A rentrée exceptionnelle… Invitée exceptionnelle ! Alors que l’été pointait le bout de son nez, j’avais le privilège immense de participer au Festival du Grand Prix des Lectrices Elle : Une après-midi littéraire magnifiquement orchestrée par la très inspirante Olivia de Lamberterie à l’issue de laquelle nous découvrions les heureux lauréats de cette nouvelle édition… Parmi eux ? Camilla Grebe dans la catégorie polar ! L’évènement m’a donné l’occasion d’échanger quelques instants avec cette talentueuse autrice – en compagnie de mon auteur Chouchou Olivier Norek-, ce qui m’a permis de lui dire à quel point j’avais apprécié son dernier roman, “L’énigme de la stuga“… Me conduisant dès lors à tenter l’impossible : La solliciter pour une petite interview ! Une demande à laquelle elle m’a fait l’honneur et le plaisir de répondre favorablement, j’en profite donc pour la remercier vivement de m’avoir offert cette chance et vous laisse à présent découvrir notre échange, très gentiment traduit par mon amie Camille qui a toute ma gratitude et ma reconnaissance éternelle ! Belle découverte et bonne lecture !
Quelle autrice êtes-vous ? Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis une autrice qui aime et a toujours aimé la littérature policière, les thrillers. Même lorsque j’étais enfant, je lisais des romans policiers (et ce n’était pas toujours une bonne idée, vu qu’ils m’effrayaient !). Je me sens réellement chanceuse de pouvoir travailler de ma passion.
« L’énigme de la stuga »… Un nom pas banal pour un roman passionnant : comment s’est-il imposé à vous ?
En fait ce titre est seulement dédié à la France et je n’en suis pas à l’origine. Le titre originel est « Welcome to Eternity ». Dans le monde l’édition, il n’est pas rare pour les maisons d’éditions de décider d’un titre qui présentera au mieux le livre selon le pays. Et c’est ce qui s’est passé ici. Cependant, je dois avouer que le titre en Français me plaît assez. Cela me paraît intrigant tout en soulignant qu’il s’agit d’un roman scandinave.
Qui de l’enquête ou de ses protagonistes s’est invité en premier dans votre imaginaire ?
Avec ce roman, tout a commencé avec une question : que feriez-vous si vous saviez que l’un de vos enfants avait commis un crime, mais que vous ne saviez pas lequel l’avait perpétré ? Les aimeriez-vous toujours autant ? Ressentiriez-vous de la haine, sans même savoir lequel est coupable ? Préféreriez-vous savoir exactement ce qu’il s’est passé ou, au contraire, absolument pas ? Comment cela affecterait votre vision du monde, de la parentalité, du mariage ? J’ai construit toute l’intrigue et l’évolution des personnages autour de cette question-clé.
Pourquoi avoir choisi de revisiter le huis clos et plus particulièrement le principe du crime en huis clos ?
A la base, je n’avais pas l’intention d’écrire un huis clos. Je voulais écrire quelque chose entre un drame familial et un roman policier. Mais quand l’intrigue fut enfin prête et le synopsis finalisé, il m’est venu à l’esprit que je pouvais en faire une intrigue à huis clos. Après m’être un peu plus renseignée sur le sujet, j’ai décidé d’en faire un élément à part entière. J’étais vraiment attirée par une approche moderne d’un thème assez classique.
Au-delà de l’intrigue elle-même, c’est aussi la construction narrative qui se révèle tout à fait originale et intéressante : d’où vous est-elle venue ? Comment l’avez-vous travaillée ?
Le processus créatif est assez compliqué à décrire. J’aimerais pouvoir dire que c’est assez linéaire mais ça ne l’est pas. Une idée en entraîne une autre qui en entraîne une autre, ainsi de suite. Tout en écrivant et développant l’histoire, je n’ai eu de cesse de changer, d’essayer plusieurs façons de dire les choses, de donner différentes voix aux personnages, d’utiliser différentes temporalités… C’est un processus constant.
Une intrigue qui aborde aussi des thématiques fortes, qui semblent vous être chères au fil des romans… En aviez-vous conscience ?
Oui, absolument ! J’ai assez tendance à travailler sur la culpabilité, le préjudice, l’identité, la traîtrise… Souvent à l’intérieur même d’une entité familiale. J’adhère assez à l’idée que la personne qui pourrait vous causer le plus de tort n’est pas un dangereux serial killer mais une personne qui vous est proche. J’aime travailler sur l’aspect psychologique, bien davantage que sur la violence physique !
A travers ce roman, vous n’êtes pas tendre, mais pourtant clairvoyante, avec le monde de l’édition : pourquoi avoir choisi d’en parler dans ce roman ?
Le monde de l’édition est vraiment particulier. J’en ai fait partie pendant quasiment quinze ans, et j’ai pensé que ça constituerait une excellente toile de fond pour un roman. Il est bien évident que je ne décris pas d’auteurs ni d’éditeurs existants dans ce roman. Néanmoins, mes personnages ont tous été inspirés par des personnes que j’ai pu rencontrer tout au long de ma carrière. Cette partie de l’écriture m’a vraiment beaucoup amusée et, en plus, je n’ai pas eu de recherches à faire ! 😊
Vous avez récemment reçu le Grand Prix des Lectrices Elle pour ce titre : quel effet cela fait-il de voir son roman ainsi récompensé ?
C’est juste incroyable. Je serai éternellement reconnaissante envers mes lecteurs français, ma maison d’édition Calmann-Lévy et le Magazine Elle. Cela a également une saveur particulière de recevoir une telle distinction en France, pays connu pour son amour de la littérature. Je me sens d’autant plus honorée que cette récompense est un Prix des lecteurs. Après tout, j’écris pour eux : Sans mes lecteurs, je ne serais pas romancière.
Un prix décerné par un lectorat français : cela ne met-il pas une certaine pression pour la suite ?
Je suis de ces personnes qui se mettent toujours la pression, donc oui évidemment il y a une certaine pression. Mais pour le moment, c’est la joie qui domine !
Et maintenant, avec qui comptez-vous nous emmener pour votre prochaine intrigue ? Quels sont vos projets littéraires ?
Pour le moment, je suis « entre deux livres ». En réalité, c’est le moment où je viens de publier un livre et je suis parée pour commencer à travailler sur le suivant. Il m’arrive de faire de longues marches pour réfléchir à ce que je vais écrire, à comment construire une intrigue et des personnages. Je lis également beaucoup, de la fiction et des romans policiers mais pas seulement. Si tout va bien, je pense commencer à écrire cet automne.
Il nous tarde désormais de découvrir dans quelle sombre aventure Camilla Grebe va bientôt nous embarquer ! Encore une fois je remercie du fond du cœur cette formidable romancière d’avoir pris de son temps pour répondre à mes petites questions indiscrètes ! A présent je vous invite à découvrir sans tarder “L’énigme de la stuga” si vous ne l’avez pas encore fait !