The place to read… Avec Wendall Utroi !

Vous le savez mes Bookinautes adorés, je suis toujours ravie de partir à la rencontre des auteurs, non seulement pour les découvrir ainsi que leur univers, mais aussi pour partager avec vous mes coups de cœur littéraires ! S’il n’est pas nouveau que j’affectionne tout particulièrement la plume de Wendall Utroi, il fallait absolument qu’on parle de son dernier roman, “Le courage des lâches“, tout récemment paru aux éditions La Trace. Adorable et talentueux, Wendall a très gentiment accepté de se soumettre à mon petit interrogatoire livresque et je l’en remercie vivement ! Ne me reste plus qu’à vous laisser découvrir ses réponses : Belle rencontre et bonne lecture !

Quel auteur es-tu ? Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour Aurélie, et bonjour aux lecteurs de la Gazette.
Je suis un auteur qui peine à se définir, mais apprenti forgeur d’émotions me plaît bien. Je m’imagine en tablier de cuir, dans une forge enfumée à marteler la douleur, ciseler le bonheur, chauffer à blanc l’empathie. Mais ce n’est qu’un rêve !
J’ai 60 ans, flic repenti et retraité. Je suis marié, père et grand-père pour mon plus grand bonheur. Je vis en Ardèche, au milieu de la nature, dans une grande maison qui aura ma peau. J’ai un chien, des poules, des cailles, trois ruches et un joli potager. Ah oui ! Aussi un chat, il nous mène par le bout du nez, mais on l’adore (saleté ! 😊).

Y a-t-il un livre/auteur qui t’a poussé à prendre la plume ? Quel a été ton déclic ?
Je vais en décevoir beaucoup. Je n’ai jamais, au grand jamais, pensé un jour devenir auteur. Aucune mention de cela dans ma panoplie de rêves, ni même dans ma liste d’envies. J’ai toujours griffonné deux-trois trucs, depuis l’enfance, mais par besoin personnel, pas par passion.
En réalité, avec le recul, je réalise que ce sont mes premiers lecteurs qui m’ont poussé à (juste) continuer d’écrire. J’ai sans doute mis plus de dix ans à boucler le premier roman, d’ailleurs sans savoir qu’il en deviendrait un.
Peu avant les années 2000, je rédigeais de petits textes sur des produits de consommation courante (yaourt, appareil photo, etc.) sur un site qui s’appelait TOLUNA, je ne crois pas qu’il existe encore. Si si, je vous jure !
Devant l’engouement pour les quelques lignes que je produisais et poussé par certains, je me suis lancé dans la section texte libre. Étrangement, malgré un manque de talent évident, malgré les nombreuses fautes, les lecteurs en redemandaient (Ils n’ont pas toujours bon goût, vous si ! ^^). Gargarisé par cette notoriété de bac à sable, j’ai publié des (trucs déguisés en) poèmes, des petites histoires et puis une nouvelle. Cette nouvelle s’est étoffée, toujours à la demande des lecteurs et, bien des années plus tard, elle est devenue mon premier roman.

Trois ans après la parution de ton dernier ouvrage, te voici — oserais-je le dire ? — ENFIN de retour en librairie avec « Le courage des lâches », tout récemment publié aux éditions La Trace : Peux-tu nous expliquer pourquoi il nous a fallu patienter si longtemps, et nous présenter cette petite maison d’édition par la même occasion ?
Je vais tenter de faire court. J’ai décidé de ne pas poursuivre ma route avec Slatkine & Compagnie, ma précédente maison d’édition, et j’ai envoyé « Le Courage des Lâches » à de nombreuses autres maisons, qui l’ont toutes refusé (difficile de faire plus clair ! 😊). Devant cet état de fait, et mes nombreuses autres priorités du quotidien, j’ai décidé de ranger cette histoire dans un tiroir. Histoire qui, au vu de la liste de refus digne d’un volumen romain, ne semblait plus digne d’intérêt. C’était sans compter sur la conviction et le pouvoir de persuasion de Caroline Vallat, une amie. Elle m’a demandé de la laisser chercher et, en novembre 2023, elle m’a indiqué que les Éditions La Trace aimaient énormément le roman et désiraient le publier (Je pense qu’elle leur a versé une obole !).
La Trace établit son siège à Toulon, c’est une petite maison très sélective dans ses textes. Elle publie Tom Noti, Bénédicte Rousset, Alain Cadeo et bien d’autres mais, pour vous faire une petite idée, rien de mieux que de visite leur site, voici le lien : https://www.editionslatrace.com.

Des années 1930 jusqu’à la Libération, des corons du Nord jusqu’au maquis du Vercors, tu nous invites à la rencontre de quelques gamins que les épreuves comme les aléas de la vie vont réunir pour en faire une bande d’amis qui vont grandir, trop vite mais ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Qui de l’intrigue ou de la bande à Bouboule s’est invité en premier dans ton imaginaire ? Comment t’est venue cette idée ?
Je le réalise en lisant ta question que je ne sais pas laisser une nouvelle sans suite !
La genèse du récit commence en 2019, lors de la parution d’un recueil qui s’intitulait « Tu souriras au Soleil » au bénéfice de l’association Les Enfants de Feu qui souffrent d’érythermalgie primaire. J’ai participé à ce livre avec un texte, « La Leçon », où l’on faisait la connaissance de Petit Pierre, Radek et Bouboule. J’avais été littéralement envoûté par ces personnages, et il me fut si difficile de les oublier que je leur ai donné une vie. La leur, en entier, pour qu’ils cessent de me harceler.
Le narrateur du roman se trouve être Petit Pierre, ce n’est pas un hasard, j’éprouve beaucoup de tendresse pour lui.

