écrivant votre premier opus ?
Nous savions qu’il y aurait au moins trois titres. Chaque roman a sa propre enquête, qui est menée jusqu’au bout. Par contre, nous avons pris trois tomes pour faire évoluer les personnages et découvrir leurs secrets.
Que devient Léopoldine ? Quels sont tes projets littéraires à venir ?
En ce moment, je suis en pleine rédaction du tome 4 de « Bigoudis » (à paraître en octobre 2023) qui s’intitulera « Panique sous le sapin ». Entre deux aventures de Léo, je planche aussi sur une histoire plus sombre que je ne suis d’ailleurs pas sûre de terminer ni d’envoyer à mon éditrice. J’essaie juste de me prouver que je suis capable d’écrire autre chose. Un nouveau challenge que je trouve très stimulant.
Pour ce qui est des aventures de ma chère Léopoldine, elles dureront tant que ma maison d’édition me suivra et acceptera de les publier. Donc, ça peut encore durer très longtemps et c’est tout le mal que je me souhaite.
Que devient Cathie ? Quels sont vos projets littéraires à venir ?
Devant le succès de la série, nous avons donc écrit un quatrième tome qui permet à nos Bretons de visiter l’Alsace et ses marchés de Noël… Même si un meurtre vient s’inviter dans cette histoire. Il sortira au printemps. Et nous avons commencé à travailler sur le scenario du tome 5. Notre défi : garder le même enthousiasme pour donner le sourire à nos lectrices et lecteurs.
Sinon, écrire un nouveau thriller est toujours dans les projets de Jean, qui redeviendra Jacques pour l’occasion. Reste à s’accorder le temps de le créer.
Un immense merci à Naëlle Charles ainsi que Margot et Jean Le Moal de m’avoir accordé de leur temps, me permettant de vous offrir cette passionnante interview croisée et découvrir ainsi leurs univers respectifs comme leurs truculents personnages ! A présent c’est à votre tour de découvrir l’Alsace et la Bretagne en compagnie de Léopoldine et Cathie pour de trépidantes enquêtes !