Un thriller aussi éclairant qu’effrayant : “La Menace” de Niko Tackian, paru le 05 mars 2025 aux éditions Calmann Levy.
Le pitch : Pour elle, la menace, c’est cet homme qui la séquestre. Pour lui, la menace, c’est cette femme qui ne l’aime pas. Et pour nous tous ?
Dans un hôpital du sud de la France, Julien reprend conscience, ayant tout oublié de ce qui l’a conduit là, mais mû par une certitude : Chloé, sa femme, court un grand danger. Il doit lui venir en aide.
Chloé, elle, se souvient de tout, depuis son enlèvement devant un centre commercial jusqu’à son réveil dans cet appartement factice, sans porte, aux fenêtres murées, entièrement équipé pour la vie de couple.
Son seul contact avec l’extérieur, un homme masqué qui lui explique qu’il va faire d’elle sa femme parfaite.
Grondant autour d’eux, la menace est bien là. Mais quelle est-elle ?
Un thriller glaçant aux retournements magistraux après lequel vous ne verrez plus le monde de la même façon.
Toujours prête à découvrir un nouveau titre de Niko Tackian, je me suis évidemment procurée celui-ci dès sa sortie, le faisant d’ailleurs dédicacer à son auteur lors de la soirée de la Ligue de l’Imaginaire le 21 mars dernier… Mais encore une fois, ce début d’année ne m’a pas épargnée et, si je suis actuellement prise d’une véritable boulimie littéraire, c’est sans aucun doute pour rattraper ce début d’année plus chaotique, durant lequel j’ai beaucoup moins bouquiné. Toujours est-il que j’ai souvent entendu Niko Tackian parler de son livre à l’occasion de différentes tables rondes, aussi je savais à quoi m’attendre… Pour autant, je ne m’attendais pas à ce que “La Menace” soit si réelle, si ahurissante et si actuelle. C’est à ce moment que la chronique se corse, puisqu’il me faut vous expliquer sans spoiler !
Fort d’un remarquable travail de recherche et de documentation aux fins d’appréhender le sujet dans toute son ampleur, Niko Tackian évoque les “Incels”, autrement dit ces hommes qui véhiculent une idéologie radicalement misogyne, pouvant conduire ses adeptes jusqu’au drame, jusqu’au crime.
Pour aborder cette thématique inédite, effroyablement moderne alors qu’on pourrait la penser d’un autre temps, méconnue et pourtant répandue, l’auteur nous entraîne sans délai au cœur d’une intrigue à la structure narrative audacieuse, machiavéliquement pensée et minutieusement orchestrée en plus d’être menée à un rythme effréné. Bien vite le lecteur se laisse happer, bringuebaler et manipuler, aucun répit ne lui est accordé, de plus en plus sidéré au gré des rebondissements et révélations, éberlué par le dénouement quand il comprend enfin dans quel piège il s’est laissé enfermer.
Bien que n’ayant pas eu d’atome crochu avec les personnages, à l’exception (peut-être) de Chloé, force est de constater qu’ils font tout le sel de cette histoire. Ceux-ci se révèlent fort bien dépeints et servent à merveille l’atmosphère toujours plus sombre et angoissante qui nous oppresse au fil des pages, qui nous étouffe au fil des chapitres. De façon insidieuse et sournoise, la tension se fait toutefois certaine et ne cesse de grimper pour nous faire douter, vaciller, chuter. On sent, ressent le danger sans jamais l’identifier tout à fait avant qu’il nous clairement révélé. C’est d’autant plus glaçant que, si le sanatorium s’avère bel et bien un lieu sinistre, dans lequel il ne fait pas bon déambuler, ce n’est pas ce qu’il y a de plus inquiétant dans ce roman.
Porté par une plume fluide, incisive et redoutablement efficace, soutenu par un style vif et percutant, le récit n’en est que plus prenant, palpitant et la lecture rapide en plus d’être enrichissante et alarmante.
En bref, Niko Tackian alerte et avise à travers ce thriller psychologique complètement fou et terriblement intense. Un lecteur averti en vaut deux, ne l’oubliez pas…