Si ce roman trouve la Seconde Guerre mondiale pour toile de fond, il s’agit bien davantage d’une histoire dans l’Histoire pour mieux véhiculer de belles valeurs, à commencer par l’amitié sans oublier l’altruisme et l’empathie, l’entraide et la solidarité, la résilience et l’abnégation : En avais-tu conscience ? Pourquoi avoir choisi de procéder ainsi ?
Tout est de la faute à la nouvelle ! C’est pas moi m’dame ! Je plaisante !
Oui, je voulais absolument parler d’amitié, de la façon dont elle se tisse, se noue, brûle, meurt et survit à tout. Je suis un homme naïf et optimiste, je crois en l’Homme même s’il m’a mille fois déçu.
Bien entendu, je partage l’idée que ces valeurs sauveront l’humanité. Je persiste et signe (naïf un jour, naïf toujours !).
Pour ce qui est du procédé, je pense qu’il s’est plus imposé à moi que je ne l’ai réellement maîtrisé. Certes, au fil des nombreuses relectures et réécritures, il s’est affiné, poussé aussi par une partie des lecteurs qui m’ont assisté et bousculé aussi. Je les remercie du fond du cœur. J’aime que l’on m’oblige à dépasser mes limites.

Au-delà de ces valeurs, cette intrigue est aussi faite d’actions émouvantes, de scènes éprouvantes, de choix qui ne sont pas toujours bons, de réflexions et d’introspection : Était-ce là l’un de tes objectifs en prenant la plume ? Pour quelle raison ?
Pour ce qui est de l’émotion, c’est un peu mon leitmotiv, donc pas de surprise, il fallait que le roman n’en soit pas dépourvu et, comme souvent, il faut éprouver le lecteur pour les déclencher, les actions me semblent le meilleur vecteur.
En revanche, l’introspection et la réflexion étaient nouvelles pour moi (à ce degré avancé) et ce fut un vrai challenge. Je me pose les mêmes questions que le lecteur sera amené à se poser, et je n’ai pas les réponses.
J’ai besoin de sujets qui m’émeuvent, me bousculent, m’interpellent : c’est ce que je cherche dans la lecture… Alors je tente d’offrir cela aux autres.

Ton roman vient de paraître… Mais as-tu déjà une idée pour tes prochaines pages ? Quels sont désormais tes projets littéraires et où pourrons-nous prochainement en discuter avec toi ?
Après une parution, il m’est souvent compliqué d’envisager d’autres personnages. J’ai toujours cette période où je me dis que je ne trouverais rien qui me fera vibrer autant que la dernière histoire. Cette fois, le roman ayant été écrit il y a plus de deux ans, j’avais l’esprit plus libre et, par le plus grand des hasards, une idée incroyable m’est venue.
Tous les magnifiques retours sur « Le courage des lâches » ont galvanisé mon imaginaire, je me dois d’offrir quelque chose d’encore mieux. C’est un moment étrange que la « gestation » d’un récit, j’ai besoin de vibrer, de ressentir, d’avoir les poils qui se dressent. Je suis d’habitude un auteur qui doute à outrance mais, cette fois, c’est différent, je sais que je tiens un truc incroyable, j’en suis persuadé.
J’ai donc entamé les premières recherches et j’ai le cerveau qui pétille. Le synopsis prend doucement forme dans ma tête, je n’en suis qu’au stade du balbutiement et je ne doute pas des surprises encore à venir…
Qu’adviendra-t-il de cette histoire ? Personne ne le sait encore, mais je vous fais une promesse, elle vous marquera le cœur et l’âme !
Concernant « ma vie sociale », je serai en dédicace dans ma région chez un ou deux libraires, quant aux salons, pour le moment je n’ai confirmé ma présence qu’à Collonges pour le salon du LàC près de Genève les 8 et 9 juin.

Question pêle-mêle : Quel est…
– Ton livre de chevet ? La dernière fois que j’ai lu au lit, j’avais dix ans, depuis j’arrive à me retenir ! Plus sérieusement, je crois qu’ils seraient l’un de ceux qui, enfant, m’ont fait pleurer (ils sont nombreux).
– Le livre qui cale ta bibliothèque ? Sans doute un des miens, j’ai trop de respect pour ceux des autres.
– Le livre que tu aurais rêvé d’écrire ? Je ne rêvais pas d’écrire, mais tu ne le savais pas ! ^^ Je dirais sans doute « Des Fleurs pour Algernon » de Daniel Keyes. Une histoire menée de main de maître, tout y est écrit avec finesse, sans effet de manche, de l’émotion bien entendu et aussi beaucoup d’humanité.
– Ta lecture en cours ? Avec les travaux à la maison, je me suis lancé le défi de ne lire que de petits livres. J’aime énormément Tolstoï et ma culture littéraire est loin de me satisfaire. Je lis « La mort d’Ivan Ilitch », magique. Tolstoï a le don de m’embarquer et je crois que nul autre ne se posait autant de questions sur ce qu’est la vie. Un paradoxe quand on lit ce titre.

Si tu devais comparer ta vie à un roman, lequel serait-ce ?
J’ai cru qu’il n’y en avait aucun, mais en y songeant mieux… Sans doute Don Quichotte ! Non, je ne milite pas pour la suppression des éoliennes, la raison m’appartient ! 😊

Un petit mot pour la fin ?
Merci infiniment pour ton invitation et ta passion pour les livres. Merci à tous les lecteurs. Les histoires ne prennent vie que lorsqu’elles sont lues, ne les laissez pas seules.
Amitiés,
Wendall.

C’est moi qui te remercie du fond du cœur, pour ta confiance et ta bienveillance, pour ton inspiration et ta passion ! A présent mes Bookinautes adorés, il vous faut absolument plonger dans “Le courage des lâches” si vous ne l’avez pas encore bouquiné !

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