Rencontre du Mal à l’état pur : “Triangle noir” de Niko Tackian, paru le 06 mars 2024 aux éditions Calmann Levy.
Le pitch : Tout se noue dans la forêt des Vosges, froide et sombre.
Loin sous les arbres, deux adolescents sont retrouvés morts, le corps marqué au fer par un triangle noir. C’est un message anonyme qui a alerté les autorités. La police criminelle de Strasbourg dépêche le commandant Max Keller, un flic discret et silencieux. Enfant, il était l’ami sur qui on peut compter, adulte il est devenu un enquêteur remarquable, connu pour son intégrité et sa persévérance.
Au nord de la même forêt, Pierre Martignas vit dans un chalet perdu. Considéré comme l’un des plus brillants criminologues de sa génération, il s’est coupé du monde depuis que sa dernière expertise s’est terminée en tragédie.
Le sort effroyable de ces deux adolescents va pourtant le sortir de sa retraite.
Ces deux combattants du Bien, Max le flic hors pair et Pierre l’expert, plongent chacun de leur côté dans cette affaire ténébreuse, avec pour seules armes l’intelligence, l’instinct et la détermination. Face à eux, un tueur ou des tueurs indéchiffrables, incarnant le pire de la nature humaine…
Longtemps Niko Tackian a été mon premier rendez-vous littéraire de l’année, lorsque ses romans paraissaient en janvier… Depuis l’an dernier, il me faut davantage patienter et j’ai même dû attendre les Quais du Polar cette fois-ci pour rencontrer l’auteur et obtenir mon précieux exemplaire dédicacé ! En mai, fais ce qu’il te plaît : Découvrir enfin ce “Triangle noir” était ma priorité !
Niko Tackian nous avait habitués à plus nuancé, usant de ses innombrables échantillons de gris pour mieux nous entourlouper. Toutefois l’auteur a choisi de trancher ici et nous plonge dans le noir absolu pour son nouvel opus.
Passé maître dans l’art du one shot, Niko Tackian nous invite au fin fond d’une forêt des Vosges pour y croiser les cadavres de deux jeunes suppliciés, marqués au fer rouge d’un triangle noir. Ce n’est là que le début d’une intrigue sombre et complexe, en plus d’être addictive et menée tambour battant avec une redoutable efficacité.
Sans aucun doute l’intrigue la plus sombre qu’il ait été donné à l’auteur d’écrire jusqu’ici, mais un tant soit peu éclairée par la volonté et la détermination que mettront certains personnages, fort bien campés au demeurant, à résoudre cette affaire. On pense évidemment au Commandant Max Keller, enquêteur au flair infaillible, aussi rigoureux que redoutable, dont la vie n’a de sens qu’à travers son métier. On songe aussi à Pierre Martignas, ancien criminologue et expert psychiatre, vivant reclus dans son chalet depuis le fiasco de sa dernière mission, mais dont les connaissances comme l’intelligence peuvent faire la différence en toutes circonstances. Ces deux-là ne le savent pas mais c’est le Mal qu’ils s’apprêtent à affronter.
A travers ses lignes, l’auteur n’épargne rien ni personne. Très vite l’ambiance se fait glauque et oppressante, la tension grimpe, les thématiques sont fortes et, si celles-ci auraient sans doute mérité d’être davantage exploitées, elles n’en demeurent pas moins très intéressantes tandis que l’intrigue est rythmée par des chapitres courts, servie par une plume fluide, dynamique et percutante, un style vif très visuel. Tant et si bien qu’on ne fait qu’une bouchée de cette lecture.
En bref, Niko Tackian nous offre son thriller le plus obscur en explorant les bas instincts de l’âme humaine en compagnie d’un enquêteur dont j’aimerais bien avoir quelques nouvelles… (Sait-on jamais !)